- André Devigny
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André Devigny (1916-1999) était un militaire et résistant français.
Sommaire
Sa jeunesse
André Devigny est né le 25 mai 1916 à Habère-Lullin (Haute-Savoie) dans une famille d’agriculteurs et de militaires de forte tradition patriotique.
La Guerre
Élève pupille de la Nation à l’École Normale d’Instituteurs de Bonneville, la préparation militaire supérieure et la déclaration de guerre conduisent le jeune sous-lieutenant du 5e RTM (Régiment de Tirailleurs Marocains) André Devigny en première ligne en Lorraine.
En décembre 1939, après une préparation d’artillerie, la position tenue par sa section est violemment attaquée par une compagnie allemande. Dans cet affrontement meurtrier à un contre trois, il engage une contre-attaque à la baïonnette après épuisement des munitions et les survivants parviennent à repousser l'ennemi en lui infligeant de lourdes pertes. Cette action lui vaut, à 23 ans, la première Légion d'honneur de la guerre.
Grièvement blessé à Ham en mai 1940, il est évacué vers l’hôpital de Bordeaux. Voulant rejoindre Londres à la fin de 1940, il contacte les services de renseignements britanniques qui, compte tenu de son appartenance au 5e RTM l’orientent sur le Maroc, à Port-Lyautey, pour participer à la préparation du débarquement allié, lequel aura lieu le 8 novembre 1942 à cet endroit.
Reçu au concours d’admission à l’École de Saint Maixent, il rejoint la Métropole, mais l’invasion de la zone sud par l’armée allemande, en novembre 1942, le met en congé d’armistice.
Le Résistance
Afin de poursuivre le combat, André Devigny prend contact avec le consul anglais à Genève qui le recommande au Colonel Groussard. Ce dernier lui confie la mission d'organiser un réseau de renseignement militaire couvrant la zone sud de la France. Ce réseau, dit "Gilbert", est rapidement constitué, opérationnel et efficace. La préparation du débarquement en Provence, du sabotage de la poudrerie de Toulouse, et l’exécution du dangereux chef du contre-espionnage italien, sont parmi ses premières tâches. Il crée également un service de passage vers la Suisse qui sera utilisé par toute la Résistance.
Infiltré par un redoutable agent double, le réseau est trahi, mais restera opérationnel grâce à son cloisonnement. André Devigny est arrêté en gare d’Annemasse par la Gestapo le 17 avril 1943, et l’un de ses adjoints abattu à Lyon. Interné au fort Montluc à Lyon et torturé par le sinistre Barbie, le lieutenant Devigny tente une première évasion au cours d'un transfert, mais est aussitôt blessé et repris.
Prisonnier indomptable, il prépare minutieusement son évasion, lorsque le 20 août 1943, Barbie lui notifie sa condamnation à mort par la cour martiale allemande. Le 24 août, il met son projet à exécution et s'évade de nuit dans des conditions spectaculaires, relatées dans son livre "Un condamné à mort s'est échappé", puis portées à l'écran plus tard par Robert Bresson dans un dramatique film primé au festival de Cannes.
Après son évasion, poursuivi et traqué, André Devigny réussit à rejoindre l'Afrique du Nord après un bref séjour dans les geôles espagnoles. Volontaire au bataillon parachutiste de choc, il participe au débarquement en Provence en août 1944 et remonte vers l'Allemagne avec les armées alliées.
En 1944, il est nommé capitaine, en 1945 fait Compagnon de la Libération, et en 1946 promu chef de bataillon. Il a trente ans.
Les forces françaises en Allemagne
Il effectue ensuite son temps de commandement, notamment en Allemagne au 7e RTA (Régiment de Tirailleurs Algériens), où il s’attache à faire de son unité un exemple d’excellence, particulièrement aux yeux des Alliés. Le Général Eisenhower, commandant des forces alliées en Europe, lui fait l’honneur d’une visite en souvenir du débarquement de 1942 au Maroc.
Les sports militaires
Au cabinet du ministre des Armées, en 1951, André Devigny assure la direction des sports militaires, du bataillon de Joinville et de l’Ecole de Haute montagne de Chamonix. Il s’attache à développer les synergies entre les valeurs sportives et militaires, puis engage résolument les sports militaires dans de nombreuses compétitions internationales. Il est élu président du CISM (Comité International des Sports Militaires) à l’unanimité des 23 nations adhérentes.
L’Algérie
Colonel, chef de secteur opérationnel dans le sud algérien de 1955 à 1962, André Devigny est de nouveau blessé au combat en mai 1959. Son efficacité opérationnelle est remarquée, mais aussi ses qualités d’administrateur et d’homme de paix, lesquelles lui ont valu, durant près de trois décennies, les visites régulières à domicile de délégations de nomades sahariens venus lui soumettre les divers problèmes de leur collectivité. Durant la tragique période d’achèvement du conflit, il prend position pour la légalité républicaine.
Les défis des années soixante
Rentré en métropole, il dirige la préparation militaire supérieure de Paris et la préparation militaire parachutiste pour l’ensemble du pays. Le Général de Gaulle le nomme également haut magistrat à la Cour de sûreté de l'État, où ses positions modérées et pragmatiques sont appréciées par toutes les parties.
Il est affecté en 1965 au cabinet du chef d’état major de l’Armée de Terre en tant que Directeur du « Service Action » du SDECE (Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage) avec direction de la délégation annuelle française au comité allié.
Il met en œuvre la réorganisation de grande ampleur nécessitée par la nouvelle donne internationale. Les missions du « Service Action » dans un contexte d’enjeux majeurs et de tensions exacerbées au Moyen Orient, dans le Pacifique, en Afrique, et à l’Est, ont porté très haut les responsabilités confiées par l’Etat à André Devigny.
Par ailleurs, il s’attache avec opiniâtreté à faire admettre l’importance de préparer la guerre clandestine dès le temps de paix.Promu Général en 1971, il se retire ultérieurement dans sa Haute-Savoie natale d’où, à l’occasion de nombreuses interventions publiques, il adresse aux jeunes générations un message martelant la valeur de l’exemple et le prix de la liberté.
Une suite ininterrompue d’actions et d’engagements pour l’honneur de la France, plusieurs blessures, 12 citations, les distinctions de Compagnon de la Libération et de Grand Officier de la Légion d'Honneur, de nombreuses décorations étrangères, ponctuent un parcours militaire exceptionnel.
Décédé en février 1999, il est inhumé au petit cimetière d’Hauteville-sur-Fier (Haute-Savoie).
Catégories :- Militaire français du XXe siècle
- Général français
- Personnalité de la France libre
- Résistant français
- Compagnon de la Libération
- Naissance en 1916
- Décès en 1999
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