- Mas provençal
-
Mas (construction)
Pour les articles homonymes, voir Mas.Un mas est une ferme de certaines régions du sud de la France (Provence, Languedoc, Roussillon). Le mas est lié à la vie économique rurale. Il est aujourd'hui transformé en maison de villégiature dans certaines régions.
Sommaire
Étymologie
La racine de l'occitan mas est le latin mansus, participe passé de maneo, séjourner (demeurer, rester), qui est aussi à l'origine de « maison » (mansio, onis : le terme « mas » dérive de l'accusatif singulier « mansionem » en raison de l'abandon des autres cas fors le nominatif dans le bas latin), « manoir » et « manant » (en plus de l'ancien français « mes », meis, mais).
Dès le début, le terme paraît s'être appliqué aux locaux d'habitation et aux bâtiments à vocation agricole, auxquels s'ajoutent les dépendances telles que jardin, cour et verger.
Le droit seigneurial donna un sens plus étendu à mansus que les historiens rendent par le terme de « manse » : le mansus était l'unité d'exploitation imposable, c'est-à-dire la superficie agricole exploitée (champs, prés, vignes)[1].
À la fin du bas Moyen Âge (XVe siècle), dans les montagnes de la Basse-Auvergne (~Sud Aveyron actuel), certains mas s'étaient agrandis pour former un hameau (à ne pas confondre avec la commune). Ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle qu'on les a donc appelés hameau.
Dans le Quercy, le Cantal, en Limousin et en Périgord, aux XIVe-XVIIIe siècles, le mot a aussi le sens général de hameau, d'ancienne communauté possédant en indivis. Le mot a donné de nombreux lieux-dits.
Par transposition, le nom a été donné à des constructions plus récentes, en Provence en particulier [2].
Description
Au sens large, le mas est un ensemble de terres et de bâtiments d'habitation et d'exploitation à vocation agricole dont les produits (blé, légumes, fruits, animaux pour la viande, œufs, plumes, etc.) sont destinés principalement à la vente et dans une bien moindre mesure à la consommation sur place.
Au sens restreint, le mas se limite aux bâtiments d'habitation et d'exploitation.
Le mas en Provence
En Provence, toutes les fermes n'étaient pas des mas. Ceux-ci diffèrent des bastides, qui étaient pour la bourgeoisie.
Le mas a presque toujours une orientation au sud, offrant ainsi une protection contre le mistral. Les ouvertures sont absentes au nord et plutôt étroites ailleurs afin de se protéger de la chaleur en été et du froid en hiver. Le mas est d'ampleur variable mais présente presque toujours un volume parallélépipédique et un toit à deux pentes.
Parmi les différentes formes de cette construction, les plus caractéristiques sont :
- Le mas du Luberon, qui a la forme d’un pavé droit (rectangle) avec quelquefois un retour en L. Il a généralement un étage sur rez-de-jardin (voire parfois deux étages). En bas étaient disposées les pièces servant aux bêtes et à la cuisine à cause des dégagements de chaleur. Un escalier, souvent central, permet d'accéder à un couloir (disposé au nord) qui distribue sur les chambres. On trouve aussi, à l'étage, les pièces de stockage pour le fourrage, le grain, etc.
- Le mas camarguais ressemble plus à une hacienda avec de grands volumes, des murs plutôt blancs, une cour intérieure et des bâtiments en U comprenant habitations et écuries.
La plupart des mas de Camargue s'échelonnent le long des bras du Rhône (pour avoir de l'eau potable, autrefois). Ils sont en général édifiés sur un léger bombement de terrain. Ils occupent toujours le centre du domaine.
En Camargue, on distinguait le grand mas d'exploitation agricole, équipé d'un chai, d'un hangar à fourrage, d'une bergerie, et le mas de taureaux, ou mas de manade, résidence d'un éleveur. Décrit par D'Elly en 1938[3], le mas de manade est un bâtiment le plus souvent rectangulaire, blanchi à la chaux, abritant le logement du maître et composé d'une salle commune, à laquelle est attenante la cuisine. A gauche ou à droite en entrant, un escalier droit monte au premier étage, occupé par les chambres. La remise ou écurie est généralement contiguë à l'habitation ; au dessus, se trouve le grenier à foin. Bien souvent un pigeonnier en forme de tour ronde ou carrée, domine la toiture à deux pentes, couvertes en tuiles romaines. Le mas de manade est ouvert à tout venant, il n'y a pas de clôture. Devant le mas se dressaient les cabanes des gardians, ouvriers agricoles chargés de garder les taureaux.
Le mas en Rouergue
Dans le sud du Massif Central, où l'agriculture est prédominante (causse du Larzac, vallée de la Dourbie, vallée du Durzon), quantité de fermes en activité portent la dénomination de mas. Parfois, l'extension du terme à un hameau, voire à un petit village, dans cette région de Midi-Pyrénnée, relève d'un phénomène démographique ancien où la ferme, prenant de l'importance, a provoqué une cristallisation urbaine autour d'elle[4].
Il n'est pas rare d'y trouver encore les descendants de ceux qui ont bâti ou agrandi le mas familial au fil du temps.
Matériaux
S'il est un bâti où l'uniformisation et la caricature fait son chemin, c'est bien ce type de construction banale mais représentative du savoir-faire des artisans de jadis (maçons, charpentiers, couvreurs, etc.). Bon nombre de mas voient maintenant leurs murs déshabillés de leurs enduits, grattés, leurs pierres mises à nues et jointoyées avec toutes sortes de mortiers modernes colorés qui asphyxie les murs. Ceux-ci se dégradent et l'ambiance à l'intérieur de la maison devient glaciale et propice aux rhumatismes. Les volets à cadre recouverts de gris, de vert ou de bleu charron ou charrette ont souvent fait place à des menuiseries avec renfort en Z recouvert de « bleu lavande ».
Un mas est bâti avec les matériaux disponibles sur les terres de l'exploitation. Les pierres sont prélevées sur les tas d'épierrement des champs retournés. Le mortier n'est que de la terre minérale parfois additionnée de chaux éteinte sur place. les arbres abattus, équarris puis mis en place dans les deux années qui suivent pour éviter toute tension dans cette maçonnerie souple qui va prendre son assise pendant plusieurs mois.
L'enduit intérieur composé de terre sablo-argileuse est appliqué puis serré à la taloche de bois. Il a sa raison d'être dans la lutte contre les rongeurs, vermine en tout genre et le froid. Il est chaulé chaque année par les familles les plus soigneuses. Les murs se comportant comme du sucre posé sur un peu de liquide, de l'eau aspirée depuis le sol est donc présente naturellement dans ce type de maçonnerie.
Un soin particulier est porté à l'enduit extérieur. Il a la propriété de ne pas faire barrage à l'évaporation de cette eau. Il est composé de sable, de terre et de chaux pour éviter toute dégradation de la pierre par le gel et la transmission du froid sur des murs sinon détrempés par la pluie et les remontées capillaires.
Dimensions
La taille d'un mas varie en fonction de la richesse et du nombre de ses occupants originaux : de 150 à plus de 1000 m², y compris dépendances (paillers, granges, etc.). Plus la famille s’agrandissait ou achetait d’équipements, plus le mas s’allongeait.
Les murs des mas proches de la rivière de la Durance sont faits de galets, ceux de Gordes de pierres calcaires et ceux de Roussillon de pierres rouges (ocrées).
Les mas de Provence sont assez recherchés et souvent transformés en maisons de villégiature.
Livres
Habiter en Provence étant à la mode, la moindre construction à la campagne est souvent aujourd'hui désignée à tort sous le vocable de « mas » par certains vendeurs. Le vocable « mas de ville » est également employé. On consultera utilement sur le sujet la thèse de Roger Livet Habitat rural et structures agraires en Basse-Provence et l'ouvrage de Jean-Luc Massot Maisons rurales et vie paysanne en Provence.
Le livre Une année en Provence de Peter Mayle en 1993 a beaucoup contribué à faire connaître le nom de cet élément d'architecture très particulier. Le bâtiment dont cet auteur parle dans son livre est en fait non pas un vrai mas, mais plutôt une ferme fortifiée.
Notes et références
- ↑ Cf. Jacques Astor, Dictionnaire des noms de familles et noms de lieux du Midi de la France, Editions du Beffroi, 2002, p. 477 (Mas)
- ↑ Cf. Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Fayard,1997.
- ↑ (d')Elly Rul, La Camargue gardiane, Michel Delaveau, Paris, 1938, 165 p., en part. pp. 28-31
- ↑ L'abbé Vayssier, dans son dictionnaire du patois rouergat, donne « Mas, hameau, petit village où il n'y a que quelques maisons, parfois une seule ».
- Portail de l’architecture et de l’urbanisme
- Portail de la Provence
Catégories : Provence | Architecture vernaculaire | Style de maison
Wikimedia Foundation. 2010.