Louis Salleron

Louis Salleron
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Louis Salleron, né le 15 août 1905, mort en 1989 est un écrivain français, journaliste et théoricien catholique.

Il est le frère de Paul Salleron plus connu sous le pseudonyme de « Paul Sérant » et le père de trois prêtres. Formé au collège privé Stanislas, il est docteur en droit, licencié es lettres et diplômé d'études supérieures.

Sommaire

Un militant agrarien et corporatiste

Il joue un rôle important, dès les années 1930, dans le mouvement syndical paysan de droite: la "rue des pyramides" et la "rue d'Athènes", c'est-à-dire l'UNSA (Union nationale des syndicats agricoles). Il est secrétaire général de l'association générale du Crédit mutuel agricole et co-directeur du périodique Syndicats paysans. Son livre Un régime corporatiste pour l'agriculture, issu de sa thèse et publié en 1937, contient les bases de la théorie corporatiste appliquée à l'agriculture. En 1941, il est nommé par Vichy délégué général à la Commission d'organisation corporative paysanne, chargé des questions économiques et sociales. Il est aussi nommé membre du Conseil national instauré par Vichy cette année-là.

Il est donc partisan d'un ordre corporatif, qu'il définit ainsi dans la revue catholique et maréchaliste Demain (1er numéro, p. 3) : "Quand nous parlons de l’État corporatif, nous ne sommes pas dans le domaine de l’économie politique et social, nous sommes dans le domaine de la philosophie et du droit : nous évoquons une conception politique d’ensemble… (...) Pour nous résumer, nous dirons que ce qui distingue essentiellement l’État corporatif, c’est qu’il ne considère pas l’individu comme l’unique principe et l’unique fin de la société mais qu’il reconnaît aussi l’existence de communautés naturelles, de « corps » ayant des droits premiers, antérieurs à toute volonté contractuelle, comme à toute volonté législatrice. (...) Un État corporatif est donc un État qui, pour sauvegarder la personne humaine, s’attachera à fortifier la famille et tous les groupes naturels, notamment dans l’ordre de la profession et de la région". Il dirige à partir de novembre 1942 l'école de cadres de la Corporation paysanne, l'Institut d'études corporatistes et sociales.

Un intellectuel de droite

Ecrivain, chroniqueur, il participe à de nombreuses revues depuis les années 1930.

Il est professeur d'économie politique à l'Institut catholique de Paris de 1937 à 1957. Il est l'auteur de plus de cinquante ouvrages sur le libéralisme, la foi catholique.

Dans les années 1920 et 1930, il est rédacteur en chef du Courrier royal (40 000 abonnés en 1935), l'organe du comte de Paris, et il collabore aux revues de la jeune droite d'inspiration maurrassienne: La Gazette française (no 1, 3 mai 1924, bi-mensuelle puis hebdomadaire en 1925), Combat (1936-1939) de Jean de Fabrègues et Thierry Maulnier, l'hebdomadaire L'Insurgé (du 13 janvier 1937 au 27 octobre 1937), Civilisation. Pendant l'Occupation, à Idées (novembre 1941-juillet 1944), de mai 1942 à décembre 1943 (6 articles) et à l'hebdomadaire Demain, fondé par Jean de Fabrègues à Lyon en février 1942. Après la guerre, à La Fédération au début des années 1950, aux Ecrits de Paris, à Carrefour, à Itinéraires (revue catholique traditionaliste) de Jean Madiran, à la Nation française (revue néo-maurrassienne) de Pierre Boutang. Il est l'un des animateurs et l'un des vice-présidents du CEPEC (Centre d'études politiques, économiques et civiques), fondé en 1954.

Il fait partie des réseaux des catholiques traditionalistes et il s'oppose aux réformes issues du Concile Vatican II. Il publie son premier article contre la nouvelle messe le 24 septembre 1969, dans l'hebdomadaire Carrefour. Il écrit par exemple dans la préface de La nouvelle messe : "Centrée sur la Nouvelle Messe, la réforme liturgique consiste simplement dans l'abolition de fait du Concile de Trente et dans la conversion du catholicisme au protestantisme, sous les espèces de l'oecuménisme. Telle est du moins la première étape, celle à laquelle on est actuellement parvenu, la suivante devant être l'institution de la Religion nouvelle à quoi conduit la révolution permanente qui est l'esprit de la Réforme liturgique[1]". Il signe le 9 août une lettre d'intellectuels français catholiques (avec Michel de Saint Pierre, président du Mouvement « Credo », Michel Droit, Jean Dutourd, Henri Sauguet, le Colonel Remy, Michel Siry, Gustave Thibon) adressée au Pape Paul VI au sujet des sanctions prises contre Mgr Lefebvre et son séminaire d'Ecône, dans laquelle ils disent que les fidèles "ne reconnaissaient plus leur religion dans certaine liturgie et certaine pastorale nouvelles" ainsi que dans "le catéchisme qu'on enseigne maintenant à leurs enfants, dans le mépris de la morale élémentaire, dans les hérésies professées par des théologiens écoutés, dans la politisation de l'Evangile"[2]. .

Inconnu aujourd'hui du grand public, il est cependant souvent cité par les revues et autres blogs des cercles catholiques traditionalistes.

Publications

  • Un régime corporatif pour l'agriculture, Dunod, 1937
  • La terre et le travail, Librairie Plon, 1941
  • Naissance de l'état corporatif: dix ans de syndicalisme paysan, Bernard Grasset, 1942
  • Réflexions sur le régime à naître, Desclée de Brouwer, 1944
  • Six études sur la propriété collective, Le Portulan, 1947
  • L'économie libérale, Les Grandes études politiques et sociales, A. Fayard, 1949
  • Un jeune catholique devient communiste, malgré les cordiaux avertissements de Louis Salleron, La Jeune Parque, 1949
  • L'Automation, Que sais-je?, 1957
  • Autorité et commandement dans l'entreprise, Volume 5 de Méthodes et philosophie de l'organisation, Éditions de l'Entreprise Moderne, 1960
  • La nouvelle messe, Collection Itinéraires, Paris, Nouvelles éditions latines, 1970, 188 p.
  • Essai sur le principe de population [de] Malthus: analyse critique, Volume 204 de Profil d'une œuvre, Hatier, 1972
  • * Autorité et commandement dans l'entreprise, 5e édition, 1980
  • Le Cancer socialiste, D.M. Morin, 1983
  • Les Catholiques et le capitalisme, 1951
  • Libéralisme et socialisme,

...

Bibliographie

  • Véronique Auzépy-Chavagnac, Jean de Fabrègues et la jeune droite catholique: aux sources de la révolution nationale, Presses Univ. Septentrion, 2002
  • Guillaume Gros, Philippe Ariès: un traditionaliste non-conformiste : de l'Action française à l'École des hautes études en sciences sociales, 1914-1984, Presses Univ. Septentrion, 2008
  • Isabel Boussard, Vichy et la corporation paysanne, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1980
  • Michel Bergès, Vichy contre Mounier. Les Non-Conformistes face aux années 40, Paris, Economica, 1997
  • Georges Laffly, Mes livres politiques, 1992.

Notes et références

  1. Louis Salleron, La nouvelle messe, Nouvelles Editions Latines, décembre 1970; La nouvelle messe en quoi (suivie de : Solesmes et la messe), Itinéraires/DMM, novembre 1975; seconde édition (augmentée) de La nouvelle messe, septembre 1976
  2. La lettre se poursuit ainsi: "De Mgr Lefebvre et du séminaire d'Ecône, ces catholiques du rang connaissaient fort peu de chose. Mais ce qu'ils en apprenaient peu à peu par les journaux, la radio et la télévision leur était plutôt sympathique. Mgr Lefebvre avait passé le plus clair de sa vie dans une activité de missionnaire, il avait été délégué apostolique en Afrique. Votre prédécesseur, le Pape Jean XXIII, qui l'estimait beaucoup et l'aimait bien, l'avait nommé membre de la Commission centrale de préparation du Concile. Il avait formé des générations de séminaristes; parmi les prêtres issus de ses séminaires, quatre sont devenus évêques et c'est vous-même qui aviez fait cardinal l'un d'entre eux, Mgr Thiandoum. Comment un tel évêque qui, toute sa vie, a servi l'Eglise de manière insigne pourrait-il y être soudainement un étranger? N'est-il pas plutôt l'évêque dont Vatican Il semble avoir tracé le portrait: un évêque fort dans la foi, orienté vers la mission, ouvert au monde à évangéliser? Désolé de la ruine des séminaires français et convaincu que les vocations ne manquaient pas chez les jeunes, il a ouvert un séminaire qui, strictement fidèle aux normes mêmes de Vatican II et de la Congrégation de l'éducation catholique, proposait à ceux qui voulaient y entrer une vie de prière, d'étude et de discipline. Aussitôt les candidatures ont afflué et le séminaire s'est rempli. La très grande majorité de ces catholiques du rang dont nous parlons savent aujourd'hui tout cela. L'unité de l'Eglise est l'argument que nous voyons partout mis en avant pour justifier les mesures sévères prises contre Ecône. Mais, très Saint-Père, que le petit noyau d'Ecône soit écrasé, et la division s'aggrave encore! Car la division n'est pas entre Mgr Lefebvre et les autres évêques français. Elle est au sein même de l'Eglise hiérarchique. Il existe actuellement autant de rites, autant de pratiques, autant d'opinions qu'il y a d'églises, de prêtres, de communautés, de groupes et de groupuscules. C'est le pullulement de ces petits schismes intérieurs, c'est cette prolifération de religions particulières qui est la marque de l'Eglise de France car nous ne parlons que pour la France. Et la désobéissance à Rome, au Pape, au Concile éclate dans tout ce qui concerne la liturgie, le sacerdoce, la formation des séminaristes et la foi elle-même. D'étranges messes — parfois oecuméniques —, et qui n'ont rien à voir avec la messe de Paul VI, sont célébrées un peu partout dans la plus parfaite impunité. Toute « célébration eucharistique » serait-elle permise sauf la messe traditionnelle? Toute église pourrait-elle être ouverte aux musulmans, aux israélites, aux bouddhistes et fermée aux seuls prêtres en soutane? Tout dialogue serait-il bienvenu avec les francs-maçons, les communistes, les athées et condamnable avec les traditionalistes? La hiérarchie, en France, tiendrait-elle davantage à imposer un certain esprit nouveau qu'à annoncer et à défendre les vérités de la foi ? Voilà, très Saint-Père, ce que finit par se demander le peuple chrétien de la base, que nous évoquons ici. Chaque jour nous apporte les échos — de plus en plus forts, de plus en plus nombreux — de sa stupeur et de son angoisse. C'est pourquoi nous nous tournons vers vous, car vers qui un catholique se tournerait-il, sinon vers le Pape, successeur de Pierre, Vicaire de Jésus-Christ? Nous déposons à vos pieds notre supplique. Quelle supplique? Celle de l'amour et du pardon. C'est plutôt une plainte, un gémissement que nous espérons faire monter jusqu'à vous. Nous ne sommes pas versés dans le Droit canonique et nous ne doutons pas que des condamnations romaines aient des assises juridiques. Mais justement le juridique, le légalisme, le formalisme nous semblaient avoir été bannis, dans ce qu'ils peuvent avoir d'excessif, par Vatican Il. Ce très grave procès fait à Mgr Lefebvre et à son séminaire ne pourrait-il être reconsidéré? L'amour que vous éprouvez pour le peuple chrétien de France ne pourrait-il l'emporter sur une rigueur qui, frappant le plus notoire de nos défenseurs de la Tradition, achèverait de traumatiser irrémédiablement ce peuple? La charité ne pourrait-elle inspirer la restauration de l'unité dans la vérité unique? Il nous semble même que la messe traditionnelle et le sacerdoce de toujours seraient susceptibles de trouver leur place dans la consolidation et l'extension d'une Eglise qui n'a jamais cessé de garder ses dogmes et ses formes essentielles, à travers ses adaptations successives aux vicissitudes de l'Histoire. Que deviendrait une Eglise sans prêtres et sans messe? C'est par cet acte de confiance, très Saint-Père, que nous voulons témoigner de notre fidélité au Pontife romain, sûrs que nous sommes d'être entendus par le Père de tous les catholiques, détenteur des pouvoirs qui lui ont été remis dès l'origine par le Fondateur pour conduire l'Eglise jusqu'à la fin des siècles.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Louis Salleron de Wikipédia en français (auteurs)

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