- Le Crocodile
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Le Crocodile (nouvelle)
Le Crocodile est une longue nouvelle de Fedor Dostoïevski écrite en 1864 et dont le sous-titre est Un événement extraordinaire ou ce qu'il s'est passé dans le Passage.
Ce livre est, d'après Dostoïevski lui-même, « un récit véridique, sur la façon dont un monsieur, d'âge et d'aspect certain, fut avalé vivant par le crocodile du Passage, tout entier, de la tête jusqu'aux pieds, et ce qui s'en suivit. »
Résumé
Le narrateur accompagne un couple d'amis à une exposition burlesque. En effet, un Allemand et sa femme exposent, dans une galerie marchande, un énorme crocodile vivant. Ils exigent bien évidemment un droit de passage. En mal de sensation, le narrateur, Ivan Matvéïtch et sa charmante épouse Éléna Ivanova accourent à l’exposition. Malgré les récriminations du narrateur, Ivan Matvéïtch agace le crocodile et celui-ci l’avale en entier. Après la surprise et la panique du début, la situation perdure et finalement il semble que le drame arrange un peu tout le monde. En effet, Ivan Matvéïtch reste bien en vie dans le confortable estomac de l'animal et réussit même à communiquer avec l’extérieur. L’Allemand craint pour la vie de son animal, mais profite rapidement de la situation et empoche des dédommagements élevés pour autoriser l'examen de la bête. Éléna, devenue soudainement veuve sans vraiment l’être, profite de sa liberté toute neuve et reçoit chez elle un bon ami… L’avalé n'en a cure car il devient célèbre et rêve de gloire. Les journaux s’emparent de l’affaire et chacun rapporte l’histoire à sa façon ce qui est plutôt amusant. Seul le narrateur, unique personnage « rationnel » de l'histoire, souffre de la fâcheuse situation de son ami car il doit lui servir de secrétaire et lui rendre une visite quotidienne dans la soirée ce qui devient très vite fastidieux.
Interprétations
Cette nouvelle a été publiée en 1864 et n’a pas reçu un accueil des plus favorables. Dostoïevski se serait beaucoup inspiré du style fantastique de Gogol pour l’écrire. À première vue, il est vrai que l'on retrouve des éléments fondamentaux de la nouvelle Le Nez de Nikolai Gogol : un événement absurde apparait au milieu de la société russe petersbourgeoise et tous les personnages se réorganisent en fonction de cet élément, chacun retrouvant rapidement sa place dans ce système, aussi absurde soit son origine. Mais, cette histoire contient un fort contenu politique et une critique sociale assez virulente. D’après l’introduction de Bernard Kreise, Dostoïevski y ferait une critique anti-occidentaliste et exprimerait sa haine des Allemands et des Français, ainsi que du capitalisme, du socialisme et du catholicisme.
Extrait
« Écoute ! commença-t-il sur un ton péremptoire, aujourd’hui il y a eu une cohue ici. En fin d’après-midi, il n’y avait pas suffisamment de place et la police est venue remettre de l’ordre. À huit heures, autrement dit plus tôt que d’habitude, le patron a même dû fermer le magasin et cesser les représentations afin de compter l’argent amassé et prendre plus commodément ses dispositions pour demain. On sait qu’une véritable foire va s’attrouper ici demain. Ainsi, on peut compter sur la visite de tous les gens les plus doctes de la capitale, des dames de la haute société, des envoyés de l’étranger, etc. De plus, on va affluer des multiples provinces lointaines de notre vaste et curieux empire. En définitive, je serai au vu et au su de tout le monde, et, tout en étant caché, j’occuperai la première place ! »
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