Pain de munition

Pain de munition

Le pain de munition est le pain que mangent les soldats selon les usages et règlements de leur armée. Longtemps base de l'alimentation des populations, la qualité et la quantité du pain disponible étaient, surtout en cas de conflit, un facteur contribuant à la réussite des missions, au succès des batailles.

Sommaire

Histoire antique

La distribution de pain aux soldats remonte à l'Antiquité égyptienne.

À l'époque romaine, le panis castrensis est d'abord fabriqué par le soldat lui-même à partir des céréales qu'on lui donne ; par la suite il reçoit le pain déjà cuit mais en petites quantités.

France

En France, la distribution du pain de munition dépendait en 1574 des munitionnaires généraux, les « généraux des vivres ». La première ordonnance sur le pain de munition date de 1588 et prescrit que chaque fantassin a droit à deux pains de 12 onces par jour ; les cavaliers n'ont droit à ce pain qu'en temps de guerre. À partir de 1633, les militaires de toutes les armes en reçoivent mais il ne devient gratuit qu'en 1700. Jusqu'à cette gratuité, il est courant d'effectuer des retenues sur solde pour le paiement du pain, ce qui provoque fréquemment des révoltes dans les garnisons car le pain de munition coute plus cher que celui vendu au marché. D'autres abus existent : privation de pain le 31 du mois, défaut de qualité, et insuffisance de la ration qui provoque les désertions.

La composition du pain varie selon les époques. En 1790, il est fait à 75 % de froment et 25 % de seigle, sans extraction de son. Les 25 % sont peu après de seigle ou d'orge blutés, et la ration est de 750 gr.

Pour parer la difficulté de distribuer le pain préparé aux soldats, Napoléon tente d'en revenir au système romain de distribution de blé en nature, mais sans succès car l'utilisation de moulins portatifs pose le problème insoluble de la suppression du blutage et parce qu'on considère comme immangeable un pain dont on n'aurait pas extrait le son.

En 1852, des soldats des garnisons de Paris et d'autres garnisons importantes sont quotidiennement hospitalisés pour affections intestinales dues à l'altération du pain de munition. Une commission d'enquête est diligentée par le ministre de la Guerre et conclut que le pain de munition dégoute les hommes dans toutes les casernes car une poussière rougeâtre et fétide en émane. L'origine de l'altération est une « végétation de cryptogames rouges dont les germes se trouvent dans le son et qui tirent leur aliment du pain lui-même[1]. Le développement de cette moisissure est fonction de l'humidité et de la chaleur, or la température s'était élevée jusqu'à 40 °C dans les baraquements de Paris et de plus on recouvrait alors le pain de munition avec du son. Un décret est pris en 1853 et la composition exclut le mélange de seigle ou d'orge au profit du seul blé tendre bluté au taux d'extraction de 20 kg de son pour 100 kg de farine brute. Le pain de munition comprend alors deux rations de 750 gr ; une vérification du poids est effectuée de manière aléatoire et les pains de moins de 1 450 gr sont exclus de la distribution. Il doit être de forme ronde avec quatre baisures maximum, bien cuit mais non brulé, de saveur agréable et sans odeur de levain ou de poussière ; il doit être proche par l'aspect et le gout de celui qu'on achète dans le civil mais on le distribue rassis de 16 à 24 heures.

Outre le pain de munition, les militaires français fabriquent du « pain biscuité » (mi-pain de munition, mi-biscuit de mer), du « pain de soupe » qui doit être payé par le soldat et du « pain d'hôpital », de pur froment et bien cuit, dont la ration de 750 gr s'appelle « portion ».

En Angleterre

Le pain de munition comporte 10 onces de moins qu'en France mais par compensation la ration de viande est plus élevée.

Source

Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1874

Notes et références

  1. Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1874

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Pain de munition de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Pain de munition — ● Pain de munition autrefois, pain en forme de boule, fourni aux soldats …   Encyclopédie Universelle

  • munition — [ mynisjɔ̃ ] n. f. • 1532; « place fortifiée » XIVe; lat. munitio, de munire « munir » 1 ♦ Vx Ensemble des moyens de subsistance (munitions de bouche ⇒ 2. vivre) et de défense (munitions de guerre) dont on munit une troupe, une place. Mod. Pain… …   Encyclopédie Universelle

  • pain — [ pɛ̃ ] n. m. • 1050; pan 980; lat. panis 1 ♦ Aliment fait de farine, d eau, de sel et de levain, pétri, fermenté et cuit au four (le pain, du pain); masse déterminée de cet aliment ayant une forme donnée (un pain). Pâte à pain. Faire du pain.… …   Encyclopédie Universelle

  • pain — PAIN. s. m. Aliment ordinaire fait de farine pestrie & cuite. Bon pain. mauvais pain. pain bis. pain blanc, bis blanc. pain noir. pain tendre. pain frais. pain rassis. pain dur. pain salé. pain sans levain. pain de froment. pain de segle. pain d… …   Dictionnaire de l'Académie française

  • munition — Munition. s. f. v. Provision des choses necessaires dans une armée, ou dans une place de guerre. Munitions de guerre. la place estoit pourveuë de munitions de guerre & de bouche. on manquoit de munitions, de toutes sortes de munitions. On appelle …   Dictionnaire de l'Académie française

  • Munition — Schéma de principe de la munition d une arme à feu et de la plupart des canons ; 1 balle ou obus (lui même chargé d explosif ou d un toxique chimique), 2 Douille ou étui, 3 Charge propulsive (nitrate en général) , 4 culot, 5 amorce …   Wikipédia en Français

  • munition — (mu ni sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f. 1°   Au pluriel. Chose dont on munit. Munitions de guerre et de bouche. •   Elle abandonne pour avoir des armes et des munitions, non seulement ses joyaux, mais...., BOSSUET Reine d Anglet..    Fig …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

  • MUNITION — s. f. Provision des choses nécessaires dans une armée ou dans une place de guerre. Il s emploie surtout au pluriel. Munitions de guerre. La place était pourvue de munitions de guerre et de bouche. On manquait de munitions, de toute sorte de… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 7eme edition (1835)

  • PAIN — s. m. Aliment fait de farine pétrie et cuite. Bon pain. Mauvais pain. Pain bis. Pain blanc, bis blanc. Pain noir. Pain tout chaud. Pain tendre. Pain frais. Pain rassis. Pain dur. Pain salé. Pain sans levain. Pain de froment, de seigle, d orge,… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 7eme edition (1835)

  • PAIN — n. m. Aliment fait de farine pétrie et cuite au four. Pain blanc. Pain tendre. Pain frais. Pain rassis. Pain dur. Pain sans levain. Pain de froment, de seigle, d’orge, etc. Pain long. Pain rond. Pain fendu. Miche de pain. Gros pain. Petit pain.… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”