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Intelligence ambiante
En repoussant les limites technologiques toujours plus loin, le concept même de système d’information ou d'ordinateur change : d’une activité de traitement exclusivement centrée sur l’utilisateur, l’informatique devient intelligence ambiante. Parce que la technologie permet de fabriquer des ordinateurs minuscules et omniprésents (nano-informatique), elle ouvre à presque tous les objets de la vie courante, la capacité à déclencher un échange spontané d'informations, sans interaction avec leur utilisateur.
C’est un modèle fondamentalement différent des systèmes informatiques que nous connaissions au XXe siècle et de la notion d’ordinateur qui lui était couramment rattachée. Ce nouveau concept va introduire de profonds changements dans le monde de l’entreprise et celui de la vie quotidienne et qui imposera inéluctablement une évolution capitale des activités et métiers informatiques.
Si internet a consacré l’avènement des réseaux planétaires conventionnels, la prochaine mutation, celle qui va favoriser le développement de l’intelligence ambiante et d’une informatique diffuse se prépare sur un autre terrain : celui des réseaux d’objets (voir aussi Internet des objets) sans fils et à très grande échelle. La particularité de ces nouveaux réseaux repose sur un mode s’affranchissant de la chaîne d’antennes fixes. Un réseau dont les nœuds actifs ou antennes seraient constitués par les terminaux eux-mêmes (c'est-à-dire les objets communicants). Ces systèmes de télécommunication seraient capables de s’autogérer (un principe analogue à celui du peer to peer, parfaitement adapté à la mise en oeuvre d'un réseau très capillaire où les objets communicants seront devenus omniprésents).
Les composants élémentaires de l'intelligence ambiante
l'intelligence ambiante met en oeuvre quatre briques de base :
- L'ubiquité : la capacité pour l'utilisateur d'interagir, n'importe où, avec une multitude d'appareils interconnectés, de capteurs, d'activateurs, et plus globalement avec les systèmes électroniques "enfouis" (embedded software) autour de lui. Tout cela à travers des réseaux adaptés et une architecture informatique très distribuée.
- L'attentivité : la faculté du système à "sentir" en permanence la présence et la localisation des objets, des appareils et des personnes pour prendre en compte le contexte d'usage. Toutes sortes de capteurs sont nécessaires à cette fin : caméras, micros, radars, capteurs biométriques, ainsi que la technologie des puces et lecteurs à radio-fréquence (RFID) pour l'identification.
- L'interaction naturelle : l'accès aux services doit pouvoir se faire de la façon la plus naturelle / intuitive possible. A la différence de l'interface traditionnelle de l'univers informatique (dénommée WIMP, « Windows, Icons, Menus and Pointing device », (fenêtres, icônes, menus et dispositif de pointage), l'interface homme-machine est multimodale. Elle s'articule autour de la reconnaissance vocale, gestuelle ou la manipulation d'objets réels.
- L'intelligence : la faculté d'analyse du contexte et l'adaptation dynamique aux situations. Le système doit apprendre en se basant sur les comportements des utilisateurs afin de leur répondre au mieux. Cela implique capacités de stockage, de traitement et algorithmes de modélisation.
L'Europe mise sur l'intelligence ambiante à l'horizon 2010
Plus de 7 milliards d'Euros sont consacrés aux programmes de recherche IST (Information Society Technologies) et financés pour moitié par l'Union européenne et dévolus aux technologies de l'information. C'est la composante du 6e PCRD (Programme-cadre de recherche et développement européen pour la période 2002-2006). Ces programmes regroupent des thèmes assez hétéroclites, comme la nano-électronique, les micro-systèmes, les réseaux sans fil, Internet large bande, des technologies de capteurs ou encore des méthodes de calcul distribué.
Ces recherches ont un point unificateur : elles participent toutes au développement à long terme d'une vision ou d'un concept que l'on nomme en Europe «Intelligence Ambiante», une traduction moins littérale du concept né en Amérique du Nord sous le vocable initial de «Informatique Ubiquitaire», «Systèmes Pervasifs» ou encore «Ordinateur évanescent».
L'intelligence ambiante ouvre des perspectives concrètes pour l'industrie européenne, de renforcer sa position dans des domaines comme les communications mobiles, l'électronique grand public, les logiciels enfouis (embedded software) ou la microélectronique.
Bibliographie
- Nano-informatique et Intelligence Ambiante, Jean-Baptiste Waldner, Hermes Science, London, 2006, ISBN 2746215160
- Technology Forecast: 2000 - From Atoms to Systems: A perspective on technology, PriceWaterhouseCoopers, PriceWaterhouseCoopers Technology Center, 2000 , ISBN 189186503X
- PriceWaterhouseCoopers, Navigating the future of software: 2002-2004, PriceWaterhouse Coopers Technology Center, 2002
- Le futur des télécommunications? Des réseaux de nœuds, Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique, Horizons, 2004
- De l'inéluctabilité du Réseau Pervasif, Rafi Haladjian, Ozone, 2003
- Des robots doués de vie, A. Guillot & J.A. Meyer, Le Pommier, 2004 ISBN 9782746501720
- Et la matière devint vivante, André Brack, Le Pommier, 2004 ISBN 9782746501508
- L'Europe mise sur l'intelligence ambiante, Nicolas Kuhn , Electronique International Hebdo, 2003
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