La Maison démontable de Malec

La Maison démontable de Malec

La Maison démontable

La Maison démontable
Titre original One Week
Réalisation Buster Keaton
Edward F. Cline
Acteurs principaux Buster Keaton
Sybil Seely
Joe Roberts
Scénario Buster Keaton
Edward F. Cline
Photographie Elgin Lessley
Production Joseph M. Schenck
Durée 19 minutes
Sortie Drapeau des États-Unis 1er septembre 1920
Langue(s) originale(s) film muet
intertitres anglais
Pays d’origine États-Unis

La Maison démontable ou La Maison démontable de Malec (One Week) est un film américain réalisé par Buster Keaton et Edward F. Cline, sorti en 1920.

Sommaire

Synopsis

Buster, en cadeau de mariage, reçoit une dizaine de caisses contenant une maison préfabriquée. Un rival dépité intervertit les numéros de toutes les caisses, vouant l’assemblage des pièces à l’échec. S’en suit une semaine de mésaventures, débutant par la construction chaotique de la maison, poursuivant avec de multiples modifications sur cette dernière, l’arrivée d’un piano, le placement d’un tapis, suivi de la pendaison de crémaillère se terminant au milieu d’une tempête... Celle-ci est même sur le point de retourner la maison qui tournera tel un manège. Finalement, Buster découvre qu’il s’est trompé de terrain, tire la maison à un autre endroit, et voit son habitation détruite par un train ! Les jeunes mariés décident de laisser la résidence détruite au premier venu et s’en vont ...

Commentaire

La construction des gags est subtile. Prenons par exemple la pose du tapis. Elle se fait en trois plans fixes d’une relative même durée. Le premier cadre en plan moyen Buster commençant, après avoir retiré sa veste, à dérouler le tapis. Lié au premier par un montage alterné, le second est un plan américain de la jeune mariée en plein slapstick : essayant d’ouvrir une bouteille de lait jusqu’à en être éclaboussée. Le troisième revient voir Buster, toujours en plan moyen fixe, qui a fini la pose du tapis. Ce n’est qu’à ce moment que le gag s’épanouit : le jeune marié a laissé sa veste sous le tapis ! Le slapstick central n’a été que le dérivatif d’un gag construit, pour détourner le regard. Keaton n’en reste pas là. Il passe à l’absurde, en découpant au couteau un carré central du tapis, afin de récupérer son veston. Puis la fin heureuse du gag : il fait de ce morceau un paillasson en y peignant un joli « welcome » à l’envers... pour le retourner ensuite.

Le film s’étale chronologiquement sur une semaine, créant ainsi une continuité excitante et une attente pressante du climax. La dernière partie peut être considéré comme le dernier tiers horizontal. On peut, en effet, distinguer dans le premier tiers un mouvement vertical (l’élévation de la maison), dans le second, un mouvement circulaire (la maison-manège), et dans le dernier, un mouvement horizontal, comme nous allons le voir.

Voyons plus précisément la dernière séquence. Fin de semaine, Buster doit déplacer sa maison. Le calendrier a servi de coupure temporelle, autorisant une ellipse. On passe au jour suivant, soit le dimanche 15, la nuit est passée, et Buster a équipé sa maison de roues afin de pouvoir aisément la déplacer. Il va se déplacer sur le plan horizontal, de droite à gauche. Notons juste que l’utilisation de la voiture permet de faire le lien avec la première partie du film mettant en scène plusieurs voitures également. Ceci crée une unité bienvenue face au morcellement des gags. Notons, par ailleurs, que Keaton aide le spectateur à se situer : dans ce dessein, il passe souvent d’un plan d’ensemble pour se rapprocher petit à petit aux plans suivants, en pensant toujours à revenir au plan initial. Et ajoutons que Keaton n’utilise pas ici de travelling, mais uniquement de courts panoramiques : peut-être est-ce la simplicité de ce dernier qui l’oblige de ce faire, il ne se privera pas du travelling dans ses prochains films.

Passons directement à la séquence du train. Ici encore, il semble s’y trouver une construction humoristique subtile. Un plan d’ensemble cadre la maison et nos jeunes mariés dépités de ne pouvoir faire avancer la maison, le lien entre elle et la voiture s’étant rompu. C’est alors qu’un plan de train arrivant de l’arrière-plan gauche du cadre passe vers l’avant-plan droit. Ce plan prépare ce qui va suivre en coupant la direction horizontale (de la droite vers la gauche) de la maison. Ce plan de trois secondes est suivi d’un gros plan de sirène du train (muet, mais compréhensiblement sonore), de deux secondes. Il avertit Buster et son aimée de l’arrivée imminente du train, alors qu’ils viennent juste de découvrir les rails sous leurs pieds. Arrivée d’autant plus probable que la profondeur de champ du plan d’ensemble suivant permet déjà de voir ce train. Ce convoi ne se privant pas d’utiliser un trajet sinueux et d’autant plus excitant... Cette profondeur de champ permet deux actions simultanées et un jeu stimulant entre-elles sans toucher au cadre... De plus, la profondeur de champ assure l’absence de trucage. L’esthétique renvoie ici à une éthique : ne pas tricher avec le spectateur.

Le train approchant, le plan d’ensemble va faire un léger panoramique afin de le suivre fonçant vers la maison... et passant derrière elle. Ouf ! Le panoramique revient en direction de la maison, est suivi d’un plan américain montrant nos amis déstressés, prêts à reprendre la traction de leur maison. Le geste de la mariée montre par ailleurs la direction de l’opération (hors-champ gauche du cadre). Et c’est alors qu’un plan d'ensemble revient subrepticement et montre la maison détruite par un autre train venant de droite. Les spectateurs en restent agréablement surpris, nettement moins les deux personnages, beaucoup plus dépités. La chute est présentée en un fixe, bref et surtout inattendu plan. La construction aussi longue pour voir une maison se détruire (plus de sept plans) permet l’addition de suspense et surtout la création d’un gag plus subtil, plus étonnant sans fragmenter artificiellement la vision. Aucun mouvement d’appareil n’est superflu, tous reste d’une incroyable simplicité, et, par là-même, d’un étonnant dynamisme.

Fiche technique

Distribution

Autour du film

  • La référence à Malec correspond au nom français donné de manière générique aux personnages interprétés par Buster Keaton au début de sa carrière.
  • En 2006, le groupe les Fils de Teuhpu mettent en musique et joue en live pendant la projection du film.

Liens externes

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