Les noces de cana (véronèse, 1560)

Les noces de cana (véronèse, 1560)

Les Noces de Cana (Véronèse)

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Les noces de Cana
Paolo Veronese, The Wedding at Cana.JPG
Paul Véronèse, 1562-1563
huile sur toile
666 × 990 cm
musée du Louvre

Les Noces de Cana est un tableau de Paul Véronèse actuellement conservé au musée du Louvre, à Paris.

Sommaire

Histoire

Le tableau est commandé le 6 juin 1562 par les bénédictins du monastère San Giorgio Maggiore, situé sur l'Île de San Giorgio Maggiore, à Venise. Il est destiné au réfectoire du monastère, dont Palladio vient d’achever cette même année la rénovation. Le contrat précise que Véronèse pourra peindre autant de figures qu’il sera possible d’en faire entrer dans le tableau, une formule sans doute suggérée par Véronèse lui-même. Il précise encore que le tableau devra être « de même largeur et de même hauteur que le mur de face, l’occupant tout entier. » Véronèse doit avoir achevé le tableau pour le 8 septembre 1563. Il reçoit paiement de la somme de 300 ducats le 6 octobre 1563 « pour le grand tableau fait dans le réfectoire des révérends pères de de San Giorgio Maggiore [1] ».

Le tableau en France

Le tableau fait partie des œuvres d’art pillées par l’armée d'Italie du général Bonaparte lors de la campagne d'Italie. Le 31 juillet 1798, les Noces de Cana entrent au Muséum Central des Arts, l’actuel Musée du Louvre. Elles sont exposées au premier étage, dans l'actuel Salon Carré.
En 1815, l’Autriche, puissance occupante de l’Italie, réclame le retour à Venise des Noces de Cana. Vivant Denon parvient à convaincre le commissaire autrichien que la fragilité de la toile rendrait son transport très difficile. L’Autriche reçoit en échange du tableau de Véronèse, La Madeleine chez le pharisien de Charles Le Brun « pour le suppléer dans le réfectoire du couvent des Bénédictins de San Giorgio Maggiore[2] ».

En 1870, le tableau est mis en sécurité à l’Arsenal de Brest. Il est de retour au Louvre l’année suivante. En 1939, on décide d'évacuer une partie des collections du Louvre vers le sud de la France. C'est ainsi qu'une caisse contenant les Noces de Cana est chargée sur une remorque louée à la Comédie Française en direction de Chambord (une autre caisse contient Le Sacre de Napoléon de David), puis de Louvigny et de l' Abbaye de Loc-Dieu[3]. En novembre 1942, le tableau retourne au Louvre. En 1947, la commission de restauration juge le tableau en bon état, malgré un « arrachement de la peinture le long du bord de la colonne de gauche (...) du à l‘affaissement du cylindre sur lequel le tableau était enroulé[4] ».

La restauration

Les Noces de Cana , détail du personnage au centre du tableau portant un habit rouge avant la restauration

De 1990 à 1992, le tableau connaît une restauration assez médiatique. À cette occasion, le tableau subit un accident grave (une partie de la toile s'effondre) qui retarde les travaux, mais c'est un autre incident qui fait débat : la découverte que le manteau d'un des personnages n'a pas toujours été de la même couleur. La question est de savoir si la couleur connue du public jusqu'ici était un repentir ou un repeint (une restauration sauvage d'un siècle précédent).

Alors que la restauration s'achevait, l'avocat Arno Klarsfeld et la top-model Carla Bruni ont milité pour le retour du tableau dans le réfectoire des bénédictins de San Giorgio Maggiore à Venise. Leur combat, bien que très médiatisé, n'a pas abouti.

Description physique du tableau

Avec son format impressionnant de 666 x 990 cm, Les Noces de Cana est sans doute le plus imposant des tableaux anciens présents dans les collections nationales françaises, et en tout cas, de celles du Louvre. La hauteur de 666 centimètres n'est pas un clin d'œil à l'Apocalypse de saint Jean mais une pure coïncidence, puisque le système métrique n'existait pas à l'époque de Véronèse (666 cm = 3 toises,  2 pieds et 6 pouces).

Les personnages

On y dénombre 132 personnages, dont certains sont des portraits de personnes ayant existé, comme Pierre l'Arétin.

Au centre de la tablée, à l'endroit que devraient occuper les mariés se trouvent Jésus et Marie, sa mère. Tout deux sont nimbés d'une auréole dont celle du Christ est la plus lumineuse. Les mariés, eux, sont à l'extrême gauche de la toile, relégués au bout de la table.

Le poète Marco Boschini, est le premier, au milieu du XVIIe siècle, à interpreter le groupe de musiciens qui se trouve au centre du tableau comme des portraits de Véronése, Bassano, le Tintoret, et le Titien[5]: Véronèse, une viole de gambe à la main, Bassano, tenant un cornet droit, Tintoret avec un petit violon, et le Titien avec une basse de viole. Cette séduisante interprétation se heurte au peu de ressemblance des musiciens des Noces de Cana avec les autoportraits peints par ces peintres[6].

Analyse

Insistant sur la fête que constituent des noces plus que sur la lourde symbolique qu'impose l'illustration de textes issus de l'Évangile, Véronèse semble se complaire dans une ivresse toute vénitienne (on disait des Vénitiens qu'ils croyaient « énormément en saint Marc, assez en Dieu et peu ou pas du tout au pape »), ultra-moderne (certains éléments d'architecture sont empruntés à des bâtiments créés par Palladio l'année même) et cosmopolite (sont mêlés vêtements orientaux et occidentaux).

Interprétation religieuse

Véronèse a choisi de représenter le banquet des noces à la fin duquel Jésus transforme l'eau en vin. Ce premier miracle du Christ marque son entrée dans la vie publique. La toile est très fidèle à l' Évangile de Jean (I;I-II)). La seule différence vient du fait que le peintre transpose le banquet dans un contexte vénitien qui lui est contemporain.

Malgré ses couleurs chatoyantes et sa foule joyeuse, le tableau de Véronèse contient sa part d'ombre. Plusieurs signes renvoient à la finitude de l'homme.

Sur la table de musique, au centre du tableau, un sablier est posé. Il souligne ainsi l'idée du temps qui passe et ne se rattrape pas. La musique jouée par l'orchestre prend alors un sens : une forme de mise en garde à l'attention des convives.

À l'exact centre de la toile, juste au-dessus de la tête de Jésus de Nazareth, se trouve un morceau d'agneau qu'un boucher découpe alors que sur la table le dessert est déjà en train d'être servi. Ce détail annonce le futur sacrifice de Jésus. Jésus est en effet l'agneau sacrificiel, Agnus Dei.

Juste à côté de la figure du Christ est représentée sa mère, Marie, qui porte un voile noir préfigurant le deuil prochain de son fils. Du doigt elle désigne un verre vide. Ainsi, elle incite Jésus à accomplir son premier miracle.

La transformation de l'eau en vin annonce le passage de l'Ancienne Loi, celle des Hébreux qui se purifiaient par l'eau dans les Temples, à la nouvelle Loi, celle du Christ qui se fera dans le sang lors de la Crucifixion, nouvelle Loi d'amour et de sacrifice.

Notes et références

  1. Reçu conservé aux Archivio di Stato di Venezia
  2. Lettre du 29 septembre 1815 de Vivant Denon à M. le comte de Pradel.
  3. Germain Bazin, Souvenirs de l'éxode du Louvre, 1940-1945, Somogy, 1992.
  4. Les déplacements et les restaurations successives in : Les Noces de Cana de Véronèse, ed. Réunion des Musées Nationaux, 1992
  5. Marco Boschini, Le ricche minere della pittura veneziana, Venise, Francesco Nicolini, 1664.
  6. Quand on en posséde, puisqu'il n'existe pas de portrait certain de Véronèse.

Bibliographie

  • Habert, Jean. Volle, Nathalie. Les Noces de Cana de Véronèse, ed. Réunion des Musées Nationaux, 1992 - ISBN 2711826627
  • Huguenin, Daniel. Le nain des Noces de Cana de Véronèse, ed. Complicités, 2001 (coll. Collection privée) - ISBN 2910721418

Liens externes

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