- Les Déportés du Cambrien
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Les Déportés du Cambrien Auteur Robert Silverberg Genre Science-fiction
Voyage dans le tempsVersion originale Titre original Hawksbill station Éditeur original Doubleday & Company, Inc., New-York Langue originale Anglais américain Pays d'origine États-Unis Date de parution originale 1967 Version française Traducteur Guy Abadia Éditeur Robert Laffont Collection Ailleurs et Demain Date de parution 1978 Type de média Livre papier Nombre de pages 216 ISBN 2-221-00109-5 Les Déportés du Cambrien (titre original : Hawksbill Station) est un roman de science-fiction de Robert Silverberg qui a été publié pour la première fois en 1967 (1978 pour la traduction française). Cette œuvre a été nominée pour un prix Nebula (1967) et un prix Hugo (1968).
Sommaire
Résumé
En 1984, les États-Unis tombent sous le régime de la « syndicature », qui est tout à la fois capitaliste, centralisatrice et isolationniste (voire xénophobe). Peu après, le physicien et mathématicien Hawksbill découvre les bases théoriques qui vont rendre possible le voyage du présent vers le passé, tout retour étant à ce moment considéré comme physiquement impossible. Plus tard, un changement de dirigeant amène un durcissement du régime. Les opposants sont arrêtés et emprisonnés les uns après les autres. Pour se débarrasser des plus encombrants et dangereux d'entre eux, la syndicature établit une station de réception au Cambrien, "un milliard d'années avant notre ère" (sic). Les uns après les autres, elle y envoie des condamnés qui n'ont aucun espoir de retour. Ainsi se crée Hawksbill Station, à proximité d'une mer de faible profondeur.
Tout y est désolation. Même la composition de l'air et la couleur du ciel sont différents. Seule existe une vie marine rudimentaire. Pour les exilés, l'environnement constitué uniquement de roches nues et glissantes est hostile et inhospitalier. En effet, en cette ère paléozoïque, les végétaux et animaux terrestres ne sont pas encore apparus.
Bien que le futur leur envoie aléatoirement des produits de première nécessité tels que nourriture, outils et médicaments, les déportés doivent lutter pour survivre. Ils aménagent des cabanes et s'occupent à des tâches qui trompent leur ennui et leur donnent un but, telles la construction d'un escalier creusé dans le roc reliant Hawkbill Station à la plage, la pêche, ou encore des expéditions maritimes sur la mer intérieure. Mais comme ils vivent là sans femmes, sans réelle structure sociale, plusieurs détenus se retranchent dans l'évocation obsessionnelle de leurs souvenirs. Certains tombent progressivement dans la dépression et la folie, parfois jusqu'à la mort.
Les déportations se succédent ainsi pendant vingt-cinq ans. Jusqu'à l'arrivée de Lew Hahn, un homme jeune et énigmatique, qui n'a pas le profil d'un prisonnier politique. Qu'est-il réellement ? Un espion ? La réponse à cette question va bouleverser la vie des prisonniers du passé...
Commentaire
Les Déportés du Cambrien fait l'éloge du courage, de la tenacité, de la sollicitude. En effet, ces qualités sont partagées par la plupart des exilés. Sans elles, plusieurs n'auraient pas survécu.
Par ailleurs, le roman se veut une incursion dans le monde du militantisme politique clandestin. Le lecteur y rencontre des personnages fortement typés (par exemple, Bernstein, Hawksbill) ou complexes (Barrett). Le lecteur pourra y voir une critique de l'individualisme : en dépit de leur situation, qui devrait en principe les rendre solidaires, ils arrive que les déportés fassent preuve d'égoïsme. Par ambition, plusieurs trahiront leurs principes.
Personnages
Le héros
- Jim Barrett : Il commence à militer dès l'âge de 16 ans. Son enthousiasme pour la cause, qui est mitigé au début, augmente avec les années. Progressivement, il devient ainsi l'un des principaux responsables de son organisation, le Front de Libération Continentale. Toutefois, il ne se départira jamais de son attitude à la fois pragmatique et responsable.
À 38 ans, Barrett est arrêté et détenu pendant 20 mois par la syndicature. Déporté à Hawksbill Station, il y devient le «chef» non nommé des exilés. Le roman débute alors qu'il est exilé au Cambrien depuis vingt ans. C'est un personnage fort. Malgré un accident qui le prive de l'usage d'une jambe, il reste sain d'esprit et continue à se préoccuper de ses compagnons.
Les déportés
- Ned Altman, le seul déporté ayant travaillé pour le gouvernement ;
- Ken Belardi, nihiliste, lui et Norton discutent fréquemment de politique ;
- Sid Hutchett, au moyen de l'informatique, il fit mal paraître la syndicature ;
- Don Latimer, il est physicien de formation. À Hawksbill Station, il habitera la même cabane que Hahn. Il tentera de s'«évader»en recourant à des pouvoirs extra-sensoriels ;
- Charley Norton, «krouchtchévien» dogmatique aux tendances «trotskysantes» ;
- Norman Pleyel, pendant longtemps, il milita avec Barrett. Non seulement il était plus âgé que ce dernier, mais il suscitait son admiration. Pour Barrett, Pleyel était un être posé, réfléchi. Une fois exilé, Pleyel rendra l'âme ;
- Quesada, à Hawksbill Station, il fait office de médecin et de chirurgien. Ses qualifications : une expérience de travail dans un laboratoire de recherche médicale ;
- Mel Rudiger, militant, il était anarchiste. Ironiquement, il collectionnera les trilobites du Cambrien ;
- Bruce Valdosto, lui et Barrett militèrent ensemble. À cette époque, son rôle consistait à poser des bombes. Suite à sa déportation, il devint psychotique.
Les autres
- Jack Bernstein, activiste revanchard, il se préoccupe peu de morale. Jeune, il fut le copain de Barrett. Aussi, il l'intéressa à la politique. Avec les années, les militants le verront de moins en moins. Puis, la syndicature l'engagera : il sera responsable des interrogatoires. Lorsque Barrett sera arrêté, Bernstein lui arrachera des aveux ;
- Lew Hahn, en arrivant à Hawksbill Station, il suscitera l'étonnement. Il se montrera calme et très secret. Bientôt, il sera surpris à inspecter le «Marteau» (l'aire d'« arrivée » des déportés). Questionné par Barrett, il révélera l'impensable : la possibilité de regagner le futur ;
- Edmond Hawksbill, c'est un génie des mathématiques. Bien qu'opposé au gouvernement, il s'intéresse surtout aux voyages dans le temps. Grâce à ses calculs, ceux-ci deviendront possibles ;
- Janet, petite amie de Barrett, elle fut arrêtée par la syndicature. Par la suite, Barrett ne la revit jamais.
Citations
Les numéros de page ci-dessous correspondent à l'édition de 1978 (Éditions Robert Laffont).
- « Ils apportaient des nouvelles de l'avenir de ce monde dont une éternité les séparait », p. 14;
- « Ni encombrements, ni embouteillages, ni surpopulation. Il y a juste un peu de mousse par-ci, par-là mais pas trop », p. 32;
- « Ainsi, nous ne pouvions tomber par hasard sur l'ancêtre supposé de toute l'humanité et le zigouiller », p. 33;
- « Et les lacunes de leurs connaissances n'étaient pas faciles à combler quand leur seul lien avec la civilisation de Là-bas était un moyen de transport à sens unique », p. 101;
- « Dans ce monde sans vie où la présence de l'homme était déjà en soi une hérésie, la solitude et l'inaction faisaient d'effroyables ravages », p. 135.
Analyse diverses
Un millard d'années ?
- Robert Silverberg positionne Hawksbill Station au Cambrien, "un milliard d'années" avant notre ère. Or le Cambrien, qui est la première des six périodes du Paléozoïque, s'étend en réalité de -542 à environ -488 millions d'années. Un milliard d'années dans le passé correspond en réalité au Tonien, la première période du Néoprotérozoïque. L'auteur commet donc une erreur du simple au double. Peut-être est-elle imputable au fait que ce roman fut écrit en 1967, avant que soient fixées définitivement la durée des périodes géologiques...
Voyage dans le temps
- Le voyage dans le temps est l'un des grands thèmes de la science-fiction. Dans le roman, il est initialement possible au moyen d'une sorte de transmetteur, et uniquement dans le sens du "présent" vers le "passé". L'auteur explique que le récepteur de Hawksbill Station, qui seul permet de garantir une date et un emplacement d'arrivée précis, a été envoyé au Cambrien en pièces détachées, et qu'il a été monté sur place par les déportés eux-mêmes. Par ailleurs, l'auteur n'aborde pas réellement la question des paradoxes temporels que pourraient potentiellement générer une colonie pénitentiaire située dans un lointain passé.
Bibliographie
- Robert Silverberg (trad. Guy Abadia), Les Déportés du Cambrien, Éditions Robert Laffont, coll. Ailleurs et Demain, Paris, 1978 (ISBN 2-221-00109-5)
- Robert Silverberg (trad. Guy Abadia), Les Déportés du Cambrien, Éditions J'ai lu n° 1650, coll. Science-Fiction - Texte intégral, Paris, 1984 (ISBN 2-277-21650-X)
- Robert Silverberg (trad. Guy Abadia), Les Déportés du Cambrien, Éditions Le Livre de poche, coll. Science-fiction,, Paris, 2002 (ISBN 2-253-07242-7)
Catégories :- Roman de science-fiction américain
- Roman de Robert Silverberg
- Roman paru en 1967
- Voyage dans le temps en littérature
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