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Saint Jean de Matha
Saint Jean de MathaNaissance 24 juin 1160
Faucon-de-BarcelonnetteDécès 12 décembre 1213 (à 53 ans)
RomeNationalité Française Canonisation 1666 Vénéré par l'Église catholique romaine Fête 17 décembre Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint modifier Pour les articles homonymes, voir Saint Jean.Jean de Matha est un religieux français, né peu avant 1150 à Faucon-de-Barcelonnette [1] et mort à Rome le 12 décembre 1213. Il est le fondateur, avec saint Félix de Valois, de l'Ordre de la Sainte Trinité (appelé aussi Ordre de la Très Sainte Trinité pour la Rédemption des captifs, ou Trinitaires)
Sommaire
Biographie
Le 24 juin 1154 Jean de Matha naissait à Faucon en Provence. Son père Euphème de Matha était un seigneur espagnol qui avait reçu de Raymond Bérenger le jeune, comte de Barcelone et de Provence, la terre de Faucon. Pour lui donner une instruction et une éducation digne de son rang, la famille se fixe à Marseille où Jean commence ses études. Sa mère, Marthe, lui apprend à connaître les pauvres, les malheureux et à les aimer. Elle le conduit aussi dans les hôpitaux et les prisons.
Il poursuivra ses études à Aix en Provence, puis à l'université à Paris où il prend ses grades de docteur en théologie. Il est encouragé à devenir prêtre par Maurice de Sully, évêque de Paris, qui avait remarqué sa valeur et sa piété.
Quand il célèbre sa première messe, le 28 janvier 1193/1194, fête de sainte Agnès, dans la chapelle de Maurice de Sully, il « voit » un homme en blanc, une croix rouge et bleue sur la poitrine, posant les mains sur deux prisonniers dont l'un est blanc et l'autre maure. Le lendemain, alors qu'il s'est retiré dans une forêt pour prier avec un ermite dont la réputation de sainteté est arrivée jusqu'à ses oreilles, les deux hommes sont témoins de l'apparition d'un cerf portant une croix entre les bois, qui vient s'abreuver à une fontaine auprès d'eux.
Jean de Matha parle de sa vision des prisonniers au pape, qui a eu la même : ils l'interprètent comme un appel à la fondation d'un ordre ayant pour mission de racheter les captifs victimes des razzias menés par les Sarrasins sur les côtes méditerranéennes. L'Ordre de la très sainte Trinité pour la rédemption des captifs est approuvé, en même temps que sa Règle, par Innocent III le 17 décembre 1198[2] (bulle Operante divine dispositionis).
Les Trinitaires construisent un premier monastère à Cerfroid (actuellement commune de Brumetz, dans l'Aisne), lieu de l'apparition, sur une propriété donnée par Marguerite de Blois[3], future comtesse de Bourgogne (la Maison de la Trinité de Cerfroid restera le Chef-d'ordre des Trinitaires jusqu'à la Révolution française). À Cerfroid s'ajoutent Planels et Bourg-la-Reine : ce sont les trois fondations initiales.
Puis Philippe Auguste aide les Trinitaires à construire un monastère à Paris près d'une chapelle dédiée à saint Mathurin, d'où leur nom de Mathurins. Des milliers de chrétiens sont ainsi rachetés aux musulmans du Maroc, d'Algérie et de Tunisie dont ils étaient devenus esclaves. Après la mort de son ami ermite (qu'on appellera Félix de Valois trois siècles plus tard, sans savoir qui il fut), Jean se retire à Rome où il meurt le 17 décembre 1213. Il fut enterré le 21 décembre 1213 dans l’église San Tommaso in Formis, d’où son corps fut transféré en Espagne.
Controverse
Jean de Matha, fondateur de l’ordre de la Sainte-Trinité en 1198, assigne à ses disciples, les trinitaires, une mission unique, exigeante et nouvelle : la rédemption, par le rachat ou l’échange, des captifs chrétiens jusque-là abandonnés aux musulmans lors des croisades, ou victimes de razzias sur les côtes ou en mer.
Né peu avant 1160 et décédé à Rome en décembre 1213, ce véritable précurseur de l’action humanitaire près des champs de bataille ne fut jamais appelé pendant plusieurs siècles que Jean le Provençal ou maître Jean. Déclaré seulement né à Faucon, son lieu de naissance lui-même restait un mystère car en Provence, il existe un Faucon dit « du Caire » et un Faucon dit « de Barcelonnette ».
Duquel s’agissait-il ? La controverse a traversé les siècles d’autant plus qu’il subsiste dans un cas les murs d’un couvent trinitaire fondé en 1498 à La Motte-du-Caire, distant seulement de 8 km de Faucon-du-Caire, et dans l’autre le couvent encore en activité, fondé presque deux siècles plus tard en 1661, de Faucon-de-Barcelonnette. C’est à cette même période, lors de sa canonisation en 1666, que l’Église tranche en désignant arbitrairement Faucon-de-Barcelonnette comme lieu de naissance de Jean le Provençal.
La tradition en religion veut qu’un couvent soit créé au lieu de naissance du fondateur d’un ordre ou à proximité de celui-ci afin d’honorer sa mémoire. La décision arbitraire de l’église de situer ainsi le lieu de naissance à Faucon de Barcelonnette fut de tout temps contestée par les habitants du pays de la Motte-du-Caire. Des recherches récentes leur donnèrent raison.
En effet, dans son Abrégé historique de l’église et des évêques, comtes et seigneurs de Gap, l’abbé de Saint-Geniès de Dromon écrit vers 1728 que Guillaume 3è devient évêque de Gap L’an 1210. Il consentit que les pères de la Trinité s’établissent à la Motte-du-Caire en Provence […]. Or, toutes les fondations initiales s’établissent sous la direction de Jean au plus près de la Méditerranée, ce qui est logique et concorde en tous points avec leur mission. Ce n’est qu’au milieu du XIVe siècle que les trinitaires s’établiront dans l’intérieur des terres.
Le texte de l’abbé de Saint-Geniès situe la demande des pères trinitaires entre 1210 et 1212, c'est-à-dire du vivant de Jean, mort en 1213, et donc avec son assentiment inévitable. Très souvent en voyage pour les missions de rachat ou les fondations de maisons trinitaires, Jean connaissait donc la demande pour le couvent de La Motte-du-Caire et les raisons qui poussaient ses frères à aller voir l’évêque de Gap, respectant ainsi la tradition d’honorer la mémoire de leur père fondateur. Nul ne sait si ce couvent autorisé en 1210 a vu le jour, mais sa demande et son autorisation suffisent pour étayer notablement la thèse de Faucon-du-Caire.
Par ailleurs, la branche espagnole des trinitaires fit tout son possible pour trouver une origine hispanique à Jean avec la graphie Matha. En vain. C’est un historien trinitaire, le père J. Cippolone, qui découvrit, il y a seulement quelques années, la première mention de son nom, Jehan de Mota, dans un document de 1545. Ce nom de Mota est celui d’une famille qui compte des coseigneurs de La Motte, des proches du comte de Provence, des juristes, des ecclésiastiques. Bref, c’est un nom bien implanté à La Motte-du-Caire en Provence.
Canonisation de Jean de Matha
Si durant les premiers siècles de son existence l'ordre Trinitaire n'a développé aucun culte particulier envers Jean de Matha, il faudra attendre le XVIIe siècle pour que les Trinitaires tentent une canonisation.
En 1665 le père Jean de la Conception présenta une requête au vicariat de Rome avec des arguments prouvant que Jean de Matha (ainsi que Félix de Valois) avait été qualifié de saint par plusieurs papes. Le 31 juillet 1665, le cardinal vicaire de Rome rend un décret constatant le culte accordé de temps immémorial à Jean de Matha et à Félix de Valois, sentence confirmée par la Sacrée Congrégation des rites le 14 août 1666 et par le pape Alexandre VII le 21 octobre.
Les noms de Jean et de Félix seront insérés dans le martyrologe romain le 27 janvier 1671 par un décret d'Innocent XI. Le 14 mars 1694[4] les fêtes des deux saints seront étendues à l'Église universelle. Les reliques de Saint Jean de Matha (os du pouce) sont transférées de l'église de Faucon à l'église des Trinitaires le 26 août 1674.
Notes et références
- [1] Diocèse catholique de Digne : Situé près de Barcelonnette, Faucon est le village de naissance de Saint Jean de Matha, fondateur de l'ordre des Trinitaires en 1193. À l’altitude de 1150 mètres, c'est le plus vieux village de la vallée de l'Ubaye.
- 2 février 1199 d’après Dr. Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand) in « Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours » Tome XXV, Firmin Didot Frères, 1861, p 442
- Gaucher III, seigneur de Chatillon d’après Dr. Hoefer et aussi dans les Bienfaiteurs de l’humanité, 1856.
- Canonisé le 30 juillet 1679 d’après Dr. Hoefer
Voir aussi
Liens externes
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