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Année zéro
Pour les articles homonymes, voir Zéro (homonymie).L'année zéro n'existe pas dans l'ère chrétienne (Anno Domini), ni dans le calendrier grégorien ni dans le calendrier julien. L'année -1 précéde donc immédiatement l'an 1.
Elle n'existe pas non plus dans le calendrier révolutionnaire français qui commence directement à l'an I.
Sommaire
Dans les calendriers chrétiens
C'est Denys le Petit, moine scythe mort à Rome en 540, qui propose de rattacher le calendrier à la vie du Christ, ce qui n'était pas le cas jusqu'alors (on comptait conformément à l'usage romain, c'est-à-dire à partir de la fondation de Rome, ab urbe condita). Ses calculs fixent la naissance du Christ au 25 décembre de l'an 753 de la fondation de Rome, une date déplacée par la suite au 1er janvier 754 pour des raisons de commodité calculatoire.
La date de naissance du Christ
Notons trois points :
- L'an 1 de la chronologie chrétienne ne correspond pas à l'année 754 de Rome, puisque cette dernière commence officiellement le 21 avril ;
- Les multiples réformes du calendrier romain font, qu'en pratique, il n'y a plus aucune correspondance calculable en-deçà de l'année 45 av. J.-C. ;
- La date obtenue par Denys le Petit a depuis été rejetée ; les historiens retiennent aujourd'hui l'an -6 comme date la plus probable, la fourchette la plus sûre allant de -9 à -2. Ce qui donne l'expression amusante : « Jésus-Christ est né avant Jésus-Christ ».
On appelle Anno Domini (An du Seigneur) cet an 1.
La première année de la vie de Jésus (on suppose dans ce paragraphe que la date est juste) est donc appelée an 1. L'an 1 est l'année qui finit quand Jésus a un an. L'an 2 commence, et finit quand Jésus a 2 ans, etc.
Pourquoi l'absence de zéro ?
Le nombre « 0 » n'était pas en usage dans la numération romaine encore utilisée au moment de la réforme calendaire. La notion de nombre négatif n'existait pas non plus. On pouvait donc compter les années "avant Jésus-Christ" ou "après Jésus-Christ", mais pas utiliser une numérotation unique.
De plus, quand on conçoit un système destiné à compter les dates à partir seulement d'un certain point, on est tenté d'appeler « an 1 » la première année. Or, le 0 n'avait pas sa place parmi les nombres ordinaux[1]. Cela est aussi vrai pour l'absence de siècle et de millénaire 0. Cependant, cette manière de faire se révèle compliquer les choses quand on est obligé de compter également avant la date de référence.
Reprises du travail d'origine
La proposition de Denys le Petit est d'emblée adoptée par l'Église (en 532), puis se généralise au VIIIe siècle, et, à partir de l'an 1000, seul ce calendrier figure sur les actes officiels.
Deux siècles après, ce comput est repris par le moine Bède le Vénérable dans son livre Historia Ecclesiastica Gentis Anglorum (Histoire ecclésiastique du peuple anglais, 731). On peut penser qu'il connaissait l'existence du zéro ; en effet, dans son livre De Temporum Ratione (725), il explique que la première épacte d'un cycle de 19 ans est nulle (nullus), ce qu'on note actuellement par un zéro. Mais il n'en fait pas usage, car la chronologie de Dionysius Exiguus ne commence pas à zéro.
Conséquences notables
L'intervalle entre deux années, l'une avant et l'autre après J.-C., ne s'obtient pas en faisant (numéro de l'année la plus récente - numéro de l'année la plus lointaine) mais en faisant (numéro de l'année la plus récente - numéro de l'année la plus lointaine -1).
L'an n00 est la dernière année du siècle n, et non la première année du siècle n+1. En effet, comme il n'y a pas d'an 0, il faut bien que l'an 100 fasse partie du 1er siècle. D'ailleurs, si l'an 1984 fait partie du XXe siècle et non du XIXe siècle, c'est parce qu'il n'y a pas non plus de siècle 0.
Il en va de même pour les millénaires. Cependant, cette subtilité est peu connue, et de plus la modification des premiers chiffres est plus importante dans les sentiments collectifs que le réel passage au millénaire suivant. Finalement, le 1er janvier 2000 (2000e année) appartient au 2e millénaire (achevé le 31 décembre 2000 à minuit) et que le 1er janvier 2001 appartient au 3e millénaire. Mais parce que les conséquences de l'absence d'année 0 sont peu expliquées, beaucoup de gens célébraient le 3e millénaire lors du passage à l'an 2000.
Systèmes utilisant une année zéro
L'année zéro est utilisée dans le comptage astronomique des années, et est équivalent à l'an -1 dans les calendriers grégorien et julien. Ainsi -1 en années astronomiques correspond à l'an -2. Sa première utilisation est traditionnellement attribuée à Jacques Cassini dans Tables astronomiques (1740 ou 1770 ?) où il explique les raisons de cette utilisation. Toutefois, Philippe de La Hire l'utilisa dès 1702 dans son Tabulæ Astronomicæ sous la forme Christum o.. Il est évident que les astronomes, ayant besoin de mesurer les durées, ne peuvent s'accommoder des complications que l'absence d'an 0 implique dans les calculs de durée entre une date avant et une date après J.-C.
L'ISO 8601:2000, mais pas l'ISO 8601:1988, utilise explicitement l'année zéro (sous la forme de quatre chiffres 0000) dans son système de références de dates.
Toutes les ères utilisées dans les calendriers hindou et bouddhiste commencent par une année zéro, car ces calendriers utilisent des années écoulées, passées ou complètes (la plupart des autres calendriers utilisent les années courantes). Ainsi une année complète ne s'étant pas encore écoulée au début d'une époque, il ne peut donc s'agir dans ces systèmes d'une année un, à la place c'est une année zéro. On peut comparer cette méthode au calcul de l'âge d'une personne : on n'atteint pas son âge avant qu'une année complète soit écoulée (et donc, quand on dit qu'on a 25 ans, on est dans sa 26ème année : pour respecter cette convention, on devrait donc dire d'un nourrisson qu'il a zéro ans...)
Dans le film Retour vers le futur, l'inventeur d'une machine à remonter le temps indique pour date de naissance de Jésus-Christ : 25 décembre 0000. Il utilise donc le système astronomique. Si on suppose que l'an 1 a été correctement définit comme la première année commençant après la naissance de Jésus, il s'agit de la date correcte, puisque l'an 1 commence le 1er janvier suivant alors que Jésus est né le 25 décembre (il faut signaler que toutes ces suppositions sont fausses : d'une part Jésus est plus probablement né en l'an -6, d'autre part sa naissance est commémorée le 25 décembre parce que la vraie date étant inconnue, on a choisi une date proche du solstice d'hiver).
Dans un calendrier différent
Dans les datations de l'univers Star Wars, il existe deux années zéro. La succession des années est en effet : 1 BBY (avant la bataille de Yavin), 0 BBY (c'est donc durant cette année qu'eut lieu la bataille), 0 ABY (après la bataille de Yavin), 1 ABY[2].
Comme expression
L'« an 1 » reste utilisé comme expression pour désigner le point de départ d'une innovation (« l'an 1 de l'Internet grand public en France »[3]).
À l'opposé, l'expression « année zéro » a un sens plus péjoratif, signifiant plus une situation de désolation qu'un point de départ. On le trouve dans le titre de film Allemagne année zéro.
Voir aussi
Liens et documents externes
- Astronomie pratique et informatique, C. Dumoulin, J.-P. Parisot, Masson, 1987
- 2001 : l’Odyssée de l’espace… Début du XXIe siècle ?
Notes et références
- ↑ Ce n'est plus le point de vue des mathématiciens : voir par exemple l'article nombre ordinal
- ↑ Palette de navigation du calendrier de Star Wars
- ↑ http://www.strategies.fr/articles/r50680W/le-gouvernement-debloque-1-mf-pour-la-fete-de-l-internet.html
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