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Le roi se meurt
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TechniquesLe portail du théâtre Le roi se meurt est une pièce de théâtre d'Eugène Ionesco en 1 acte, créée à l'Alliance française le 15 décembre 1962 dans une mise en scène de Jacques Mauclair.
Sommaire
Les personnages et distribution à la création
- Le Roi : Bérenger Ier : Jacques Mauclair
- Marguerite (reine et première épouse) : Tsilla Chelton
- Marie (reine et deuxième épouse) : Reine Courtois
- Le Médecin (chirurgien, bactériologue, bourreau et astrologue) : Marcel Cuvelier
- Juliette (femme de ménage, infirmière) : Rosette Zucchelli
- Le Garde : Marcel Champel
Résumé
Au lever du rideau, le Garde annonce solennellement la Cour, le roi Bérenger Ier entre dans la salle du trône et sort, il est suivi des deux reines, Marguerite et Marie, de Juliette et du Médecin. La situation est préoccupante : le froid s’est installé, le chauffage refuse de fonctionner, le soleil se rebelle et les murs du palais se lézardent. La reine Marie qui pleure devant cette dégradation se fait tancer par la reine Marguerite pour sa frivolité. Il est convenu que le roi doit être informé de cet état et que la fin de son règne est proche, mais la reine Marie refuse de croire à l’irréversibilité des choses. La reine Marguerite insiste : le sol est mou, il n’a pas d’armée dans le royaume, la population vieillit, le roi est malade. C’est assuré par le Médecin qui rapporte que les astres sont formels, c’est la fin.
Bérenger Ier entre dans la salle du trône et se plaint de sa santé, de l’état de l’Univers, du royaume, ce que le Médecin confirme en l’informant de sa mort prochaine. Le roi refuse d’admettre la réalité, même s’il convient que tout n'est pas pour le mieux, d’ailleurs il n’a pas encore décidé de mourir. Toute la cour, à l’exception de la reine Marie, s’emploie à lui décrire sa décrépitude et celle du monde. Dès lors, son comportement va être une suite de revirements face à l'inéluctable, pour finalement l’admettre. Tout au long de cette pièce, le roi contestera ce que le médecin lui dira alors qu'il devrait l'écouter. Il essayera à plusieurs reprise de se relever mais il n'y parvient pas. Il ne peut même plus donner d'ordre. A la fin de la pièce, les éléments du décor disparaîtront peu à peu jusqu'à ce que le roi disparaisse lui-même. On peut constater que tout le royaume meurt avec le roi lors de la dernière réplique.
Analyse
La thématique
Le thème central de la pièce est annoncé dans le titre : Le Roi se meurt, et le roi c’est chacun d’entre nous. Ionesco nous donne à voir le comportement et les manières habituelles du comportement de l’individu confronté à sa propre fin. On distingue schématiquement trois attitudes successives face à une vérité choquante : - la dénégation, la révolte et la résignation. Dans un premier temps, Bérenger Ier refuse d’admettre qu’il est à l'agonie. - Puis il se révolte, non seulement contre le caractère inéluctable de sa fin, mais aussi contre lui-même qui n’a pas su réfléchir à sa propre condition. - Dernier stade, la résignation qui ne peut intervenir qu’après un cheminement intellectuel. Inclusivement, c’est aussi une réflexion sur l’écoulement du temps et la décrépitude, ainsi que sur la perception du réel.
On peut aussi voir trois sentiments successifs qui sont la surprise (ou étonnement marqué par la colère, l'énervement du souverain, son entêtement), l'impuissance qui amène logiquement le troisième : la peur (crainte du personnage désemparé).
En conclusion, la mort est scandaleuse parce qu'on n’a pas pris le temps d’y penser. Le déroulement de la mort du roi dans un laps de temps aussi court fait à la fois ressortir l'absurde et donne toute sa force face à cette vérité ignorée et pourtant toujours présente, celle de la fin, jamais préparée, toujours repoussée alors qu'inéluctable. Elle est aussi représentée comme un spectacle, d'où le deuxième titre que Ionesco avait initialement choisi : La Cérémonie.
Les personnages
Les personnages de la pièce sont des personnages-types de la tragédie. On y présente un roi (Bérenger 1er) et sa cour.
Le Roi, pour commencer, est un personnage noble. Il porte un sceptre, symbole de son pouvoir. Il a un caractère puéril, il se conduit comme un enfant. Il a passé sa vie à s'amuser avec Marie, à faire la fête etc. Il n'a pas songé à mourir un jour. Il refuse d'ailleurs de voir la réalité en face lorsque Marguerite et le Médecin lui annoncent sa mort prochaine. Il prend ça pour une blague, une plaisanterie de mauvais goût puis comme une information qu'on lui répète depuis très longtemps. Après quoi, lorsqu'il se rend compte que son destin en peut en être autrement, il dévoile un caractère encore plus enfantin, capricieux et égoïste. Il désespère et refuse de mourir. Mais le temps passe et il commence à se résigner, doucement. Vers la fin, il oublie tout son entourage, se recentre sur lui-même et accepte son sort.
La Reine Marguerite est la première épouse du Roi Bérenger. Dans la pièce, elle symbolise la raison, le réalisme. Elle a un caractère froid mais lucide. C'est elle qui accompagne Bérenger jusqu'au bout, luttant contre ses caprices enfantins, sa volonté de vivre, et aussi contre les tentatives désespérées de Marie de garder le Roi auprès d'elle. Marguerite est accompagnée du Médecin, docteur, bourreau, astrologue, etc, de l'État. C'est l'argumentation de ce dernier qui aide Marguerite à faire en sorte que le roi se résigne. Le Médecin est un homme de sciences, il est du côté de la raison (Marguerite).
Marie est la seconde épouse, et favorite, du Roi. Son caractère s'oppose à celui de Marguerite. Elle est aussi puérile que le Roi et tente à chaque confrontation avec l'autre reine, de contrer ses arguments (on peut prendre en exemple la description du royaume : Marguerite dit que la population vieillit, que des gens ont migré, Marie riposte en disant qu'il n'y avait plus de place...etc).
Répondant aux ordres de Marie et Marguerite, nous trouvons le Garde et Juliette. Le premier est un personnage neutre, symbole de l'armée, donc de la puissance du royaume. Le fait qu'il ne puisse plus répondre aux ordres du Roi est significatif : le Roi n'a plus de puissance militaire, il n'a plus d'influence ! Le garde n'a pas vraiment de caractère. Il se contente d'annoncer le "bulletin de santé du Roi", et, par la même occasion, donner chaque étape de l' "agonie" du Roi. Juliette, pour finir, représente le peuple. Elle est la femme de ménage du palais en plus de l'infirmière, jardinière, et cuisinière. Elle raconte sa vie au Roi qui s'émerveille de son quotidien, sans vraiment l'écouter. Elle ne répond plus non plus à ses ordres, tout comme le garde.
En résumé, chaque personnage joue un rôle important dans la pièce, car symbolise quelque chose (garde, Juliette, Marguerite). La pièce débute en représentant une cour qui était encore un tant soit peu sous les ordres du Roi, mais plus la pièce défile, plus les personnages se détachent de son autorité faiblissante. Marie elle-même ne peut répondre à ses ordres alors qu'elle en a envie.
Articles connexes
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