- Le supplice du santal
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Le Supplice du santal
Le Supplice du santal est un roman de l'écrivain chinois Mo Yan. Publié en 2001, il n'a été traduit qu'en 2006 en français, aux Editions du Seuil.
Dans le canton de Gaomi, Meinang, la plus belle femme du pays, voit son père, Sun Bing, se faire arrêter par son amant, le sous-préfet Qian Ding. Son mari, Petit-Jia, est appelé pour assister le bourreau Zhao Jia, son propre père et donc le beau-père de Meinang. C'est eux qui vont mettre à mort Sun Bing, selon l'ancien rite du supplice du Santal - et tout cela pour satisfaire les Européens qui construisent un chemin de fer. La suite n’est qu’une rumeur, celle des souvenirs et de la vie en fuite.
"Construit comme un opéra classique chinois, Le supplice de Santal explore toutes les formes de l’agonie, celle qui vocifère et celle qui se tait." (Nils C. Ahl, in Le Monde des Livres, Avril 2006). Un jeu subtil entre les formes narratives, celles de l'opéra chinois à voix de chat, des styles grotesques et excessifs quasi shakespearien et une sobriété problématique autant que surprenante, l'auteur donne de la voix à toutes les voix tues de l'agonie et du théâtre. C’est l’instrument du supplice qui compte, bien plus que le supplice lui-même. Le bruit, la contradiction, la superposition des registres est toute l'énergie du texte dissonant et fantastique. Petit Jia, boucher pathétique, vraisemblablement idiot (mais la bêtise est l'un des chemins de la sagesse) pousse de joyeux « miaous » à tout propos. Sun Bing, chanteur finissant à voix de chat n’est qu’un « théâtreux », dont la révolte se résume à un concours de barbe : c’est à qui a la plus belle, la plus grande, la plus drue. "Meinang, passionaria aux grands pieds, fragile et grincheuse, n’est qu’une demi-mondaine à peine courtisane, dont les bruyantes menaces n’ont aucun effet – et dont le corps « plus sucré que les melons du Nord-Est » raconte autant les ennuis de province que les idéaux médiocres. Cela finit toujours par des étreintes de couloirs et des cris de cochons qu’on égorge. Exigeant, vociférant, parfois difficile, Le Supplice du Santal est un très beau livre de boucherie et d’honneur. Toujours surprenant, jamais facile, le livre brûle parfois un peu les yeux du lecteur. Et pourtant, on ne s’arrête pas de lire : Miaou, Miaou !" (Nils C. Ahl, in Le Monde des Livres, Avril 2006)
Catégories : Roman chinois | Roman paru en 2001
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