- Marlaine cacouault-bitaud
-
Marlaine Cacouault-Bitaud
Marlaine Cacouault-Bitaud est sociologue et maître de conférences en sciences de l'éducation à l'Université Paris V. Ses travaux portent sur la construction du métier d'enseignant, sur le déroulement de ses carrières en relation avec la vie familiale et, en particulier, sur la masculinisation puis la féminisation du corps professoral qui en ont découlé. Chercheuse rattachée à l'UMR CSU (Cultures et sociétés urbaines), elle s'intéresse plus généralement aux rapports sociaux de genre dans les professions exigeant des diplômes d'études supérieures.
Sommaire
Ascension sociale et sacrifice de la vie privée
Marlaine Cacouault-Bitaud a effectué une étude sur la carrière et la vie privée des enseignantes des lycées au XXe siècle en s'appuyant sur des enquêtes par questionnaires et des entretiens biographiques réalisés entre 1979 et 1981 et dans les années 1990. Elle retrace la longue marche des femmes dans une profession longtemps réservée aux hommes dans son livre Professeurs... mais femmes [1]. Elle y montre notamment comment, au début du XXe siècle, le professorat des femmes allait souvent de pair avec leur célibat. Ainsi, 70 % des femmes professeurs qui ont pris leur retraite avant 1935 étaient célibataires en fin de carrière, ce qui était nécessaire selon elles pour réussir ce qui représentait à l'époque une forte promotion sociale dans un monde d'hommes. "Je ne me suis jamais mariée, dit une professeur de philosophie qui a commencé à enseigner dans les années 1930 [...] Tant pis, je n'ai jamais pensé choisir entre ma vie professionnelle et laver la vaisselle."
Inversement, après la démocratisation de l'enseignement secondaire et les recrutements de masse des professeurs dans les années 1950-1970, tout change : la profession s'est dévalorisée et les enseignantes sont devenues de plus en plus majoritaires dans les lycées. A partir de ce moment, les femmes ont eu moins besoin d'être célibataires pour progresser dans la carrière enseignante. Au contraire, les horaires et les vacances des enseignantes devenant très intéressants pour les carrières de leurs éventuels compagnons (car ils permettent de reproduire plus aisément l'attribution privilégiée des tâches domestiques aux femmes), elles sont devenues meilleures à marier. Le constat de cette inversion permet de rejoindre les conclusions tirées par François de Singly dans son livre Fortune et infortune de la femme mariée : le mariage est clairement un atout pour les hommes mais un désavantage pour les femmes (dans la vie professionnelle tout au moins).
Notes et références
- ↑ Voir la critique du Monde Marlaine Cacouault-Bitaud : femme et professeur, un sacerdoce
Bibliographie
- (2007) Professeurs... mais femmes - Carrières et vies privées des enseignantes du secondaire au XXe siècle, La Découverte, 320 p.
- (2005) "La mixité : de l'école à la sphère publique et au monde du travail", in Margaret Maruani, Femmes, genre et sociétés, l'état des savoirs, Paris, La Découverte, pp. 381-388.
- (2003 rééd. de 2001) (avec Françoise Oeuvrard) Sociologie de l’Education, Paris, La Découverte, Coll. Repères, 122p.
- (2003) "La sociologie de l'éducation et les enseignants", in Jacqueline Laufer, Catherine Marry, Margaret Maruani (dir.), Le travail du genre. Les sciences sociales du travail à l'épreuve de la différence de sexe, La Découverte, "Recherches", pp. 163-180.
- (2001) (codirection avec Anne Muxel) Les jeunes d’Europe du Sud et la politique. Une enquête comparative France, Italie, Espagne, Paris, L’Harmattan, 287 p.
- (2001) "La féminisation d’une profession signifie-t-elle une baisse de prestige ?", Travail, genre et sociétés, n° 5, , pp. 93-115.
Liens externes
- Portail de la sociologie
Catégories : Sociologue français | Enseignant de l'Université Paris V
Wikimedia Foundation. 2010.