Lysimachia (ville)

Lysimachia (ville)

Lysimacheia

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Lysimacheia (grec ancien : Λυσιμάχεια ou Λυσιμάχια) était une cité et une ville grecque hellénistique de Thrace, située à l'extrémité nord-ouest de la Chersonèse dont subsistent des remparts byzantins, connus sous le nom d’Eksamil, près du village de Bolayır dans la province turque de Çanakkale.

Fondée par le roi Lysimaque en 309 comme capitale de son royaume de Thrace à proximité de l'Hellespont, elle fut plusieurs fois détruite par des séismes et par les populations thraces indigènes et souffrit des vicissitudes des conflits hellénistiques et de l'expansion romaine.

Elle disparaît après une restauration de l'empereur Justinien au VIe s. de l'ère chrétienne.

Les fouilles, en cours depuis 2006, conduites par l’université de Münster sur les hauteurs d'Ortaköy, devraient mettre à jour les vestiges de la ville.


Sommaire

Histoire

En 309 avant l'ère chrétienne, le général macédonien, Lysimaque, compagnon du roi Alexandre le Grand, fonde par synœcisme une nouvelle cité et construit une ville à l’extrémité Nord de la Chersonèse de Thrace sur l’isthme de la presqu’île, Lysimacheia (Λυσιμάχεια)[1], afin de mieux contrôler l'Hellespont. Il l'a peuple avec les habitants de la colonie athénienne de Cardia sur le golfe Mélas (golfe de Saros), qu'il fait détruire[2], et de la ville portuaire de Paktye. Admirablement située sur un promontoire (Ortaköy), entre l’Hellespont et le golfe Mélas, la ville contrôle la péninsule et l’Hellespont. En 304, Lysimaque en fait la capitale de son royaume de Thrace : la ville se couvre rapidement de monuments, de temples et de bains et connaît une prospérité rapide. En 287, un tremblement de terre cause d’importantes destructions. Sa prospérité décline rapidement après la mort de Lysimaque (281) ; la cité et le royaume hellénistique de Thrace passe sous l’autorité du royaume séleucide par droit de conquête [3].

En 280, le roi de Macédoine Ptolémée Kéraunos assassine à proximité de la ville[4] Séleucos Nikatôr qui tentait de s'emparer de la Macédoine et dont l'armée venait de franchir l'Hellespont. En 279/278, une partie des Celtes de Brennos, conduit vers l’Asie Mineure par Leonnorios et Loutarios[5], après avoir vaincu et tué Ptolémée Kéraunos, traverse la Thrace et dévaste la ville.

C'est en 277 qu'Antigone Gonatas inflige une lourde défaite aux Galates devant Lysimacheia[6], détruite peu après par un violent séisme.

Dès 275, le roi Antiochos Sôter replace la Chersonèse de Thrace sous l’autorité séleucide.

En 246/245, le roi Ptolémée Évergète place la région sous l’autorité lagide, en saisissant Marôneia et Ainos[7].

Vers 240, Lysimacheia et sa région, au pouvoir du roi séleucide Séleucos Callinicos, servent de base aux ambitions séleucides en Europe. Dans les années 230, la cité tombe aux mains du prince séleucide Antiochos Hiérax, révolté contre son frère Séleucos Callinicos. En 228, le roi de Pergame Attale Sôter s’empare des possessions d’Antiochos Hiérax.

Sous le règne du roi Ptolémée Philopator (222-205), la cité est sous l'autorité lagide[8].

La cité de Lysimacheia est associée à la ligue étolienne[9] (207/205) qui lui envoie un stratège, et connaît une période de déclin. Les cités de Chersonèse dont Lysimacheia, tombent au pouvoir du roi de Macédoine Philippe V (202-200) ; le stratège étolien est expulsé par les Macédoniens qui établissent une garnison à Lysimacheia pour éviter que la ville ne succombe sous les attaques des Thraces[10]. Les Étoliens protestent auprès du sénat romain.

La cité souffre de la guerre des Romains contre Philippe V qui, battu à Cynocéphales (197), doit renoncer à la Chersonèse ; Lysimacheia est alors détruite par les Thraces[11]. Dès 196/195, le roi séleucide Antiochos Mégas reprend possession du royaume hellénistique de Macédoine : il repeuple et fortifie la ville pour en faire la résidence de son fils Séleucos[12] ; de nouveaux colons grecs s’y installent. C'est à Lysimacheia qu'Antiochos Mégas s'entretient avec les commissaires du sénat romain, Publius Cornelius Lentulus, L. Terentius et Publius Villius Tappulus[13]

Le consul Lucius Cornelius Scipion s’empare de la ville (190/189), contraint Antiochos Mégas à rentrer en Asie et à laisser la région sous le protectorat romain[14].

La paix d’Apamée (188) place la cité et la Chersonèse[15] sous le contrôle du roi attalide Eumène Sôter de Pergame.

En 144, les Thraces Kainoi du roi Diegylis, révolté, prennent et détruisent définitivement la ville[16] ; les Romains reprennent rapidement le contrôle de la région.

Au IVe s. de l'ère chrétienne, l’historien Ammien Marcellin cite encore Lysimacheia et, au VIe s., l’empereur Justinien reconstruit des fortifications en incluant la ville, dans l’Hexamilion, long mur de 6 miles, qui barre la péninsule.

De nos jours

Il reste peu de traces de la ville hellénistique, près du village de Bolayır dans la province turque de Çanakkale en Thrace orientale ; seuls les remparts de Justinien, connus sous le nom d’Eksamil, sont visibles. Des fouilles, en cours depuis 2006, conduites par l’université de Münster, devraient mettre à jour les vestiges de la ville.

Notes et références

  1. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 20, 29.
  2. Pausanias, Periegesis, 1, 9, 8 ; 1, 13, 9.
  3. Polybe, Histoire, V, II, 34, 7 ; XVIII, V, 51, 4.
  4. Pausanias, Periegesis, 1, 16, 2.
  5. Tite-Live, XXXVIII,156
  6. Justin, XXV, 1-2
  7. Polybe, Histoire, XVIII, V, 51, 5
  8. Polybe, Histoire, V, II, 34, 7.
  9. Polybe, Histoire, 18, 3, 11 ; 15, 23, 8.
  10. Polybe, Histoire, XV, II, 23, 8 ; XVIII, I, 3, 11.
  11. Polybe, Histoire, XVIII, I, 4, 5 ; 51, 7.
  12. Polybe, Histoire, XVIII, V, 51,8.
  13. Polybe, Histoire, XVIII, V, 49, 3.
  14. Polybve, Histoire, XXI, III, 15, 7.
  15. Polybe, Histoire, XXI, VI, 45, 9.
  16. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 33, 14.

Liens externes

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