L'Ours Blanc

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L'Ours blanc

L’Ours blanc (Белый Медведь) est un journal d’information helvetico-russe publié à Genève entre 2001 et 2002. Lancé et dirigé par Mikhaïl W. Ramseier, qui assura également la rédaction en chef, il tenta durant deux ans d’établir des liens entre les diverses communautés russes de Suisse romande et des environs.

Sommaire

Naissance

Contrairement à la plupart des pays qui connaissent une importante présence de Russes, la Suisse est l’un des rares lieux à ne pas avoir de communauté russe organisée, une diaspora telle qu’à Berlin, New York ou Paris. Pourtant, riche de plusieurs milliers de personnes fortement implantées, cette communauté existe bel et bien. Telle une mosaïque, les ressortissants russes vivant en Suisse sont issus de milieux qui ne se fréquentent généralement pas: il y a les Russes de l’immigration, arrivés après la Révolution, les milieux internationaux, les hommes d’affaire, les nouveaux Russes ou encore les touristes. Toutes ces personnes, a priori très différentes, ont pourtant 3 points au moins en commun: 1) le fait qu’ils sont en Suisse; 2) la langue russe; 3) un intérêt pour leur pays d’origine. L’objectif de l’Ours blanc était donc de tenter de cimenter cette mozaïque, chose difficile étant donné que les Russes de Suisse ne sont pas répertoriés et par conséquent difficilement joignables. Grâce, entre autres, au travail effectué avec ses Guides noirs, Mikhaïl W. Ramseier a pu constituer un premier fichier et, regroupant ses connaissances, mettre sur pied une petite équipe rédactionnelle travaillant entre Genève, Lausanne et Saint-Pétersbourg. Ainsi naquit l’Ours blanc, mensuel des Russes de Suisse romande.

Description

Rédactionnellement, la ligne était de s’adresser à tous les Russes, les russophones et les personnes intéressées par la Russie: amateurs de culture, touristes, étudiants, traducteurs, journalistes, diplomates, etc. sans favoriser telle ou telle orientation ni négliger telle ou telle autre. Les intérêts de toutes ces personnes étant souvent radicalement différents, la tâche fut des plus ardues. Comme à cette époque il n’existait aucune publication comparable en Suisse, l’Ours blanc devait donc trouver seul ses marques. L’autre grande ambition du journal était de devenir un média d’information pouvant fournir à la presse locale des articles sur le domaine russe. Les relations privilégiées qu’entretenaient les rédacteurs avec le milieu russe devaient permettre de produire des informations plus pointues que celles habituellement transmises par les journaux généralistes, à la manière d’une agence de presse spécialisée, comme l’est Info-Sud avec les pays du tiers-monde. Le financement du projet fut assuré par les Éditions Nemo, éditeur responsable, et soutenu, durant quelques numéros seulement, par un imprimeur intéressé par les retombées potentielles en termes de publicité. Le premier tirage fut de 2500 exemplaires, expédiés sous enveloppes gratuitement aux adresses du fichier et déposés à quelques endroits stratégiques, comme le consulat russe, la compagnie Aeroflot, l’église russe de Genève, les agences de voyage spécialisées, les écoles de traduction, les milieux internationaux, les cercles universitaires, les offices du tourisme et les commerces à clientèle russe. Le journal était donc gratuit dans un premier temps, avec un prix de vente au numéro afin de ne pas être catalogué de produit publicitaire, ce qui aurait autrement été le cas selon la norme suisse. Les initiateurs du projet prirent le parti de débuter très humblement pour éviter de retomber comme un soufflé après deux numéros. La publication fut donc imprimée en noir et blanc, sur huit pages au format A4 fermé. La présentation était soignée, les règles typographiques des grands journaux respectées et la correction assurée par un professionnel. Cette démarche journalistique était indispensable pour être crédible devant la presse.

Succès rapide

Les demandes d’abonnement furent immédiates et peu à peu le fichier s’étoffa, au point qu’il fut nécessaire d’augmenter le tirage à chaque parution, pour atteindre 5000 exemplaires à la dernière édition du journal. Il faut encore préciser que grâce à l’important travail de vérification effectué sur le fichier et les lieux de distribution, le tirage collait totalement à la demande, au point qu’à chaque nouveau numéro le précédent était épuisé. D’emblée l’Ours blanc séduisit son lectorat, par un contenu aussi varié que possible, proposant des sujets «société» aussi bien que «politiques» ou «économiques», un agenda culturel, des petites annonces, les horaires des églises russes et surtout des conseils pratiques, indispensables pour de nombreux Russes peu encore au courant de la vie locale. Le choix retenu en matière de bilinguisme (français/russe) accordait la priorité à la langue de rédaction de l’article et un simple résumé était proposé dans l’autre langue, ceci afin de ne pas alourdir la publication par une traduction littérale de chaque article. Par ailleurs, certains textes n’étaient rédigés que dans une seule langue, quand la logique l’imposait: la présentation d’un livre en russe n’intéresse évidemment pas un lecteur non russophone. D’une périodicité mensuelle, le titre paraissait tous les derniers jeudis de chaque mois et l’essentiel de son contenu était aussi disponible sur le site Internet www.oursblanc.ch (toujours accessible via le site de l’éditeur). Du côté de la presse, l’accueil fut aussi très positif, avec des propositions de soutien rédactionnel de la part de grands quotidiens, comme le Temps et la Tribune de Genève. Rapidement, l’Ours blanc fut perçu comme un acteur incontournable des milieux russes et certains de ses articles furent repris par de grands journaux, comme les deux cités, mais aussi la Liberté de Fribourg, le Courrier de Genève, la Tribune des Arts et même le New York Times, via son correspondant à Paris. Par ailleurs, la Télévision suisse romande (TSR) et la Radio suisse romande (RSR) prirent à plusieurs reprises l’Ours blanc en référence pour certains avis autorisés sur la Russie, allant même jusqu’à passer à l’antenne l’interview de son rédacteur en chef. L’Ours blanc fut aussi très bien reçu par les acteurs économiques, qui pressentaient certainement le potentiel d’un titre capable de communiquer avec toute la communauté russe de Suisse. Le journal fut ainsi l’invité du Club suisse de la presse, du Russian Swiss Business Club, du Swiss Club Russia News et de divers autres organismes touchant de près ou de loin les milieux russes ou désirant les approcher.

Développement difficile

Du côté de la publicité, en revanche, la détente ne fut pas aussi prompte qu’espéré; quelques fiduciaires, commerces de luxe et promoteurs culturels passèrent des annonces qui assurèrent le minimum vital, mais ce fut insuffisant pour tenter de passer à la vitesse supérieure, par exemple ajouter de la couleur à l’impression, développer le format ou le nombre de pages, payer davantage de pigistes extérieurs. Le budget du journal était donc assuré mais son développement était rendu difficile, voire impossible, sans l’arrivée d’un partenaire financier solide. Les parutions se succédèrent pourtant avec régularité, malgré quelques retards sur les derniers numéros. L’arrivée de nouveaux collaborateurs – le groupe culturel alternatif genevois Prospekt et quelques étudiants russes – apportèrent un souffle nouveau sur le journal et laissait présager de nouvelles rentrées financières, notamment par le biais de contacts privilégiés avec quelques importants sponsors culturels. Les projets de développement s’étoffèrent, par exemple avec l’idée de la création d’un magazine plus complet ou même d’une Maison russe à Genève, sorte de lieu culturel et d’échange animé par une fondation ou une société spécifique. C’est aussi à cette période que le directeur de l’Ours blanc projeta de quitter la Suisse, et donc commença à chercher les moyens d’assurer la pérennité de son journal sans devoir ajourner ses projets personnels.


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