- Le Parti Pris Des Choses
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Le Parti pris des choses
Le Parti pris des choses est un recueil de poèmes en prose écrit par Francis Ponge et paru en 1942. Dans Le Parti pris des choses, Ponge décrit des "choses", des éléments du quotidien, délibérément choisis pour leur apparente banalité.
Prendre le parti des choses
A l'aide d'une multiplicité d'images (métaphores, comparaisons), le poète tente de restituer aux objets leur entière originalité. En effet, certaines "choses" ne sont plus perçues qu'à travers le filtre des lieux communs : par exemple la fleur, qui se limite bien souvent, en poésie, à une évocation mièvre.
C'est par un effet de surprise que le poète entend renouveler notre perception du monde. Le papillon se fait ainsi lampiste, la fleur est "une tasse mal lavée" (ou une lampe!), loin des stéréotypes usés. Mais ce n'est pas non plus chez Ponge un désir de brider l'expression poétique : le papillon est également "un minuscule voilier des airs malmené par le vent" ou même "une allumette volante".
Aussi le poète use-t-il de tous les moyens à sa disposition pour briser le moule, et créer ses propres objets poétiques : poésie du cageot, paradoxale; poésie des objets de consommation : le pain; poésie de la nature enfin, dans ce qu'elle a de plus concret. Ce regard sur les objets prend leur parti, c'est à dire qu'il leur rend justice en ne les enfermant pas dans des stéréotypes.
(source : numéro de l'Ecole des lettres consacré à la poésie)
Objectivité ou subjectivité ?
Une fois délivrée des topoï qui l'enferment, l'objet redevient poétique : c'est à dire qu'il y a "objectivité" dans le sens ou le poète ne réécrit pas ce que lui lègue l'inconscient collectif. Cependant, on ne saurait qualifier de vraiment scientifique la volonté de Ponge, car elle reste avant tout littéraire. En effet, cette démarche permet à la subjectivité du poète de s'affirmer à travers les objets, prenant pour support l'observation fine et détaillée des objets. Par exemple, les sciences naturelles nous décrivent de façon vraiment objective la fleur dans sa réalité reproductive... Alors que chez Ponge, c'est un motif curieux et intrigant. Il s'agit donc, avant tout, de la recherche d'une expression poétique vraiment personnelle.
La Bougie
La nuit parfois ravive une plante singulière dont la lueur décompose les chambres meublées en massifs d'ombre.
Sa feuille d'or tient impassible au creux d'une colonnette d'albâtre par un pédoncule très noir.
Les papillons miteux l'assaillent de préférence à la lune trop haute, qui vaporise les bois. Mais brûlés aussitôt ou vannés dans la bagarre, tous frémissent aux bords d'une frénésie voisine de la stupeur.
Cependant la bougie, par le vacillement des clartés sur le livre au brusque dégagement des fumées originales encourage le lecteur, - puis s'incline sur son assiette et se noie dans son aliment.Le Cageot
A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
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- Commentaire
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- Ce début de poème est significatif de l'écriture pongienne, entre objectivité et subjectivité. Il entame une définition a priori encyclopédique puis en change l'orientation par son affectivité portée sur l'objet par l'utilisation de la proposition subordonnée relative et l'emploi original du pronom démonstratif.
Bibliographie
- Michel Collot, Francis Ponge : entre mots et choses, Champ Vallon (coll. « Champ poétique »), Seyssel, 1991, 272p. (ISBN 2-87673-113-4)
- Francis Ponge, Le Parti pris des Choses
- Serge Martin, Francis Ponge, Bertrand-Lacoste, 1994.
- Serge Martin, article "Francis Ponge" et analyse du Parti pris des choses dans Le Robert des grands écrivains de langue française, 2000.
- cf, "Oeuvres complètes, tome 1", NRF, 1999.
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Catégorie : Recueil de poèmes en français -
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