Homo æqualis

Homo æqualis

Homo aequalis : genèse et épanouissement de lidéologie économique est un ouvrage de l'anthropologue français Louis Dumont publié chez Gallimard en 1977. À travers son analyse, il fait un retour sur la société occidentale pour en comprendre les valeurs et les idéologies.

Sommaire

Description

L'auteur propose une réflexion sur l'idéologie moderne en partant du constat qu'il existe deux types de sociétés:

  1. Les sociétés de type holiste. Elles valorisent le tout, cest-à-dire la société. Ainsi, tout ce qui est marginal est fortement réprimé. Lordre, la hiérarchie sociale et la conformité sont les maîtres mots de ce type de société.
  2. Les sociétés de type individualiste. Dans ce cas, cest le besoin des individus qui prime sur celui de la société. La valeur suprême est légalité entre les individus Mais ce type de société est beaucoup plus rare. On ne le trouve quen Occident et il sest formé petit-à-petit depuis le XVIIIe siècle.

À partir de ce constat, lanthropologue affirme que cest lévolution de léconomie qui a permis lindividualisme caractéristique de notre société. Au départ, léconomie et la politique sont étroitement imbriquées dans la religion.

Il suffit de penser à la monarchie de droit divin et à linterdiction daccumuler de largent, celle de jouer à des jeux dargent ou de créer des banques. Petit à petit, comme laffirme Dumont, léconomie va devenir indépendante à la fois de la morale et de la politique. Pour illustrer son propos, lauteur évoque différents points de vue de léconomie. Il sagit de la vision des mercantilistes, de Quesnay, de Locke, de Mandeville, de Smith et enfin de Marx. A mesure que lon se rapproche du XXe siècle, les auteurs ont une vision léconomie devient une branche de plus en plus indépendante et de plus en plus forte.

Louis Dumont utilise un exemple qui montre que le passage dun type de société holiste à individualiste va de pair avec la transformation de léconomie : léconomie au Moyen Âge. Si on l'observe, on voit que la richesse est dite immobilière, car ce sont les terres que les seigneurs possèdent qui organisent léchange. Ceux qui les détiennent ont le pouvoir. Le système est hiérarchisé et il y a une forte interdépendance entre les êtres humains, car le seigneur a besoin du paysan pour la nourriture et réciproquement, le paysans a besoin du seigneur pour la terre et la protection. Il en résulte une forte cohésion sociale et donc un grand conformisme. Lorsquon passe à un système de richesse mobilière, cest-à-dire un système déchange dont le mode de transaction est largent. Il suffit de travailler plus pour monter dans la hiérarchie sociale, car tout le monde est placé sur un pied dégalité. Le rapport aux autres nest plus nécessaire et cest le rapport aux objets qui priment. Il en résulte une indépendance des individus menant à la disparition du conformisme, légalité, la liberté, lautonomie mais le revers de la médaille est quil peut se développer une société anomique le désordre est la conséquence de labsence dinterdit.

À partir de ce constat, l'anthropologue va développer la vision de plusieurs philosophes pour montrer l'évolution de la société occidentale. Pour les mercantilistes, il faut raisonner au niveau de la nation tout entière. Le seul moyen pour celle-ci de senrichir est de faire du commerce international, car cest le seul cas la balance des payements peut augmenter. Avec Quesnay, on raisonne toujours dune manière holiste avec trois types de classes, les agriculteurs, les ouvriers industriels et les rentiers. Seule lagriculture est considérée comme non stérile. Mais, avec Locke, la politique se différencie. Tous les hommes sont égaux et donc la propriété appartient aux individus, ce ne sont donc plus les seigneurs qui possèdent les terres et donc la société devient individualiste. Laspect le plus intéressant concerne lindépendance de léconomie par rapport à la morale.

Dumont reprend Bernard Mandeville pour illustrer son analyse. Dans La Fable des abeilles, lécrivain décrit une ruche qui symbolise la société. Celle-ci est dominée par le vice, mais elle est prospère. On est cependant nostalgique de la vertu et un jour, une prière est exaucée ; la ruche devient alors vertueuse, mais la pauvreté règne. Ainsi léconomie serait orientée vers le bien et aurait sa propre morale. Si on tente de lui imposer des normes, elle laisse place à la pauvreté. Comme le souligne Adam Smith, en recherchant leurs intérêts propres, les êtres humains contribuent au bien collectif. Mais cependant, Mandeville ne va pas prétendre que tous les vices sont bénéfiques à la société ; il faut « la manipulation adroite dun politicien  ». Prenons deux exemples contraires à la morale mais bénéfiques à la société. Si un individu est orgueilleux, il va avoir des goûts de luxe et donc il va falloir produire des biens, ce qui va faire tourner léconomie, ce qui contribuera au bien-être de la société. Autre exemple : lincendie de Londres a été bénéfique, car il a contribué à créer des emplois. Cette idée va être reprise par Smith. Toute son œuvre se centre sur un aspect : la valeur dun bien provient du travail. Cest donc lhomme qui est le créateur de richesse, cela implique une égalité pour tous. Avec Marx, on atteint lapothéose de léconomie. En effet, non seulement léconomie est indépendante de la morale et de la politique, mais cest elle qui les domine, de même que lhistoire et la sociologie.

Cest linfrastructure qui détermine la superstructure. Certains prétendent que Marx est holiste, mais lauteur prétend le contraire. En effet, Marx recherche le bien non pas de la société pris dans son ensemble mais de lensemble des individus. Il centre sa philosophie sur le travail qui est individuel. Comme le dit Dumont : « Marx est lui aussi en fin de compte à lintérieure dune sorte de conception de droit naturel de lhomme, transcendant toutes constitutions sociales et stades de production particuliers[citation nécessaire] ».

En se référant à ces auteurs, Dumont montre que lémancipation de léconomique vis-à-vis du politique et de la morale entraîne une harmonie naturelle des intérêts, qui implique le laisser-faire, le libre commerce et la position ultime qui est le libéralisme économique.

Ce rapport entre le système économique et l'idéologie de la société permet de dégager plusieurs remarques. À travers lœuvre de Dumont, il y a une véritable apologie du libéralisme économique. En effet, à notre époque, la liberté des individus, légalité entre eux sont des valeurs essentielles. Dès lors quelles sont liées à notre mode économique quest le libéralisme, il devient gênant de remettre celui-ci en cause, car ce serait revenir à des sociétés inégalitaires de type holiste.

En 1991, Louis Dumont fait paraîatre un deuxième volume intitulé: Homo aequalis. 2. L'idéologie allemande.

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Références

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