- Jean Jacques Moll
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Jean-Jacques Moll, actif à Paris à la fin du XVIIIe siècle, était un urbaniste qui a plusieurs fois proposé, en texte et en image, un nouveau modèle urbain « idéalement » adapté aux transformations sociales, politiques et économiques dont il était le témoin.
Biographie
De bonne fortune, Jean-Jacques (ou Johann Jakob) Moll, natif de la ville suisse de Bienne[1], avait vraisemblablement émigré en France dans la décennie 1760-1770. Ce dont on est sûr, c’est qu’il habitait Paris avant 1789. Il y demeurait encore sous le Premier Empire. L’essentiel de sa vie nous est connue grâce à un fascicule publié en 1905 par un historien de Bienne, Johannes Strickler (1835-1910). Durant son séjour parisien, Jean-Jacques Moll rédigea plusieurs propositions de réforme civique et politique : en cela, il participait de cette grande effervescence intellectuelle qui marqua la période révolutionnaire. Selon Strickler, Moll aurait donné en 1791 un projet visant à l’édification d’un « palais national » qui devait réunir en son sein tous les organes du gouvernement central, ainsi que les entités ministérielles et administratives. En 1794, quelques jours avant la chute de Robespierre, Moll aurait présenté à la Convention une proposition de réorganisation de la France en départements, chacun devant avoir une population totale de trois cents mille habitants et une capitale de cent mille citoyens. En outre, les citoyens devaient se répartir hiérarchiquement en quatre classes.
Cependant, aucune des informations fournies par Strickler ne sont justifiées par des références solides à des sources d’archives et il n’est pas interdit de penser, faute de preuves, que Moll élabora ou reprit, quelques années après, vers 1800, le même dispositif dans une brochure de soixante-dix pages intitulé Moyens de faire de la République Française, l’État le plus heureux et le plus agréable qui existe. Le texte décrit un arrangement ingénieux de gouvernement et d’organisation sociale, y compris le rôle civique propre à chaque classe. Il imagine un « système » d’avancement social progressif par des loteries et des évaluations financières. Moll exprime la conviction que cent mille citoyens assemblés devraient former la population optimale d’une ville par ailleurs chef-lieu d’une circonscription administrative : « que dans chaque département de trois cents mille âmes, il n’y [ait] qu’une seule ville, mais peuplée de cent mille âmes, et autant qu’il est possible, dans la forme prescrite par un plan que je communiquerai à la suite de cet ouvrage... ». Toujours selon Strickler, les résultats de ces travaux auraient été présentés tantôt au gouvernement suisse, tantôt au gouvernement français. Un exemplaire de la brochure, imprimé in-quarto sur un papier bleu pâle, est conservé maintenant à la Bibliothèque nationale de France[2].
Également dû à Moll et ne reprenant de son texte originel que l’organisation spatiale, il existe au département des Cartes et Plans un traité – « Plan d’une ville de cent mille âmes, c’est-à-dire, cahier servant de suite audit plan, contenant non seulement le détail de la forme générale et particulière de chaque objet, ainsi que celui de son utilité, de sa beauté, et des agrémens et avantages qui en résultent, mais encore le moyen de pouvoir l’exécuter en très peu de temps, sans fonds d’avance et sans qu’il en coûte rien à l’Etat, quoique dirigé et entrepris aux frais du gouvernement »[3] – qui fut accompagné lors de sa parution d’un plan en couleur. Traité et plan proviennent d’exemplaires distincts et sont donc conservés séparément. Le document cartographique, « Plan d’une ville de cent mille âmes », d’ailleurs connu par deux exemplaires (Ge D 13 550 et Ge D 6 910), est une planche gravée (45 x 54 cm) par Dien et qui devait figurer initialement à la fin du traité. Celui-ci est composé de soixante-deux pages de format in 12. Jean-Jacques Moll n’en resta pas là et fit paraître en 1805 un nouveau projet intitulé « Cahier : contenant six différentes parties de plans de villes… ». Il s’agit d’un texte de vingt pages et d’un certain nombre de plans pour une ville idéale modulaire.
Aussi, la cité idéale de ce Suisse acquis aux idéaux révolutionnaires tient-elle plus du manifeste politique que du projet architectural.
Œuvres publiées
- Moyens de faire de la République Française, l’État le plus heureux et le plus agréable qui existe, Paris, 1800, 70 pages, in-4°
- Plan d’une ville de cent mille âmes, c’est-à-dire, cahier servant de suite audit plan, contenant non seulement le détail de la forme générale et particulière de chaque objet, ainsi que celui de son utilité, de sa beauté, et des agrémens et avantages qui en résultent, mais encore le moyen de pouvoir l’exécuter en très peu de temps, sans fonds d’avance et sans qu’il en coûte rien à l’État, quoique dirigé et entrepris aux frais du gouvernement, Paris, 72 pages, in-12°
- Cahier contenant six différentes parties de plans de villes, avec le moyen de varier les places qui se trouvent dans les centres, de plus de quarante manières différentes, bibliothèque du Getty Research Center, special collection, 91-B 25 584
Notes et références
- Il existe un fonds Moll à la Bibliothèque de la ville de Bienne.
- France, BNF, PHS, 4° Lb43 (379).
- France, BNF, Cartes et plans, Ge FF 15 785.
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