- Le genou de claire
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Le Genou de Claire
Le Genou de Claire est un film français d'Éric Rohmer, sorti en 1970.
C'est le cinquième volet du cycle des Six contes moraux.
Sommaire
Synopsis
Annecy, aux alentours du lac, lors de ses dernières vacances de célibataire, Jérôme, un attaché culturel de 35 ans, se découvre fasciné par une jeune fille, Claire. Il ressent un désir irrépressible de toucher son genou...
Fiche technique
- Titre : Le Genou de Claire
- Réalisation : Éric Rohmer
- Scénario : Éric Rohmer, d’après une idée originale d'Alfred de Graaf
- Production : Barbet Schroeder et Pierre Cottrell pour Les Films du Losange
- Photo : Nestor Almendros
- Son : Jean-Pierre Ruh, Michel Laurent
- Montage : Cécile Decugis
- Format : Couleurs (Eastmancolor) - 1,66:1 - 35 mm
- Durée : 105 minutes (2891 m.)
- Genre : comédie dramatique
- Pays : France
- Sortie : 1970
Distribution
- Jean-Claude Brialy : Jérôme
- Aurora Cornu : Aurora
- Béatrice Romand : Laura
- Laurence de Monagham : Claire
- Michèle Montel : Mme Walter
- Gérard Falconetti : Gilles
- Fabrice Luchini : Vincent
- Sandro Franchina : l'italien du bal
- Isabelle Pons : Lucinde, en photo
Analyse
Jérôme, jeune attaché d’ambassade, est en vacances en juillet sur les bords du lac d'Annecy, un mois avant son mariage. Pour cet être velléitaire et désœuvré, il s'agit d'user les dernières cartouches de la séduction avant la normalisation et son cœur va hésiter entre trois jeunes femmes.
Aurora lui présente Laura jeune lycéenne effrontée de 16 ans, intellectuellement très avancée, mais instable dans la décision finale, remettant en question chaque attaque sentimentale de Jérôme. Elle déstabilise celui-ci qui, lassé, jette son dévolu sur la sublime beauté architecturale que représente Claire, sœur de Laura.
Cette jeune fille blonde et charmante, discrète et un peu lointaine, cache un cœur sans passion, léger et stable, mais qui se satisfait de l’air du temps que représentent ces jours de juillet s’égrenant sans surprises et qu’il faut meubler par des activités simples rythmées par des petits déjeuners au bord du lac et des parties banales de volley-ball.
Indifférente à l’extase d’un regard subjugué elle se contente d’un relationnel amoureux simple avec Gilles. Une nouvelle fois, déstabilisé par ce modèle architectural hors du commun, Jérôme fait le pari avec Aurore de posséder symboliquement ce corps élaboré par la perfection divine en attribuant au genou de Claire le nom de « Pole magnétique du désir ». Il n’a qu’une seule envie bizarre et audacieuse, un seul but, limité : le caresser.
Pourquoi le genou ? Pourquoi, ce geste ? Pourquoi cette fixation ? Il ne peut s'agir d'une réminiscence littéraire ou poétique, car si les poètes ont souvent chanté la femme, ses yeux, sa bouche, ses lèvres, ses cheveux, son visage, son corps, ses épaules, sa gorge, ses seins ... ses jambes, ses pieds, ils ne sont jamais intéressés à ses genoux, à l'exception d'un unique vers de Voltaire : « Contes d'amour d'un air tendre il faisait ... Et du genou le genou lui serrait » et du roman « Comme le temps passe » dans lequel le héros compare avec lyrisme les genoux de sa bien-aimée à des pierres de lunes polie par le torrent.
Toute l'ambition modeste de Jérôme sera désormais d'effleurer ce beau genou générateur d'infinies rêveries et il imaginera divers moyens d'y parvenir, ce qui va lui occuper l'esprit tout l'été. Le contact des mains est une frontière délimitant le refus de l’autre. Impossible d'aller plus loin, les corps sont moraux et tremblent uniquement par le propos. La lumière pureté première de ce site privilégié sublime la démarche somptueuse de Claire ondulant majestueusement le long du lac.
Cette œuvre est magnifique, vivifiante, presque intolérable par son magnétisme. Les paysages sont somptueux, l’air est bon, les promenades de Laura et Jérôme dans la montagne sont une cure de jouvence, la parole et la tendresse communie avec une nature offerte à la contemplation. Les gestes contraints à la retenue valorisent les mots, la philosophie l’emporte sur la détermination d’un baiser furtif avorté.
Claire est une œuvre d’art qu’il ne faut qu’effleurer, ne pas y rechercher une obsession digne du docteur Freud. Pour Jérôme, la possession du corps de Claire ne sera que la longue caresse sur un genou offert temporairement grâce à la complicité bienveillante d'un orage de fin d’après-midi. Finalement sa minuscule victoire lui aura coûté plus d'efforts et d'ingéniosité que celle de Valmont sur la Présidente de Tourvel. Désormais le cœur tranquille, Jérôme satisfait pourra s'en aller se marier. Les faiblesses intellectuelles temporaires de Claire dues à son jeune âge lui interdisent la perception d’un tel geste que seul Jérôme a ressenti dans une plénitude apaisée.
Pour Rohmer qui est un grand admirateur de Marivaux, la conquête en soi n'est pas grand chose, et de fait tout le plaisir est dans la recherche de la stratégie, la plus compliquée possible, dans les jeux subtils de la séduction, dans les ruses, et surtout dans les égarements du cœur et de l'esprit.
Récompenses
- 1970 : prix Louis-Delluc
- 1970 : Prix Méliès
- 1971 : Prix de la critique américaine
- 1971 : Coquille d'Or, Festival de San Sebastián
Lien externe
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