- Interprétation du patrimoine
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L’interprétation ou l’interprétation du patrimoine est un outil pour la traduction de sites naturels, culturels ou patrimoniaux.
Elle permet de donner du sens aux différents éléments observés par un visiteur sans entrer dans des explications ou une démarche scientifique.
Le concept d'interprétation est née à la suite d'une étude mené par Freeman Tilden auprès des animateurs des parcs nationaux américains dans les années 50. Ce journaliste a extrait les règles qui lui semblaient expliquer la réussite des visites de ces sites remarquables auprès des visiteurs. En 1957, il a formalisé le concept d'interprétation dans un ouvrage intitulé « Interpreting our Heritage ».
Sommaire
Principes
Le concept tient en 5 grands principes :
- Se demander pourquoi les visiteurs viennent et ce qu'ils attendent du site
- Offrir un tout plutôt qu'une partie
- Ancrer une révélation dans la personnalité des visiteurs
- Couler la matière brute dans des formes artistiques
- Se garder de tout excès
- Le premier principe invite à se mettre à la place des visiteurs en essayant d'éliminer nos particularités culturelles de cette analyse. Le concepteur de la visite doit faire preuve d'empathie et tenter de trouver « Pourquoi ils sont venus ? ».
- Le deuxième principe évoque le fait que nous retenons plus facilement une histoire construite plutôt qu'une multitude d'éléments séparés sans liens entre eux.
- Le troisième principe propose de s'appuyer sur la personnalité des visiteurs pour leur parler avec les mots qu'ils comprendront le mieux. Il faut utiliser des éléments familiers et faire des analogies avec la vie quotidienne pour permettre au visiteur de se projeter dans le site qu'il visite. Tant que faire se peut, pour toucher un maximum de personnes, il faut appuyer la démarche sur des éléments non circonstanciés de la personnalité (i.e. qui ne sont pas liés à nos origines, notre génération, notre activité professionnelle).
- Le quatrième principe propose d'utiliser l'ensemble des connaissances pour construire une « œuvre artistique » afin de livrer au visiteur un objet accessible et non une somme de renseignements « universitaires ». Il invite également à une certaine provocation devant amener le visiteur à aller plus loin.
- Le cinquième principe rappelle que trop d'informations ou trop peu nuisent à l'appropriation du site par le visiteur. De même, un objet trop artistique nuit à la compréhension du visiteur.
Illustration du concept
L’objectif des plans d’interprétation à vocation touristique est, à partir d’une analyse des richesses patrimoniales et naturelles, d’identifier les atouts d’un site ou d’une vallée. Les parcs nationaux et parcs naturels régionaux multiplient ce type d’initiative. Le plan d’interprétation permet de structurer une image propre à un territoire (Exemple une vallée), en prenant en compte toutes les données (économiques, humaines, patrimoine naturel et culturel). Cette image, une fois identifiée, est destinée à devenir un élément de notoriété et un support d’aménagement et de communication pour l’ensemble des acteurs. Elle donnera aux gestionnaires les moyens de retenir les meilleures options dans leurs projets de développement. Ensuite, l’ensemble des partenaires du développement de la vallée définit la stratégie et les actions à conduire autour de cette image[1].
Autre exemple : Pour amener un visiteur à appréhender l'eau, on peut présenter deux démarches :
- une démarche classique et scientifique : on présente aux visiteurs un article encyclopédique comme celui-ci eau.
- une démarche d'interprétation : on présente une boîte fermée dans laquelle on est amené à mettre la main pour sentir le contact avec cet élément, puis on invite le visiteur dans une pièce reconstituant une ambiance de pluie avec une « douche » et les bruits des gouttes qui tombent sur le sol, la végétation ou un toit. Ces démarches peuvent être accompagnées ou non d'éléments plus cognitifs.
Difficulté sémantique
Comme l'illustrent bien les exemples précédents la notion "d'interprétation" est devenue de plus en plus floue et englobante : entre information, pédagogie, planification, valorisation patrimoniale et touristique etc. Les "principes" qui en font la spécificité ne sont pas toujours perceptibles dans l'analyse des réalisations. Pourtant, et même en considérant qu'il est normal que cette notion évolue depuis sa formalisation par Tilden au siècle dernier, sa caractérisation passe par :
- la mise en valeur par la spécificité du lieu ("nulle part ailleurs..."),
- l'accroche immédiate au public destinataire (ça "lui" parle, personnellement, ça le fait réagir...),
- l'intégration dans la culture et la société locale ("allez le voir, je vous le recommande...ça parle vraiment de chez nous"),
- le déploiement d'un fil conducteur englobant dans une seule thématique diverses approches et faisant appel à plusieurs types "d'intelligence" (affective, visuelle, kinesthésique, poétique, humoristique etc.) ainsi à la perception par les cinq sens,
- enfin une réalisation faisant appel à des compétences diversifiées (artistiques, littéraires, pratiques, techniques etc.) .
Un aménagement ne présentera jamais toutes les caractéristiques de l'interprétation (ainsi définie) mais un projet qui ne vise pas ces cibles-là a toutes les chances de passer à côté du sujet quant à l'efficacité supposée de cette technique vis-à-vis de publics diversifiés.
Bibliographie
- Tilden Freeman, 1957 .- Interpreting our Heritage .- Chapel Hill : University of North Caroline : Carolina Press, 1957 .- 119 p.
- Journal Monts & Merveilles, Les plans d’interprétation et de développement touristique durable, Journal du Parc national du Mercantour, juillet 2003, N°13 p.8.
- Le centre d’interprétation au cœur d’un processus de valorisation, s.m. scipion, la lettre de l’ocim, n°61, 1999, pp.1-5.
Liens externes
- (fr) Charte sur la présentation et l’interprétation des sites du patrimoine.
- (fr) Evaluer l'interprétation
- (fr) Formation à l'interprétation
Notes et références
- Plan d’interprétation et de développement touristique durable de la vallée de la Tnée présentée à l’occasion de la journée d’étude du SITALPA (Syndicat mixte des Alpes-d’Azur), et associant les Communautés de communes de la Tinée, le Parc national du Mercantour, le Comité régional au tourisme Riviera Côte d’Azur…à Saint-Étienne-de-Tinée (Alpes-Maritimes), le 17 mai 2003.
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