- Joie (philosophie)
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Joie
La joie est une émotion exprimant le sentiment d'exaltation agréable et profonde. La joie est souvent ressentie lorsqu'une situation, un désir ou un évènement agréable se produit. Elle amène une personne à un état de satisfaction, plus ou moins durable.
Sommaire
Culture
La joie est un thème de l'Évangile et a été mise de l'avant dans les chansons Herz und Mund und Tat und Leben, Joy to the World et God Rest Ye Merry, Gentlemen.
La joie a migré du vocabulaire religieux vers la littérature au tournant du XXe siècle[1].
Philosophie
La joie est une notion philosophique qui désigne, dans son sens le plus courant, le sentiment d'une personne en présence d'un bien qui lui convient.
Dans la philosophie antique, la joie est à rapprocher du terme de mania (μανια), « délire » ou « folie » présent notamment dans le Phèdre de Platon. La mania désigne la présence du divin dans ce qu'elle a de transformateur et de dynamisant sur le sujet : une notion à rapprocher de l'enthousiasme (ενθουσιασμός) qui affecte celui qui contemple le bien ou le beau, et qui va donc au-delà du sentiment.
Cicéron en a une conception plus proche du sens courant : pour lui, la joie est un état de l'âme, qui, confrontée à la possession d'un bien, n'en perd pas pour autant la sérénité.
Au XVIIe siècle, on observe plusieurs tentatives de dépassement de cette conception de la joie ; chez Spinoza, en particulier dans l'Éthique, la joie est une augmentation de puissance lié à la réalisation du désir (conatus) et le passage d'un état de perfection inférieur à un état de perfection supérieur. Quant à Leibniz, il opère une distinction entre deux termes latins pouvant être traduits en français par « joie » : gaudium, la jouissance paisible qui n'est soumise à aucune condition extérieure au sujet, et laetitia, le plaisir de l'âme lié à possession d'un bien (au sens de Cicéron, en fait).
Nietzsche associe la joie à la capacité d'approbation de l'existence (amor fati), malgré son caractère tragique, comme expression de la volonté de puissance qui assume d'être joyeuse malgré les souffrances de la vie sans se réfugier dans un bonheur illusoire (religion, idéalisme).
Ces réflexions ne rencontrent guère d'écho à l'époque des philosophes cités. Il faut attendre deux grands courants de pensée du XXe siècle, le personnalisme et l'existentialisme, pour que soit à nouveau approfondie la notion philosophique de joie.
Bergson dit que le plaisir, contrairement à la joie, n'indique pas la direction dans laquelle la vie est lancée et l'associe à l'acte de création : « toute joie est création, toute création est joyeuse ».
Chez les philosophes français contemporains, Gilles Deleuze la définit comme la puissance même de production du désir, Clément Rosset pense la joie dans la continuité de Nietzsche comme une grâce irrationnelle qui permet d'accepter le réel dans toute sa cruauté (« la force majeure »), Robert Misrahi associe la joie à la liberté que possède tout sujet d'agir, aimer et fonder son bonheur (« les actes de la joie »), Bruno Giuliani part de son étymologie (jug : « le lien ») et la définit comme la réalisation du désir érotique de se relier à l'autre pour réaliser l'unité et vivre dans l'amour de soi, des autres et de l'univers (« l'amour de la sagesse »), Nicolas Go la pense comme une pratique de sagesse qui se passe de toute raison et s'accomplit dans l'art, le rire et le sacré (« l'art de la joie »).
Citations
- « La joie est une agréable émotion de l'âme » (Descartes)
Notes et références
- ↑ Voir: ALBÉRÈS, R. M., L'Aventure intellectuelle du XXe siècle - Panorama des littératures européennes, Paris, Albin Michel, (1949), 1959, p. 29-31.
Voir aussi
Articles connexes
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