- La main à la pâte
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La main à la pâte, est un programme éducatif innovant, qui a contribué à renouveler en profondeur l'enseignement des sciences à l'école en France.
En 1995, le Prix Nobel de physique Georges Charpak conduit des scientifiques et des représentants du ministère de l'Éducation nationale dans les quartiers défavorisés de Chicago, où Leon Lederman, son patron lorsqu’il arrive au Cern au début des années 60, conduit une expérience innovante : la majorité des instituteurs n’ayant pas de formation leur permettant de faire des sciences à l’école, le programme « Hands on[1] » apporte une méthode d’enseignement fondée sur la manipulation dès 6 ans. Ils sont frappés par la grande joie manifestée par ces enfants du ghetto noir.
La Main à la Pâte est une transposition en France de ce programme « Hands on » et est créée en 1996 par Georges Charpak, l'astrophysicien Pierre Léna et le physicien Yves Quéré avec le soutien de l'Académie des Sciences. Elle repose sur une approche nouvelle de l'enseignement des sciences à l'école primaire et en maternelle.
Ce programme met l'accent sur la démarche d'investigation : l'enfant est ainsi invité à se demander pourquoi les flaques ont disparu de la cour de son école, ou pourquoi son ombre n'a pas la même taille à différentes heures de la journée. L'approche expérimentale, plutôt que la transmission d'un savoir théorique, est surtout mise en valeur. Enfin, La Main à la Pâte permet d'effectuer avec les élèves un véritable travail sur la langue : les enfants apprennent à exposer un raisonnement, en utilisant à l'occasion des termes sophistiqués etc.
Un site internet participatif permet aux enseignants de partager leurs idées d'activités en classe, en fonction des domaines scientifiques abordés, et de l'âge de leurs élèves. Les enseignants font découvrir les sciences expérimentales à leurs élèves à travers des expériences portant sur des thèmes précis : l'énergie, l'eau, le temps, les déchets, les engrenages, l'électricité etc.
Les classes du Rhône, des Yvelines et de la Loire-Atlantique ont été les premières à bénéficier de cette démarche innovante avec le soutien scientifique de l'INSA de Lyon, de l'École polytechnique, de l'École des mines de Nantes puis de l'École normale supérieure (rue d'Ulm) et l'ESPCI ParisTech.
Depuis de nombreuses coopératives Main à la pâte ont vu le jour de partout en France, comme dans le Calvados ou les écoles primaires de Caen et ses alentours reçoivent des étudiants de l'école d'ingénieurs l'ENSICAEN, pour des leçons interactives de sciences. Les coopératives proposent également aux enseignants du petit matériel, ou des objets, pour conduire leurs expériences : cocons de vers à soie dans le Rhône, etc.
La Main à la pâte s'exporte aujourd'hui à l'étranger : des sites Internet "miroirs" sont nés en Allemagne et en Chine, notamment, où La Main à la pâte a été adaptée avec succès dans les programmes scolaires.
Les pays partageant un intérêt pour La Main à la pâte sont confrontés aux mêmes interrogations que la France : comment parer à la désaffection actuelle pour les filières scientifiques dans les universités, dans un monde qui devient toujours plus technique, toujours plus dépendant à l'égard de la science ? Le pari de Charpak, Léna et Quéré est que ce développement précoce d'une culture scientifique chez l'enfant permettra de répondre aux défis de l'avenir.
En renforçant l'intérêt pour les sciences chez les enseignants comme chez leurs élèves, La Main à la pâte, offre enfin un cadre à une réflexion sur le développement durable. La Main à la pâte est soutenue par l'UNESCO.
Notes et références
- L'investigation expérimentale est baptisée « hands on » aux États-Unis
Bibliographie
- 1998 : La main à la pâte : histoire des sciences à l'école primaire, Georges Charpak, Flammarion.
- 2005 : L'enfant et la science : l'aventure de La main à la pâte, Georges Charpak, Pierre Léna, Yves Quéré, Odile Jacob.
Liens externes
Catégories :- Pédagogie active
- Association de vulgarisation scientifique
- Éducation en France
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