Les filles du feu

Les filles du feu

Les Filles du feu

Les Filles du feu

Illustration de Les Filles du feu

Édition de 1856


Auteur Gérard de Nerval
Genre Recueil de nouvelles ; recueil de poésies
Pays d'origine France
Éditeur D. Giraud, Paris
Date de parution 1854

Les Filles du feu est un recueil de nouvelles et de poésies écrites par Gérard de Nerval qui a paru en janvier 1854, alors que Nerval est interné dans la clinique du docteur Émile Blanche à Passy. Il se compose d’une dédicace à Alexandre Dumas, de huit nouvelles : Angélique, Sylvie, Chansons et légendes du Valois, Jemmy, Octavie, Isis, Corilla, Emilie, et d'un ensemble de douze sonnets placés à la fin du recueil : Les Chimères.

Genèse

La genèse (création) de cette œuvre est complexe. Selon Michel Brix, rédacteur de l’introduction à l’édition en classique de poche des Filles du feu, Nerval aurait demandé à son éditeur le 23 octobre 1853 de commencer d’imprimer un opuscule alors intitulé Mélusine, ou les Filles du feu et qui se serait composé de cinq histoires, dont trois seulement feront partie du volume définitif, Jemmy, Angélique et Rosalie (sans doute le nom provisoire d'Octavie). Au cours du mois de novembre 1853, Nerval déclare vouloir y joindre la Pandora. Puis, en décembre, Nerval annonce à son éditeur qu’il veut également insérer Sylvie (qui avait paru dans la Revue des deux mondes du 15 août 1853) ainsi que Émilie (qui avait paru en 1839 dans Le messager, sous le titre Fort de Bitche). Le recueil paraît finalement en janvier, sous la forme que l’on connaît. La Pandora est donc finalement abandonnée, mais Isis et Corilla viennent compléter les cinq histoires déjà citées. Les Chimères sont ajoutées, et prennent place à la fin du recueil.

Angélique

Angélique est un récit à la première personne composé de douze lettres adressées à M.L.D. Ces initiales, qui signifient Monsieur le Directeur, indiquent que le narrateur écrit pour un journal. Nerval, avec Angélique, opère une réécriture d’un de ses Média:textes paru en 1850 dans le journal le National, qui s’intitulait les Faulx Saulniers. S’il est possible de distinguer des épisodes dans le récit (errance du narrateur dans Paris, histoire d’Angélique, errance dans le Valois), il est difficile de dégager une véritable homogénéité dans la structure du texte. Cette œuvre se caractérise avant tout par une abondance de digressions du narrateur et par l’intégration de nombreux textes complémentaires au récit à proprement parler comme le journal d’Angélique. De cela résulte, au sein de ce qui apparait de prime abord comme un roman autobiographique, un véritable mélange des genres. (amendement Riancey) (volonté d’achever quête) Angélique de Longeval, grand-tante d'une personne recherchée par le narrateur, vivant dans un château, s'enfuit un beau jour avec celui qu'elle appelle "son mari" : La Corbinière. Ils se réfugient en Italie où nait leur fils. La Corbinière mourra d'une maladie après avoir vendu les meubles de leur maison au jeu, laissant Angélique dans l'embarras. Elle rentrera chez sa mère, qui rejoindra son père au ciel peu de temps après son retour. On n'en sait pas plus à ce stade de la lecture sur Angélique de Longeval. (à poursuivre)

Sylvie

Un entrefilet dans un journal plonge brutalement le narrateur dans des souvenirs de fêtes villageoises près de Senlis (Oise). Il décide de quitter Paris sur l’heure et au cours du trajet qui le mène à Loisy, il se remémore sa jolie compagne d’alors, la brune Sylvie, et la mystérieuse Adrienne, aperçue un soir au milieu d’une ronde de jeunes filles, et jamais oubliée depuis.

Les années ont passé, néanmoins, et sitôt arrivé, le narrateur ne peut que constater le naufrage du temps : Sylvie se moque gentiment de ses obsessions et si l’ombre d’Adrienne plane encore non loin de l’abbaye de Châalis, elle est morte depuis longtemps déjà. Seul le narrateur poursuit ses chimères et prétend confondre l’actrice Aurélie dont il est épris avec ce fantôme. Alors peut-être la sage Sylvie le sauverait-elle en lui offrant une vie sans nuages ? Mais elle est gantière et en voie d’épouser un pâtissier.

La construction de cette brève nouvelle est très habile, ménageant des ponts incessants entre le passé et le présent. Les thèmes chers à Nerval s’y déploient avec une étonnante concentration : le pouvoir rédempteur de la Femme, assimilée à la Mère trop tôt perdue; les charmes d’une province oubliée par le temps, parsemée de châteaux magiques et de bois profonds hantés du souvenir de Jean-Jacques Rousseau, qui passa là ses dernières années; les sortilèges du rêve enfin, et de la mémoire, par lesquels le narrateur oppose sa formelle défiance à l’arrogance du réel..

Chansons et légendes du Valois

Jemmy

Après maintes réflexions et plusieurs aventures, Jemmy (Irlandaise) et Toffel (Allemand) se marient. Mais lors d'une promenade en cheval, Jemmy se fait kidnapper par les Indiens. Toffel, amoureux passera des années à la chercher avec ses troupes, en vain. C'est des années plus tard qu'elle réapparait et surprend son mari avec Marie Lindthal, une précédente concurrente. Jemmy n'a dès lors plus rien: ses parents ont décédé durant son absence, ses frères et soeurs partis à l'étranger, et son fils ne la reconnait plus. C'est pourquoi, la jeune femme décide de retourner chez les sauvages et se marie avec Tomahawk.

Octavie

Le narrateur se dit attiré par l’Italie. Il s’arrête d’abord à Marseille. Tous les jours, il rencontre une jeune fille anglaise, Octavie, à la mer. Le narrateur part pour l’Italie. Un soir, alors qu’il est au théâtre, il aperçoit Octavie. Le lendemain matin, ils se parlent. Elle lui donne rendez-vous au « Portici ». Le soir, il va voir un ballet et il est invité à prendre le thé. Plus tard, il fait la rencontre d’une femme qui devient un amour contrarié, la rencontre se produit comme dans un « rêve ». Il en parle dans une lettre qu’il a adressée « à celle dont [il] avai[t] cru fuir l’amour fatal en [s’]éloignant de Paris. » Il se rend à son rendez-vous. Visite de Pompéi. Se rappelant son amour contrarié, il finit par renoncer à Octavie. Dix ans plus tard, le narrateur revient à Naples, revoit Octavie : celle-ci est mariée avec un peintre célèbre qui est totalement paralysé. « La pauvre fille [Octavie] avait dévoué son existence à vivre tristement entre son époux et son père [qui est aussi paralysé] ». Vivement vexé, le narrateur repart à Marseille...

Isis

Corilla

Il s'agit d'une nouvelle représentée en pièce de théâtre. Fabio, amoureux de Corilla, engage Mazetto à transmettre ses lettres à la destinataire, et à en recevoir des informations. Un jour il obtient un rendez vous avec sa bien aimée. elle est très ouverte et semble aimer Fabio. L'homme est donc surpris par la réaction de Corilla, il commence à douter. Un jour il la surprend avec Marcelli. Il croit donc avoir à faire à une traîtresse, qui se joue de lui. La vérité est que Mazetto n'a pas remis les lettres à Corilla. Et c'est une simple bouquetière qui a joué le rôle de Corilla pour tromper le seigneur. Après avoir écouté les deux hommes, Corilla rétablit la paix et les invite à souper.

Émilie

Des hommes parlent de Desroches et s'interrogent sur sa mort. Certains le critique prétextant un suicide. L'abbé commence à narrer l'histoire de cet homme. Desroches était rentré dans un régiment dès l'âge de quatorze ans. Un jour, alors qu'il fut nommé lieutenant, il reçut un coup de sabre qui allait le rendre fou et malheureux s'il s'en sortait, affirmaient les chirurgiens. Durant son repos il rencontra Emilie. Ils décidèrent alors de se fiancer. Un jour Desroches expliqua que c'est en tuant un homme, l'unique « de sa propre main » qu'il gagna sa lieutenance; pourtant il n'en était point fière. Par la suite, Desroches rencontra le frère de son épouse: Wilhelm qui un jour narra l'assassinat de son père à des officiers. L'un deux reconnu dans son histoire, celle de Desroches et spontanément il lui en fit part. Wilhelm comprit alors que l'assassin de son père était son beau frère. Par conséquent il voulait venger son père en duel contre Desroches, qui refusa immédiatement. Pour finir, l'homme se retira et parti dans un régiment, où il trouva la mort peu de temps après.

Les Chimères

Les Chimères forment un ensemble de douze sonnets : El Desdichado, Myrtho, Horus, Antéros, Delfica, Artémis, Le Christ aux Oliviers, Vers dorés (Le Christ aux Oliviers comporte à lui seul cinq sonnets). Le nombre 12 semble avoir été choisi à dessein par Gérard, selon une symbolique traditionnelle.

Les Chimères ont marqué l’histoire de la poésie française par le langage qui s’y développe et par la force poétique qui en émane. C’est une langue claire dont la signification est obscure. Beaucoup de critiques se sont penchés et se penchent encore sur ces poèmes afin notamment de discuter de la présence de clefs supposées, généralement symboliques ou ésotériques. Certaines de ces clés sont évidemment biographiques : El Desdichado fait allusion aux deux crises nerveuses traversées par Gérard, Delfica garde le souvenir de la jeune Anglaise rencontrée dans la baie de Naples... Mais l’inspiration des Chimères, le poète la puise dans ce syncrétisme qui a toujours marqué sa pensée : grand lecteur des œuvres ésotériques des alchimistes, des illuministes ou de certains philosophes, il nourrit ses vers d’une intuition panthéiste et mystique qu’il justifiera dans le dernier poème du recueil, Vers dorés : Homme, libre penseur ! Te crois-tu seul pensant / Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ?

À la lecture de sa dédicace à Alexandre Dumas, il apparaît que Nerval revendique cet hermétisme. Il y écrit en effet que les poèmes des Chimères perdraient de leur charme à être expliqués, si la chose était possible, concédez-moi du moins le mérite de l’expression ; - la dernière folie qui me reste sera de me croire poète : c’est à la critique de m’en guérir. À ce titre, Nerval annonce Mallarmé et l’esthétique surréaliste.

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