- Hermotime de Clazomènes
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Hermotime de Clazomènes, penseur et "chaman" grec, du VIe s. av. J.-C. (vers -480/500). Mais il est peut-être légendaire. Ne pas confondre avec l'Hermotime, stoïcien, dont parle Lucien en 166 dans son Hermotime, ou comment choisir sa philosophie ?.
Pythagore, né vers 569 av. J.C., se donne pour une réincarnation d'Hermotime :"Il (Pythagore donc) racontait sur lui-même les choses suivantes : il avait été autrefois Aithalidès [fils d'Hermès] et passait pour le fils d’Hermès ; Hermès lui avait dit de choisir ce qu’il voulait, excepté l’immortalité. Il avait donc demandé de garder, vivant comme mort, le souvenir de ce qui lui arrivait. Ainsi dans sa vie, il se souvenait de tout, et une fois mort il conservait des souvenirs intacts. Plus tard, il entra dans le corps d’Euphorbe et fut blessé par Ménélas. Et Euphorbe disait qu’il avait été Aithalidès [fils d'Hermès], et qu’il tenait d’Hermès ce présent et cette manière qu’avait l’âme de passer d’un lieu à un autre, et il racontait comment elle avait accompli ses parcours, dans quelles plantes et quels animaux elle s’était trouvée présente, et tout ce que son âme avait éprouvé dans l’Hadès, et ce que les autres y supportaient. Euphorbe mort, son âme passa dans Hermotime qui, voulant lui-même donner une preuve, retourna auprès des Branchidées et pénétrant dans le sanctuaire d’Apollon, montra le bouclier que Ménélas y avait consacré (il disait en effet que ce dernier, lorsqu’il avait appareillé de Troie, avait consacré ce bouclier à Apollon), un bouclier qui était dès cette époque décomposé, et dont il ne restait que la face en ivoire. Lorsque Hermotime mourut, il devint Pyrrhos, le pécheur délien ; derechef, il se souvenait de tout, comment il avait été auparavant Aithalidès, puis Euphorbe, puis Hermotime, puis Pyrrhos. Quand Pyrrhos mourut, il devint Pythagore et se souvint de tout ce qui vient d’être dit" (Diogène Laërce, VIII, 5.).
On qualifie d' "hyperboréens" ou d' "apolliniens" un groupe de penseurs ou de mages ou de chamans antérieurs à Socrate et même au premier des présocratiques (Thalès) : Aristée de Proconnèse (vers 600 av. J.-C. ?), Épiménide de Crète (vers 595 av. J.-C.), Phérécyde de Syros (vers 550 av. J.-C.), Abaris le Scythe (vers 540 av. J.-C. ?), Hermotime de Clazomènes (vers 500 av. J.-C.). Les Grecs en faisaient une école, qui anticipait le pythagorisme : pour Apollonios Dyscole, "À Épiménide, Aristée, Hermotime, Abaris et Phérécyde a succédé Pythagore (...) qui ne voulut jamais renoncer à l'art de faiseur de miracles."[1] Ce sont à la fois des chamans et des penseurs ou même des philosophes. Le premier à noter l'aspect chamanique fut Meuli[2]. Effectivement, Hermotime est, dit-on, capable de séparer l'âme de son corps, et son âme voyage en toute indépendance, laissant le corps inerte.
"Et cela confirme la vérité de l'histoire d'Hermotime de Clazomènes : son âme, l'ayant plusieurs fois quitté, voyageait toute seule, puis revenait, occupait à nouveau le corps et ressuscitait Hermotime."[3]
Sommaire
Philosophie
Selon Aristote, Hermotime, avant Anaxagore, proclama que l'esprit est cause de toutes choses.
" Quand un homme vint dire qu'il y a dans la Nature, comme chez les animaux, une Intelligence, cause de l'ordre et de l'arrangement universel, il appraut comme seul en son bon sens en face des divagations de ses prédécesseurs. Nous savons, à n'en pas douter, qu'Anaxagore adopta ces vues, mais on dit qu'il eut pour devancier Hermotime de Clazomènes."[4]
L'histoire de la pensée retient que "Hermotime de Clazomènes et Anaxagore enseignaient qu'une intelligence divine avait créé le monde, et en avait ordonné avec sagesse toutes les parties" et que "l'esprit (noûs) est le dieu en nous".
Selon Sextus Empiricus[5], Hermotime avança un dualisme, celui d'un principe matériel et d'un principe intellectuel.
Bibliographie
Sources
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], VII, 42.
- Aristote, Métaphysique, A, 3.
- Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens (Προς μαθηματικούς), IX : "Contre les physiciens", 1.
- Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] [lire en ligne], VIII, 5.
- Jamblique, Protreptique, 8.
- Plutarque, Du démon de Socrate [1]
Fragments
- Fr. Aug. Carus, Über die Sagen von Hermotimus aus Klazomenae, in "FüUeboms Beiträgen zur Geschichte der Philos.", Bd. III, St. 9, 1798, wieder-abgedruckt in Carus, Nachgelassene Werke (1808), Bd. IV : Ideen zur Geschichte der Philosophie, Leipzig 1809, S. 330 — 392.
Études
- Denzinger, De Hermotim Clazomen, 1825.
- Detienne, "Les origines religieuses de la notion de l'intellect. Hermotime et Anaxagore", Revue philosophique, 89, 1964, p. 167-178.
- Denis Huisman (dir.), Dictionnaire des philosophes, PUF, 2e éd., t. 1, p. 1332.
- Richard Goulet (dir.), Dictionnaire des philosophes antiques, C.N.R.S. Éditions, t. III, 2000, p. 668-669.
- Smith, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology (1870), v. 2, page 423. [2]
Notes
- Apollonios Dyscole, Histoires merveilleuses (vers 140), 6.
- K. Meuli, "Scythica", Hermès, 70, 1935, p. 137 sq. : Gesammelte Schriften, Bâle, Schwabe, 1975, t. II, p. 163 sq.
- Lucien, Éloge de la mouche, 7.
- Aristote, Métaphysique, A, 3, 984 b 15, trad. Tricot.
- Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, IX.
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