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Proprioception
En physiologie, la proprioception désigne l'ensemble des récepteurs, voies et centres nerveux impliqués dans la perception, consciente ou non, de la position relative des parties du corps (Sherrington, 1906 ; Delmas, 1981).
Sommaire
Proprioception consciente et inconsciente
Les capteurs sensoriels sont situés dans les membres du corps. Il s'agit d'extrémités de différents nerfs. Les messages sont transmis par des nerfs afférents (sensoriels) jusqu'au cerveau, où ils sont traités par différentes parties du cortex, dépendant de la provenance du message sur le corps. Par contre, il n'existe aucun capteur sensoriel au niveau cervical. Le cortex, après analyse des messages provenant des nerfs afférents, renvoie une réponse par l'entremise de nerfs efférents, i.e. effectifs, ou moteurs.
Les informations gagnent le cerveau par deux sortes de voies : la voie consciente et la voie inconsciente.
Voie inconsciente
Les voies de la proprioception inconsciente se projettent au niveau du cervelet et interviennent dans le contrôle de la posture et du mouvement. Leurs afférences ne parvenant pas au cortex, elles restent inconscientes. Elles forment deux faisceaux spino-cérébelleux :
- faisceau direct (postérieur) qui gagne le cervelet par le pédoncule inférieur et véhicule les afférences en provenance du tronc.
- faisceau croisé (antérieur) qui gagne le cervelet par pédoncule cérébelleux supérieur et véhicule les afférences en provenance des membres.
Les deux faisceaux ont un premier relais spinal. Elles se distinguent des voies conscientes se projetant sur le cortex somésthésique primaire, qui nous permettent d'avoir conscience de la position relative des parties de notre corps.
Voie consciente
Les voies de la proprioception consciente empruntent, comme les voies du tact fin, épicritique ou discriminatif, les faisceaux des colonnes dorsales de la moelle épinière puis le lemnisque médian pour rejoindre le thalamus puis, après ce relais thalamique, le cortex somesthésique primaire. Elles nous permettent d'être conscients de la position relative des parties de notre corps.
Proprioception contre kinesthésie
Kinesthésie est un autre terme souvent utilisé à la place de proprioception, bien que « kinesthésie » mette plus l'accent sur le mouvement.
Certains différencient les sens kinesthésiques de la proprioception en excluant le sens de l'équilibre de la kinesthésie. Une infection de l'oreille interne, par exemple, peut dégrader le sens de l'équilibre. Ceci dégradera le sens proprioceptif, mais pas le sens kinesthésique. La personne atteinte sera capable de marcher en utilisant son sens de la vue pour maintenir son équilibre, mais en sera incapable les yeux fermés (plus de perception de son corps dans l'espace).
Proprioception et kinesthésie sont considérées comme étroitement liées et il existe un désaccord majeur concernant la définition de ces termes. Une partie de ce désaccord provient de la description originale de Sherrington de la capacité à déterminer où une partie du corps se situe exactement dans l'espace, la proprioception, et la sensation que telle ou telle articulation a bougé, la kinesthésie, donnant à la proprioception un sens plus général et à la kinesthésie un sens plus spécifique.
Les aspects cliniques de la proprioception sont mesurés dans des tests qui déterminent la capacité d'un sujet à détecter un mouvement passif extérieur imposé, ou la capacité à se repositionner dans un position prédéterminée. Généralement, il est supposé que la capacité de l'un de ces aspects est lié à l'autre, mais l'expérimentation suggère il n'y a pas de relation forte entre ces deux aspects. Elle suggère que, bien que liés sur un plan cognitif, ces deux aspects sont séparés sur un plan physiologique.
Une grande partie de ce qui précède dépend de la notion que la proprioception est, en substance, un mécanisme de rétroaction : le corps se déplace (ou est déplacé), puis les informations à ce sujet sont envoyées au cerveau, à la suite de quoi des ajustements peuvent être apportés. Plus récemment, des travaux sur les mécanismes de l'entorse de la cheville suggèrent que le rôle des réflexes pourrait être, dans les faits, plus limité à cause de leur long temps de latence (au niveau de la moelle épinière), alors que l'entorse de la cheville survient en 100 millisecondes ou moins. En application, un modèle incluant une « préaction » (par opposition à la rétroaction) de la proprioception a été proposé. Ce modèle suggère que le sujet aurait également une information centralisée sur la position de son corps avant même d'atteindre cette dernière.
La kinesthésie est un élément clé de la mémoire musculaire (processus de mémorisation du système neuro-moteur) et de la coordination main-œil, et l'entraînement peut améliorer ce sens (par exemple, le dessin de contours en aveugle).
La capacité à balancer avec précision un club de golf ou à rattraper une balle demande un sens de la position des articulations finement ajustable. Ce sens doit devenir automatique (réflexe conditionné) par l'entraînement afin de permettre à la personne de se concentrer sur d'autres aspects de la performance, comme la motivation ou de savoir où se trouvent les autres personnes.
Dérive sémantique
Une dérive sémantique actuelle tend à utiliser le terme de proprioception pour décrire l'ensemble des récepteurs, voies et centres nerveux impliqués dans la perception de la position du corps dans son environnement, ce qui est fort différent. Cette dérive sémantique entraîne une confusion entre la proprioception et les entrées du système postural, classiquement impliquées dans la perception de la position du corps dans son environnement (Paillard, 1976; Gagey et Weber, 2004).
Voir aussi
Bibliographie
- C. S. Sherrington (1906) The integrative action of the nervous system. New Haven, Yale University Press
- A. Delmas (1981) Voies et centres nerveux. Masson, Paris (10e édition)
- J. Paillard (1976) Tonus, posture et mouvements. In Kayser C. (Ed) Physiologie, tome II, Flammarion (Paris): 521-728.
- P.M. Gagey, B. Weber (2004) Posturologie ; Régulation et dérèglements de la station debout. Troisième édition, préface du professeur Henrique Martins da Cunha, Elsevier Masson, Paris
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