- Marge de sécurité
-
Coefficient de sécurité
Les coefficients de sécurité sont des paramètres permettant de dimensionner des dispositifs.
Lorsque l'on conçoit un dispositif, il faut s'assurer qu'il remplisse ses fonctions en toute sécurité pour l'utilisateur. Il faut pour cela connaître la charge à laquelle il sera soumis. Le terme « charge » est utilisé de manière générale : puissance électrique pour un circuit électrique, force pour un dispositif mécanique, … Cela mène au dimensionnement du dispositif : choix de la section du fil débitant le courant, section de la poutre supportant la structure, …
Mais la connaissance des charges normales en utilisation ne sont pas suffisantes : il faut prévoir la possibilité d'une utilisation inadaptée : imprudence de l'utilisateur, surcharge accidentelle ou prévue, défaillance d'une pièce, événement extérieur imprévu, … On utilise pour cela un coefficient de sécurité, noté habituellement s[1] :
- soit on l'utilise avant le calcul de dimensionnement :
- en multipliant la charge en fonctionnement par s, ou bien
- en divisant la charge maximale admissible par s ;
- soit on l'utilise après le calcul, en multipliant ou en divisant le résultat dans le sens d'une plus grande sécurité.
Les coefficients de sécurité sont définis par les « règles de l'art » pour chaque domaine, éventuellement codifié dans des normes. Il est supérieur ou égal à 1, et est d'autant plus élevé que le système est mal défini, que l'environnement est mal maîtrisé.
On utilise aussi parfois la marge de sécurité qui vaut s - 1.
Sommaire
Application générale
Un dispositif est conçu pour avoir une charge Cc donnée ; le terme charge peut désigner une intensité de courant pour un conducteur électrique, un poids que doit supporter une structure ou lever une grue, une cadence de production d'une machine, la ou la température pression à laquelle doit résister un réservoir, une tuyauterie, … On parle de « charge de conception » (design load). Cette charge est nécessairement supérieure ou égale à la charge spécifiée dans le cahier des charges Cs (specified load). Le coefficient de sécurité (design factor) est défini par :
- .
La marge de sécurité, désigne quant à elle la proportion de charge qui excède la spécification :
- .
La charge de conception doit être inférieure ou égale à la charge ultime Cu, qui est la charge provoquant une dégradation du système. Entre la charge de conception et la charge ultime, le système n'est plus fonctionnel (ses performances ne sont plus garanties) mais il n'y a pas encore d'accident. On peut ainsi définir un facteur ultime (factor of safety) :
- .
On peut ainsi définir un facteur de conception Cu/Cc et une marge de conception Cu/Cc - 1, qui mesurent la prudence de la conception — on prend volontairement une exigence excessive (Cc < Cu). Une conception avec un facteur de conception élevé est qualifiée de « conservative » ; cet excès de prudence peut mener à du surdimensionnement, c'est-à-dire à des pièces ayant un coût et une masse excessif par rapport à ce qui est requis. À l'inverse, un facteur de conception faible implique un contrôle qualité plus exigeant, puisque l'on travaille avec peu de marge.
Application en mécanique
Valeurs du coefficient
En mécanique — au sens large : chaudronnerie, structures métalliques, génie mécanique (conception de mécanismes), automobile, … —, on utilise typiquement les coefficients indiqués dans le tableau suivant.
Coefficients de sécurité typiques[2] Coefficient de sécurité s Charges exercées sur la structure Contraintes dans la structure Comportement du matériau Observations 1 ≤ s ≤ 2 régulières et connues connues testé et connu fonctionnement constant sans à-coups 2 ≤ s ≤ 3 régulières et assez bien connues assez bien connues testé et connu moyennement fonctionnement usuel avec légers chocs et surcharges modérées 3 ≤ s ≤ 4 moyennement connues moyennement connues non testé mal connues ou incertaines mal connues ou incertaines connu Par exemple,
- pour les appareils de levage industriels (manipulation par un opérateur professionnel, formé et sensibilisé) : s = 1,5 ;
- matériel routier : s = 3 ;
- ascenseur (transport du public) : s = 10.
Utilisation du coefficient
Le dimensionnement des structures se fait en trois parties :
- modélisation du système, en particulier des liaisons entre les pièces, ce qui va définir le type d'effort auquel chaque pièce va être soumise ;
- calcul des efforts auxquels sont soumis les pièces : calcul de statique ou de dynamique ;
- calcul des efforts internes à la matière, pour vérifier que la pièce va résister : résistance des matériaux.
Prenons l'exemple d'une sollicitation en traction. L'effort interne que subit la matière est représenté par la contrainte σ (sigma), et l'effort maximal que peut subir le matériau sans se déformer de manière irréversible est la limite élastique Re. La condition de résistance est :
- .
On définit la « limite pratique à l'extension » Rpe comme étant :
- ;
Rpe intègre le coefficient de sécurité. La condition de résistance est donc :
- σ ≤ Rpe.
Dans le cas d'une sollicitation en cisaillement, l'effort interne que subit la matière est représenté par la cission τ (tau), et l'effort maximal que peut subir le matériau sans se déformer de manière irréversible est la limite élastique au cisaillement Reg. La condition de résistance est :
- .
On définit la « limite pratique au glissement » Rpg comme étant :
- ;
Reg intègre le coefficient de sécurité. La condition de résistance est donc :
- τ ≤ Rpg.
Les limites élastiques Re et Reg sont des données du matériau, établies par des essais mécaniques. La valeur de Re est tabulée pour les matériaux les plus courants, et pour les métaux, la valeur Reg vaut
(voir l'article Cercle de Mohr). Le coefficient de sécurité s dépend du domaine, comme explicité précédemment.
Pour les états de contrainte plus complexes, on calcule une contrainte équivalente σe à par tir du tenseur des contraintes, et l'on vérifie que
- σe ≤ Rpe.
Notes
- ↑ dans le formulaire distribué pour le baccalauréat professionnel en France, on le note n, pour éviter a confusion avec l'aire de la section droite notée S
- ↑ J.-L. Fanchon, Guide de mécanique — Sciences et techniques industrielles, Nathan, 2001, p. 274
Voir aussi
Catégories : Conception | Cindynique - soit on l'utilise avant le calcul de dimensionnement :
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