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Jenůfa
Jenůfa (en tchèque : Její pastorkyňa) est un opéra en trois actes de Leoš Janáček sur un livret écrit par le compositeur, s'inspirant de la pièce Její pastorkyna (Sa belle-fille) de Gabriela Preissová et créé au Théâtre de Brno, le 21 janvier 1904.
Il s'agit d'une tragique histoire d'infanticide et de repentance, dont le réalisme des sentiments humains et l'intensité dramatique sont aussi célèbres dans l'opéra que dans la pièce dont il s'inspire.
L'œuvre est aujourd'hui jouée dans sa version originale, bien que sa popularité fut autrefois largement due à la réorchestration de Karel Kovařovic, directeur de l'Opéra de Prague. Ainsi modifiée, Jenůfa reçut à l'époque un accueil très favorable lors de sa reprise en 1916 à Prague, puis dans le monde entier. Il fallut attendre 70 ans pour que la partition originale de Janáček soit à nouveau jouée.
Sommaire
Personnages
- Rôles principaux
- Seconds rôles
- Grand-mère Starenka Buryjovka - Contralto
- Le meunier (Stárek) - Baryton
- Le maire - Basse
- La femme du maire - Mezzo-soprano
- Karolka - Mezzo-soprano
- Autres rôles
- Jano - Soprano
- Barena - Soprano
- Une servante - Mezzo-soprano
- La tante - Contralto
- Conscrits, serviteurs, jeunes filles, villageois et musiciens.
Arias célèbres
- Dans un instant (Kostelnička)
- La prière de Jenůfa (Jenůfa)
Synopsis
Dans un village de la Moravie du XIXe siècle.
L'intrigue de l'opéra est basée sur des relations familiales complexes entre les descendants de Grand-mère Buryja et les villageois. En effet, avant l'épisode que l'opéra dépeint, on apprend que Buryja a autrefois eu deux fils qui se sont mariés, ont eu des enfants, puis sont morts. Leurs épouses sont décédées également, sauf Kostelnička, la veuve en secondes noces du plus jeune des fils qui est également la marâtre de Jenůfa. Selon la coutume, seul Števa en sa qualité de fils légitime de l'aîné des frères héritera du moulin, alors que son demi-frère Laca et sa cousine Jenůfa devront gagner leur propre vie.
Acte I
Jenůfa, Laca et Grand-mère Buryja attendent le retour au moulin de Števa. Jenůfa est amoureuse de Števa et porte en secret son enfant. Elle craint que son amant n'ait été obligé de rejoindre l'armée en ce jour de conscription. Laca, amoureux de sa cousine Jenůfa, nourrit une haine amère contre la position confortable d'héritier dont jouit son demi-fère. Tout en se plaignant, il joue avec son couteau, et, trouvant la lame émoussée, le confie au meunier pour qu'il l'aiguise.
Le meunier annonce à la famille que Števa n'a finalement pas été enrôlé, à la plus grande joie de Jenůfa et à la plus grande déception de Laca. Tous quittent la scène sauf Jenůfa qui attend, l'âme légère, le retour de son amant. Le voici d'ailleurs qui revient accompagné d'un groupe de soldats, complètement ivre et vantant ses prouesses auprès des filles. Alors que les musiciens, à sa demande, se mettent à jouer un air folklorique, il entraîne misérablement Jenůfa dans une dance grotesque.
Kostelnička apparaît soudain faisant cesser la musique et glaçant l'assemblée. Choquée par le comportement de Števa, elle lui interdit alors de se marier avec sa belle-fille tant qu'il ne sera pas resté sobre une année durant. Les soldats et la famille refluent, laissant seuls Števa et Jenůfa. Celle-ci l'implore de l'aimer, mais lui, n'ayant pas connaissance de la maternité de Jenůfa, lui retourne quelques banalités avant de la quitter.
Laca revient, toujours aussi amer. Il tente d'entraîner Jenůfa à critiquer Števa, mais celle-ci prend la défense de son amant en dépit de tout. Laca enrage d'imaginer que Števa ne la considérera jamais, si ce n'est pour ses jolies joues roses. Et, de colère incontrôlée, il s'empare de son couteau et lacère la joue de Jenůfa.
Acte II
Quelques mois plus tard dans la maison de Kostelnička, c'est l'hiver. Jenůfa a accouché d'un joli garçon que Števa n'est pas encore venu voir. Jenůfa est épuisée mais son enfant la rend si heureuse ! Tandis que sa belle-fille dort, Kostelnička fait venir Števa et l'implore de prendre ses responsabilités. Ce-dernier rétorque qu'il pourvoira en secret aux besoins de la mère et du bébé, car personne ne doit savoir qu'il en est le père. En effet, son amour pour Jenůfa est mort le jour où Laca l'a défigurée ; et depuis, Števa s'est engagé auprès de Karolka, la jolie fille du maire. Števa sort.
Laca entre chez Kostelnička. Épuisée, celle-ci lui dévoile le secret entourant le bébé et la couardise de Števa. Laca, toujours amoureux de Jenůfa souhaite l'épouser mais avoue être réticent à l'idée de prendre sous son aile le fils de son rival. Entrevoyant une porte de sortie, Kostelnička prétend alors que le bébé est mort peu après sa naissance. Laca quitte alors la maison pour aller faire publier les bans.
Maintenant seule, Kostelnička réalise alors la portée de son mensonge et la terrible situation dans laquelle elle vient de plonger. Acculée et déchirée entre la sauvegarde de son honneur et le bonheur de sa belle-fille elle prend alors l'effroyable décision de supprimer l'enfant. Dans un état quasi-second, elle subtilise le bébé et sort dans le froid mordant de la nuit.
Jenůfa se réveille et chante une prière pour son enfant. Kostelnička revient et lui annonce qu'elle est restée inconsciente quelques jours victime d'une fièvre et que son enfant est mort. Elle lui révèle également la lâcheté de Števa. Jenůfa est effondrée. Mais soudain, Laca revient, réconforte la jeune fille et lui propose de l'épouser. Touchée bien que n'éprouvant aucun sentiments envers lui, Jenůfa accepte.
Acte III
Deux mois plus tard, voici venu le printemps et le jour des noces. Alors que l'on apprête la mariée, on découvre une Kostelnička ravagée, rongée par son hideux mensonge, qui n'est plus que l'ombre d'elle-même. Laca regorge d'attention pour sa promise et lui annonce l'arrivée prochaine de Števa, avec lequel il s'est réconcilié. Tiens, le voilà justement qui vient présenter ses vœux, accompagné de la fille du maire, sa future femme.
Alors qu'un groupe de jeunes filles enrubannées dansent et chantent pour fêter le bonheur des promis, un villageois arrive soudain épouvanté. Il explique qu'avec le dégel, l'on a découvert le corps d'un nourrisson noyé sous la glace du ruisseau. Jenůfa crie son désespoir lorsqu'elle reconnaît les langes de son bébé. Interloquée, la foule découvre qu'il s'agit de l'enfant secret de Jenůfa et bientôt, les soupçons du meurtre se tournent vers elle. Alors que les villageois s'apprêtent à se jeter sur la jeune mariée pour la châtier, Kostelnička sort de sa torpeur et avoue son forfait à la surprise de tous. Elle implore alors sa fille adoptive de lui pardonner. Jenůfa, pourtant remplie de douleur, comprend alors que le geste de sa marâtre, bien qu'inqualifiable, était une forme d'amour gauchi envers elle ; elle lui pardonne avant que le maire ne remette Kostelnička aux autorités.
Puis, seule avec Laca, consciente du déshonneur qui frappe sa famille, Jenůfa propose d'annuler leur mariage et de se séparer. Mais le jeune homme lui renouvelle le témoignage de son amour et lui propose un nouveau commencement...
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