Mahābhārata

Mahābhārata

Mahâbhârata

Textes classiques du monde indien

Shruti

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Smriti

Le Mahābhārata (महाभारत en écriture devanāgarī ; littéralement « Grande humanité » traduit en « Grande Inde ») est une épopée sanskrite de la mythologie hindoue, analogue par sa taille (plus de cent vingt mille strophes) et sa portée religieuse à la Bible. Il est souvent considéré comme le plus grand poème jamais composé. Il comporte pas moins de 250 000 vers — quinze fois plus que l'Iliade — généralement partagés en vers ou çlôkas de 32 syllabes chacun, formant deux hémistiches de 16 anustubh, partagés eux-mêmes en deux demihémistiches de 8 pâda. Ce qui donne, pour un hémistiche : xxxxu--u-/xxxxu--u-(x=u ou -). C'est ainsi qu'étaient composés les vers épiques de la poésie sanscrite ou classique de l'Inde.

Le Mahâbhârata est un livre sacré de l'Inde, qui relate la « Grande Geste » des Bhârata, grand poème épique datant des derniers siècles avant l'ère chrétienne. C'est une saga mythico-historique, contant des hauts faits guerriers qui se seraient déroulés environ 2 200 ans avant l'ère chrétienne, entre deux branches d'une famille royale : les Pândava et les Kaurava. Le récit nous raconte les épreuves subies par les cinq frères Pândava et leurs cousins les Kaurava pour la conquête du pays des Arya, au nord du Gange, en Inde. C'est l'un des deux grands poèmes épiques de l'Inde, fondateur de l'Hindouisme avec le Rāmāyana. On peut penser que la date de l'épopée primitive du Mahâbhârata est bien antérieure au Rāmāyana, comme les faits eux-mêmes qui sont la matière de l'un et de l'autre poème.

Sommaire

Origines et contexte historique

L'origine de ces deux grandes épopées indiennes très anciennes, légendes superbes où s’affrontent les hommes et les dieux, est incertaine. Le Mahâbhârata est censé avoir été rédigé par Ganesh sous la dictée du sage Vyâsa. En réalité on ne sait s'il s'agit d'une œuvre collective, revue et modifiée au fil des siècles (IV siècle av. J.-C. - IV siècle) ou celle d'un unique poète, composée dans un contexte particulièrement précis de l'histoire indienne. Ces deux points de vue opposés, et parfaitement défendables en l'absence de données historiques et scientifiques sûres, ouvrent à une compréhension globale de l'œuvre radicalement différente. Dans l'hypothèse d'un poète unique, renforcée par l'incroyable unicité du récit et de son intrigue subtile (peut-être beaucoup trop pour un lecteur non-initié), l'épopée constituerait en partie une réponse face à la montée du bouddhisme après l'empire éphémère d'Aśoka (dynastie des Gupta), vers 300 av. J.-C., dans un contexte socio-politique en crise et bien précis dans le temps. Les prédications du Bouddha rejettent en bloc les enseignements védiques et la société brâhmanique, menaçant la suprématie des brâhmanes. L'épopée illustre un drame cosmique, une perturbation du dharma, de l'ordre sociocosmique, que pourrait bien incarner le bouddhisme. Les références y sont constamment implicites tout au long du récit mais les interprétations, toutefois, se tiennent et, vu sous cet angle, sont logiques.

Le Mahâbhârata, dont tout Indien connaît l'histoire, reste très actuel, à tel point que pour les Indiens d’aujourd’hui les héros divins restent des exemples. Ainsi, si l’épouse de Râma, Sitâ, est le modèle de la femme fidèle, dans le Mahâbhârata, les femmes sont les égales des hommes, combattent à leurs côtés et ont leur franc parler.

Contenu

Le Mahâbhârata narre l'histoire d'une guerre entre les Pândavâs (Pāndavās), les fils du roi Pându (Pāndu), et les Kauravâs (Kauravās), les fils du Roi Dhritarâshtra (Dhritarāshtra), le frère aîné et aveugle de Pându, tous de la caste des guerriers, les kshatriya, dans la région de Delhi. Le texte a probablement tout d'abord été une compilation d'histoires de dieux et de héros transmises oralement, représentées par des troupes de théâtres, contées par les prêtres et les sannyasins, les pèlerins, avant de trouver une forme écrite dans un sanskrit légèrement archaïque, dite « sanskrit épique ». Il a connu ensuite une adaptation dans les langues de l'Inde et s'est propagé dans l'Asie du Sud-Est avec l'indianisation de celle-ci.

L'événement majeur du texte est l'apparition de Krishna (Krisna), le huitième avatar de Vishnou (Vishnu).

Mais le Mahâbhârata est un formidable recueil de mythes hérités de la tradition védique, insérés dans le récit sous forme de digressions interminables. A ce sujet on peut citer les récits cosmogoniques du "rishi" Markandeya qui préfigureront les Puranas, un "résumé" du Rāmāyana en 18 chapitres (le chiffre 18 occupant une place centrale dans toute l'épopée, elle-même subdivisée en 18 livres) et aussi les exploits du bouvier Krishna qui donneront corps à de nombreux poèmes souvent érotiques sur ses amourettes avec les Gopis.

Le Mahâbhârata est composé de dix-huit parva (chapitres ou livres) qui sont les suivants :

  1. Adiparvan - Le Livre des Commencements
  2. Sabhaparvan - Le Livre de l'Assemblée
  3. Aranyakaparvan - Le Livre de la Forêt
  4. Virataparvan- Le Livre de Virata
  5. Udyogaparvan - Le Livre des Préparatifs
  6. Bhismaparvan - Le Livre de Bhîsma
  7. Dronaparvan - Le Livre de Drona
  8. Karnaparvan - Le Livre de Karna
  9. Sargarohanaparvan - Le Livre de Shalya
  10. Sauptikaparvan - Le Livre de l'Attaque nocturne
  11. Striparvan - Le Livre des Femmes
  12. Santiparvan - Le Livre de l'Apaisement
  13. Anusasanaparvan - Le Livre de l'Enseignement
  14. Asvamedhikaparvan - Le Livre du Sacrifice royal
  15. Asramavasikaparvan - Le Livre du Séjour en forêt
  16. Mausalaparvan - Le Livre des Pilons
  17. Mahaprasthanikaparvan - Le Livre du Grand départ
  18. Svargarohanaparvan - Le Livre de la montée au Ciel

Au tout début du Mahâbhârata, au Livre I, « Le Livre des Commencements », dans la forêt Naimisha, un brâhmane de grande lignée, Shaunaka, réunit traditionnellement une session sacrificielle tous les douze ans. Un conteur se présente, et il va raconter pour la première fois en entier le grand récit du Mahâbhârata, tel qu'il l'a entendu de la bouche même de Vaishampâyana, le disciple de Vyâsa, lors du Sacrifice des Serpents ordonné par le roi Janamejaya. Il commence par raconter l'histoire des ancêtres de son hôte : Cyavana, l'ascète farouche rajeuni par les dieux, Pramadvarâ, l'Eurydice indienne, mordue par un serpent et sauvée de la mort par son époux Ruru.

L'un des épisodes du Mahâbhârata, la Bhagavad-Gîtâ (Le Chant du Seigneur), inclut dans le sixième livre, que l'on pourrait rapprocher de nos traités de chevalerie du Moyen Âge, est à lui seul un traité de la « Voie de l'Action », qui montre que la connaissance doit précéder toute action, et que, sans elle, l'action ne serait que vaine agitation. Chef-d'œuvre de la pensée hindouiste, il raconte les conseils moraux donnés par Krishna à Arjuna, qui se désespère de devoir participer à une bataille où beaucoup de ses amis et parents risquent de perdre la vie. C'est un texte fondamental pour connaître la vie de l'Inde classique et c'est aussi un exposé des idéaux hindouistes. La Bhagavad-Gita est aussi essentielle dans le yoga. C'est au cœur de celle-ci que Krishna transmet à Arjuna les différentes formes du yoga. La Mahâbhârata est comparé par deux ou trois écrivains à l'Illiade dans le sens où elle est aurait inspiré le livre grec. Certains disent même que les dieux grecs viennent d'Inde. Ne retrouve-t-on pas le trident de Shiva au près de Zeus !

Influence

Le Mahâbhârata est une source d'inspiration inépuisable, non seulement pour l'art du spectacle indien, le théâtre et le cinéma en particulier, mais aussi pour le théâtre traditionnel en Indonésie, dans les îles de Java et Bali. Sa traduction en javanais date du règne de Dharmawangsa (règne 991 - 1016), dont le royaume était situé à Java Est.

Arjuna, le 3ème des frères Pandava, dans le wayang kulit (théâtre d'ombres) javanais

Citations

  • « Telle est la somme du devoir : ne fais pas aux autres ce qui, à toi, te causerait de la peine » (Mahâbhârata, V ; 15,17)
  • « Tu pleures sur ceux sur lesquels il ne faut pas pleurer, et pourtant tu profères des paroles qui semblent sages. Les sages ne pleurent ni sur les morts, ni sur les vivants » (Mahâbhârata VI, Bhagavad-Gîtâ, II ; 11)
  • « Celui qui, abandonnant tous les désirs, vit libre de toute entrave personnelle et de tout égoïsme, celui-là obtient la paix » (Mahâbhârata, VI, Bhagavad-Gîtâ, II ; 71)
  • « De l'harmonie naît la Sagesse et du mouvement la cupidité ; la paresse et l'illusion naissent de l'inertie, ainsi que l'ignorance » (Mahâbhârata, VI, Bhagavad-Gîtâ, XIV ; 17)
  • « Ceux qui vivent dans l'harmonie, s'élèvent ; les actifs restent dans la région intermédiaire ; les inertes descendent, enveloppés des plus viles qualités » (Mahâbhârata, VI, Bhagavad-Gîtâ, XIV ; 18)
  • « Il n'y a jamais eu un temps passé où nous n'existions pas, il n'y aura jamais un futur où nous cesserons d'être » (référence nécessaire)
  • « La viande des animaux est comme la chair de nos propres fils » (référence nécessaire:[1])

Notes et références

Georges Dumézil consacre la première partie de Mythe et épopée (I, L’idéologie des trois fonctions dans les épopées des peuples indo-européens) , à l'étude du Mahâbhârata analysé à la lumière des trois fonction indo-européennes. Ayant reconnu derrière les cinq Pandavas, les figures de dieux fonctionnels issus de théologies védiques ou même antérieures, il étend cette recherche de correspondance héros/dieux à d'autres personnages du roman, étayant l'hypothèse d'une origine mythologique à l'épopée. Dans cette perspective, il établit quelques étonnantes correspondances entre des figures du Mahâbhârata et les Dieux du panthéon nordique dont la mythologie s'articule autour d'une autre eschatologie : le Ragnarök. Parallèlement à son intérêt du point de vue de la recherche indo-européenne ou du comparatisme, l'étude de Georges Dumézil propose une approche analytique qui permet au lecteur occidental de pénétrer une oeuvre d'accès difficile, notamment par son volume.

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