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Implant cochléaire
L'implant cochléaire est un appareillage qui vise à restaurer un certain niveau d'audition pour certaines personnes sourdes (surdités endocochléaires profondes) et pour des personnes souffrant un excès d'acouphènes, en stimulant directement les terminaisons nerveuses de l'audition situées dans la cochlée, au moyen d'électrodes implantées chirurgicalement.
Sommaire
Historique
En 1957, Charles Eyriès, otologiste et André Djourno, professeur de physique médicale, pratiquent la première opération assimilable à un implant cochléaire, ils redonnent de l'audition à un sourd total en stimulant grâce à une bobine d'induction les fibres nerveuses acoustiques de son oreille interne[1]. Le système permet d'entendre certains sons, par exemple sous la forme de "cris de grillons". Toutefois le prototype tombe en panne après quelques semaines et n'est pas réparé.
En 1961 William House, otologiste américain, reprend les travaux d'Eyriès et implante un système fiable, progressivement proposé à des patients de plus en plus nombreux. Il s'agit là encore d'un système monoélectrode, ne permettant de reconnaître que les rythmes de la parole, et donc un simple complément à la lecture labiale.
Bien que les premiers essais d'implants multi-éléctrodes remontent à 1964, le premier implant cochléaire fonctionnel remonte à 1978, implanté par l'australien Graeme Clark de l'université de Melbourne.
L'utilisation chez l'adulte en a été approuvée aux États-Unis par la Food and Drug Administration en 1984 chez les adultes et en 1990 chez l'enfant[2].
Mais de nombreux sourds profonds refusent cette technique de l'implantation cochléaire par peur d'une double Schizophrénie du fait d'être un handicapé auditif qui se sent exclu parmi les gens de son entourage. Alors le fait d'être un sourd ET le fait d'être un "cyborg" risquent d'augmenter le sentiment d'étrangeté chez les entendants. la démarche peut être assimilée à une trahison de la culture sourde et de la langue des signes.
Fonctionnement
Les informations sonores reçues par un appareil installé derrière le pavillon (oreille externe), sont traitées par un microprocesseur inclus dans cet appareil. Le signal électrique est envoyé vers la cochlée, par un fil reliant une antenne (posée sous la peau du sujet) qui transmet le signal aux électrodes implantées dans la cochlée (jusqu'à 22 électrodes).
Les sensations sonores perçues par le sujet peuvent au début ne pas correspondre aux sensations de l'audition normale, ni à celles de l'audition appareillée de façon externe. C'est la raison pour laquelle une éducation auditive spécifique pratiquée avec un orthophoniste est presque toujours nécessaire à sa bonne intégration par le sujet qui la porte.
Après une période d'adaptation, les résultats deviennent très souvent excellents : de très nombreux adultes devenus sourds ou enfants implantés très précocement sont par exemple capables d'utiliser le téléphone. Les publications récentes indiquent qu'approximativement un tiers des enfants implantés obtient d'excellents résultats avec une compréhension équivalente à celle d'enfants normo-entendants, qu'un autre tiers acquiert une compréhension de la parole correcte, et que le dernier tiers rencontre des difficultés (très souvent corrélées avec une implantation tardive ou la présence d'autres troubles que la surdité)[3].
Il est cependant très important de comprendre qu’un implant cochléaire ne restitue en aucun cas une audition normale mais plutôt une audition électronique et ce qui n'est pas une audition naturelle "à l'oreille nu". Il s’agit d’une prothèse auditive et la personne sourde qui en bénéficie reste sourde ![4].
Coût
En France, le coût de l'implantation[5] est compris, en 2004, entre 34 000 € (enfants) et 32 000 € (adultes), l'implant cochléaire coûtant 22 000 €, l'opération 2 à 3 000 € et la réhabilitation 4 à 6 000 €. Toutefois, selon la même source, les chiffres de prise en charge totaux dans différents pays vont de 25 à 64 000 € (valeur 2001).
Les différentes études coûts/utilité (QALY) de l'opération de pose d'implants cochléaire sont toutes positives, même chez les patients âgés jusqu'à 82 ans[6]. Pour les enfants, les économies réalisées par la suite sur le coût de l'enseignement compensent à eux seuls un quart des coûts d'implantation.
Les fabriquants d'implants cochléaires reconnus en France sont Advanced bionics SARL, Cochlear France SARL, Neurelec-MXM, Vibrant MED-EL Hearing technology[7].
Implantation
Elle se fait sous anesthésie générale et l'opération pour une oreille dure trois heures environ. Les électrodes cochléaires sont glissées dans cette dernière après création d'une minime ouverture dans l'os mastoïde, derrière l'oreille.
Les complications sont assez fréquentes mais le plus souvent mineures[8]. A long terme, le taux de pannes nécessitant une réintervention peut atteindre 3 à 6% des cas[9].
Inconvénients
Il est erroné de présenter l'implant comme une panacée pour les sourds profonds alors qu'il existe plusieurs causes possibles à la surdité et qu'elle peut aussi évoluer dans le bon sens, c'est-à-dire s'atténuer , le cerveau palliant la déficience auditive en faisant travailler de nouvelles cellules. L'opération détruit l'oreille interne de façon irréversible.
Dans certains centres pour sourds, les responsables et certains médecins insistent auprès des parents pour qu'ils fassent implanter leurs enfants sourds.En fait, beaucoup agissent ainsi pour des raisons financières[réf. nécessaire], car l'implant crée une dépendance en fournitures très chères vis-à-vis de l'entreprise de fabrication d'appareils qui subventionne le centre.
En revanche, avec des efforts suivis, et des appareils amplificateurs amovibles adaptés, même des petits enfants sourds profonds arrivent à parler et à chanter des contines.
L'implantation sur les jeunes enfants constitue pour les parents une décision difficile à prendre qui, ensuite, a tendance à en faire des prosélytes de ce genre d'opération[non neutre]. Beaucoup de parents se laisseront influencer parce qu'ils considèrent aussi plus facile de faire implanter leurs enfants plutôt que de passer trois heures par jour à leur apprendre à parler.
Questions éthiques
La politique actuelle d’implantation d’enfants sourds pré-linguaux est vivement contestée par la communauté sourde[10].
En effet, elle y voit une dévalorisation (comme si la langue orale était supérieure à la langue des signes), voire une négation de toutes les beautés et les richesses de la culture sourde. La communauté sourde, dans son discours, montre que les parents d’enfants sourds qui optent pour l’implantation de leur bébé, en ayant comme perspective de « réparer la surdité », de « réparer leur enfant », en font en réalité un mauvais entendant, un malentendant, handicapé à la fois dans le monde sourd et dans la monde entendant.
Le choix de faire opérer le petit sourd risque donc d’avoir pour conséquence de freiner son intégration dans la communauté sourde sans pour autant lui assurer une intégration parfaite dans la communauté entendante. Le choix d’implanter un bébé est donc un problème éthique important pour les parents, déjà troublés par la surdité de leur enfant.
En France, le comité consultatif national d'éthique estime que, si les parents optent pour une implantation cochléaire - dont les bénéfices restent encore incertains malgré des années d'apprentissage ardu -, il convient de conjuguer l’implantation à un apprentissage de la langue des signes dès que possible, soit vers l'âge d'un an[11].
Voir aussi
Liens internes
Bibliographie
- (en) Richard T. Miyamoto (dir.), Cochlear Implants : proceedings of the VIII International Cochlear Implant Conference held in Indianapolis, Indiana, USA between 10 and 13 may 2004, Elsevier, Amsterdam, 2004, 478 p. (ISBN 0-444-51848-7)
- (fr) Audrey Colleau (dir.), Implantations cochléaires, Fédération nationale des orthophonistes, Paris, 2004, 186 p. (numéro de Rééducation orthophonique, 42e année, 2004 n° 217)
- (fr) Jean Giot et Laurence Meurant (dir.), Éthique et implant cochléaire : que faut-il réparer ?, Presses universitaires de Namur, Namur, 2006, 90 p. (ISBN 978-2-87037-530-3)
Filmographie
- Eulalie, la belle parole, film documentaire de Murielle Schulze[12]
Liens externes
Études et analyses:
- Synthèse et réalisation d’études cliniques sur l'implant cochléaire par la faculté de médecine de Rennes I
- Implant cochléaire chez l'enfant et l'adulte expliqué sur le site de l'hôpital de Marseille
- L'implant cochléaire, par le centre d'information sur la surdité et l'implant cochléaire
- L'implant cochléaire
Fabriquants :
Notes et références
- ↑ Djourno A, Eyriès C, (1957) 'Vallencien B. De l'excitation électrique du nerf cochléaire chez l'homme, par induction à distance, à l'aide d'un micro-bobinage inclus à demeure.' CR de la société.de biologie. 423-4. 9 mars 1957
- ↑ Papsin BC, Gordon KA, Cochlear implants for children with severe-to-profound hearing loss, New Eng J Med, 2007;357:2380-2387
- ↑ Uziel AS, Sillon M, Vieu A, et als. Ten-year follow-up of a consecutive series of children with multichannel cochlear implants, Otol Neurotol 2007;28:615-628
- ↑ Horizon 2000 (Association d'information, de communication et de démystification de la personne handicapée)
- ↑ Haute autorité de santé, 2007 "Traitement de la surdité par la pose d'implant cochléaires ou d'implants du tronc cérébral", mai 2007, tableau 9, p 54, données statistiques basée sur 89% des opérations pratiquées entre 2002 et 2004
- ↑ Haute autorité de santé, 2007 "Traitement de la surdité par la pose d'implant cochléaires ou d'implants du tronc cérébral", mai 2007, pp 55-57
- ↑ Haute autorité de santé, 2007 "Traitement de la surdité par la pose d'implant cochléaires ou d'implants du tronc cérébral", mai 2007, p 7
- ↑ Bhatia K, Gibbin KP, Nikolopolous TP, O'Donoghue GM, Surgical complications and their management in a series of 300 consecutive pediatric cochlear implantations, Otol Neurotol 2004;25:730-739
- ↑ Côté M, Ferron P, Bergeron F, Bussières R, Cochlear reimplantation: causes of failure, outcomes, and audiologic performance, Laryngoscope, 2007;117:1225-1235
- ↑ Balkany TJ, Hodges AV, Goodman KW. Ethics of cochlear implantation in young children, Otolaryngol Head Neck Surg 1996;114:748-755
- ↑ Avis n°44 rendu le 1er décembre 1994 par le CCNE
- ↑ Eulalie, la belle parole, documentaire
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