- Manuel d'Epictète
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Manuel d'Épictète
Le Manuel d'Épictète est un ouvrage compilé par Arrien (95-175) et rapportant la doctrine du philosophe stoïcien Épictète (50-127). Son premier principe est de n'attacher d'importance qu'à ce qui dépend de nous. Or beaucoup de choses n'en dépendent pas complètement. Ce qui dépend véritablement de nous, c'est la représentation que nous nous faisons des choses. En les contrôlant, nous devenons libres. Toutes les autres idées du Manuel dérivent de ce principe premier. L’ouvrage se clôt par des citations d’auteurs grecs célèbres, destinées à se remémorer rapidement les principes du Manuel.
Principes du Manuel
- Parmi les choses qui existent, les unes dépendent de nous, les autres non. Les choses qui dépendent de nous sont libres, les autres sont dans un état d’impuissance.
- Penser que les choses qui ne dépendent pas de nous en dépendent, nous condamne à rencontrer des obstacles et par conséquent à nous rendre malheureux. Celui qui ne s’occupe que de ce qui dépend de lui connaît le bonheur et ne subit plus aucun dommage qui pouvant lui nuire.
- La représentation pénible n’est que pure représentation. Elle dépend de nous. Son objet, lui, ne dépend pas de nous : il ne nous concerne donc pas. Or ce qui nous trouble n’est pas l’objet mais le jugement que nous portons sur lui. Ainsi, nous sommes responsables de notre trouble quand celui-ci existe.
- Avant d’effectuer une action il faut se mettre à l’esprit ce qu’elle est.
- La seule chose qui soit réellement nôtre, dont nous puissions être fier, c’est l’usage des représentations.
- Les objets auxquels nous nous attachons sont des dons provisoires, la mort les reprendra. Il faut les considérer comme un cadeau des dieux et en profiter alors que nous en avons le droit, mais point nous apitoyer sur leur perte.
- Il faut accepter ce qui arrive tel qu’il arrive, sans l'avoir désiré a priori : ainsi, on est heureux.
- La maladie est une gêne pour le corps mais pas pour le choix de vie philosophique. Il est préférable de mourir de faim en ayant vécu en philosophe, par la maîtrise des représentations, que d’avoir le ventre plein et d’être triste.
- Il faut supporter de paraître sot aux non philosophes.
- On peut vouloir ce qui est à notre portée. Ce qui dépend de l’autre, le vouloir nous rend serviles.
- Face à quelqu’un qui est dans la douleur, il faut compatir en mots mais pas en cœur, garder la maîtrise de nos représentations pour ne pas sombrer avec lui. Ce qui afflige cet homme est sa représentation, non l’évènement, mais il ne le sait pas.
- On ne choisit pas son rôle dans le drame de la vie, il nous est donné par plus grand que nous. Ce que nous pouvons faire c'est de ce rôle notre mieux possible.
- Est invincible celui qui ne se lance que dans les combats où la victoire ne dépend que de lui.
- La seule voie de la liberté est le mépris des choses qui ne dépendent pas de nous.
- Quand quelqu’un t’irrite, sache que c’est ton jugement de valeur qui t’irrite.
- Il faut s’habituer à penser aux choses que l’on croit redoutables.
- La place du philosophe dans la cité est d’être un modèle de vertu, non d’y briller par les charges qu’il atteint.
- Nous devons réagir face à nos malheurs comme s’ils arrivaient à autrui.
- De même qu’on ne met pas en place une cible pour les erreurs de tir, il n'y a pas de nature du mal.
- Les choses qu’il convient de faire se mesurent en fonction de la relation par rapport à l’autre.
- Il faut considérer que les dieux existent et qu’ils gouvernent le monde d’une façon juste. Ainsi, on ne les blâme pas. Celui qui tente d’atteindre ce qui ne dépend pas de lui blâmera nécessairement les dieux.
- Il faut recourir à la divination pour les cas où la raison ne nous révèle rien. Mais qui se soucie de l’avenir puisque le seul bien dépend de nos réactions ?
- Il faut garder le silence autant que possible, ne s’exprimer qu’en peu de mots.
- Il faut éviter la fréquentation des non philosophes, on risque d’en ressortir corrompu.
- Il ne faut satisfaire les besoins du corps que dans la limite du nécessaire. S’y attarder est la marque du non philosophe, il faut s’y adonner comme quelque chose d’accessoire.
- Si quelqu’un dit du mal de nous, dire qu’il n’en dit pas autant que s’il savait tout de nous.
- Il ne faut pas avoir peur des puissants : ils ne peuvent rien contre la liberté du philosophe.
- Avant un plaisir, il faut se méfier de la représentation, se représenter le poids du regret d’y avoir cédé et en contrepartie le caractère éphémère de ce plaisir. Si le plaisir paraît toujours tentant, on peut alors s’y adonner.
- Ne pas craindre les critiques des non philosophes. Leur jugement est sans valeur si l’on pense avoir bien agi.
- Assumer un rôle au dessus de ses capacités, c’est se rendre ridicule mais aussi négliger notre rôle.
- Quand quelqu’un commet un outrage envers nous, se dire qu’il l’a jugé bon. S’il s’est trompé, c’est lui qui en souffre.
- Impossible de déterminer si autrui agit bien ou mal avant de connaître les motifs de son action.
- Philosopher n’est pas parler de philosophie mais vivre sa philosophie.
- Ne pas se vanter de son ascétisme lorsqu’on y est parvenu.
- Ce qui paraît le meilleur après réflexion doit être une loi intransgressible.
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