- Manoir de Restigné
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Le Manoir de Restigné est un château situé à Restigné-Bourgueil (Indre-et-Loire).
Sommaire
Architecture
Un peu à l’écart du bourg, le vaste ensemble de la Platterie s’enfermait dans une enceinte protégée à l’angle sud-ouest par une tour cylindrique qui subsiste à cent mètres du manoir.
Le portail d’entrée et la porte piétonne sont percés en retrait dans le mur bordant la route qui réunit deux pavillons.
L’un deux abrite une chapelle voûtée sur lambris consacrée à Saint-Laurent. Signalée dès 1669, elle fut à nouveau bénite le 6 janvier 1753 par Mgr Germain Chasteigner de La Châteigneraye, aumônier du Roi, comte de Lyon, évêque de Saintes[1] et abbé commendataire de l'abbaye de Bourgueil, ce qui indique peut-être une reconstruction à cette époque.
La façade du corps du logis, très classique, d’une rigoureuse symétrie, a été élevée au XVIIe siècle. Il présente au centre un avant-corps en très légère saillie et à fronton courbe, avec une porte fenêtre munie d’un balcon en fer forgé au-dessus de l’entrée en plein cintre qui a gardé ses ferrures d’origine. La propriétaire de l'époque, Madame Viot, a fait don du portail d'origine à la commune de Restigné vers 1935, pour l'installer à l'entrée du cimetière où on peut l'admirer maintenant.
Deux ailes à tympan triangulaire et chaînage d’angle s’avancent à chaque extrémité. Toutes les ouvertures à linteau cintré ont des huisseries à petits carreaux. Un bandeau plat court au niveau des allèges et de chaque côté, le toit est percé d’une lucarne à ailerons. Au XVIIIe siècle, la maison fut agrandie au couchant et au levant par deux ailes comportant seulement un rez de chaussée et un comble à la Mansard.
Dans leur prolongement, la cuisine actuelle, avec sa cheminée à hotte, serait le vestige d’une construction plus ancienne du XVIe siècle.
À l’intérieur l’escalier est à rampes droites inégales, l’avant-dernière travée conduisant au grenier est couverte d’une voûte de pierres de taille.
La façade donnant sur la cour intérieure est flanquée de deux tours quadrangulaires dont le seul ornement est une petite lucarne circulaire.
Au nord, s’alignent les communs d’époques différentes.
La partie la plus remarquable est une orangerie du XVIIIe siècle avec trois arcades en plein cintre appareillées en bossage et un toit mansardé avec un fronton triangulaire. Elle est comprise dans l’arrêté du 20 avril 1971 qui a inscrit cette maison remarquable à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Un escalier à vis, témoin probable de l’édifice primitif, permet d’accéder à une magnifique cave voûtée. Une autre située sous une dépendance se prolonge par une galerie souterraine passant sous la route en direction de bourg. Des éboulements la rendent aujourd’hui impraticable.
Histoire
La Platerye qui relevait de la baronnie de Saint-Michel-sur-Loire, était un fief qui, sur le rôle de 1639, est indiqué sur la paroisse de « Benays » pour un revenu annuel de 10 livres. Il appartenait dès la fin du XVIe siècle à la famille de Lesme. Florent de Lesme , seigneur de la « Platerve » est parrain à Restigné le 16 mai 1589, sa femme, Françoise de Housseault, est marraine le 24 février 1593. Demoiselle Aymée Darmoyen remplit la même fonction le 16 juin 1602 ; elle est dite alors « épouse de noble homme René de Lesme, syeur de la Platerye ». Devenue veuve, elle se remaria avec Mathieu de Guiot « sieur de Montegeu » le 25 août 1617. Il y avait à Restigné au Moyen Âge, une viguerie appelée plus tard « la mairie de Restigné » que Pierre de Lesme possède en 1637-1639-1643. Il s’était uni en 1623 avec Aimée, fille de Jules de Quétier, écuyer, seigneur de Lerbillière en la paroisse de « Saint Cyre du Gost en Touraine » (Loir-et-Cher). Il vivait encore le 20 février 1651 et avait eu plusieurs enfants dont Jules baptisé le 30 novembre 1625.
Cependant, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, le fief changea de possesseur. En effet, un acte du 5 mars 1669 est ainsi conçu :
- « Mariage dans la chapelle Saint Laurent de La Platerye par noble et discret Mgr Guillaume Guesdier, prêtre, chanoine et sous-doyen de Saint Martin de Tours, seigneur de la Platerye, la Philberdiière, oncle de l’épouse, de François de Montplacé, écuyer, seigneur du dit lieu, paroisse de Bourg, avec demoiselle Marie, fille de rené Guéniveau, conseiller du roi, élu de l’élection d’Angers et de Françoise Guesdier ». C’est cette alliance, qui explique que la famille de Montplacé ait eu le domaine par la suite.
En 1750, un nouveau seigneur de la Platerye apparaît dans les registres. Le 20 août de cette année on célébra le baptême d’Augustin Clément fils d’André Berthelot, seigneur de « La Platterie » et d’Angélique Sourdeau de Beauregard qui mourut en 1780. Ce sont eux qui firent bénir à nouveau le chapelle le 6 janvier 1753. Leurs fils André Berthelot de Villeneuve est dit mousquetaire noir dans la maison du roi en 1749, puis ancien officier au régiment d'Auvergne en 1776. Il épousa en premières noces Marie Pétronille de Gargan dont il eut au moins un fils, Théodore François, né en 1776, puis Angélique Louise de la rue Ducan de Champchevrier. Le 27 janvier 1782, on enterra un enfant né de cette union qui fut simplement ondoyé. André Berthelot comparut en personne à l’assemblée électorale de la noblesse de Touraine en 1789 en tant que seigneur de Vauricher, mais fut également représenté à l’assemblée de l’Anjou à la même époque. Théodore François fut maire de Restigné en 1801, 1807 et 1812. Philippe Berthelot démembra la propriété en 1858 et le château fut vendu à une famille dont les descendants le léguèrent aux « Orphelins d’Auteuil » qui l’utilisèrent de 1935 à 1956.
Après deux nouvelles mutations, La Platerye fut acquise jusqu'en 2004 par la famille Baubeau qui remit la maison en valeur. Un projet de rénovation du Manoir de Restigné « La Platerye » est aujourd’hui en cours orchestré par les propriétaires actuels, Sophie et François Michel DUGUET. Ce domaine privé sera également ouvert à la visite, au public et aux touristes dès l’été 2006.
Notes et références
- Jacques Xavier Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de ... , tome I- page 364, 1878.
Articles connexes
Liens externes
Catégories :- Monument historique d'Indre-et-Loire
- Monument historique inscrit en 1971
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