- Haïaïna
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Haïaïna , dite aussi Oulad Hayyan et parfois aussi Oulad Hayyoun , est une tribu marocaine d'origine arabe, installée au nord-est de Fès, entre oued Sebou et oued Ouergha. Représentant l'une des plus importantes ethnies prérifaines, composée de trois tribus, les oulad Amrane, oulad Aliane et oulad Riab .
Sommaire
Les collines prérifaines du pays Hyayna
Le pays prérifaine "Hyayna" se distingue nettement du reste du pays par sa structure, sa lithologie et son paysage. Il s'agit d'une formation très complexe où les surfaces planes et les montagnes ne représentent souvent qu'un pourcentage limité. La superficie totale est de 16.1000 hectares avec une population qui s'élève à environ 162000 habitants répartie en 416 douars. Les Hyaynas, représentent l'une des plus importantes ethnies prérifaines, composée de trois tribus, les oulad Amrane, oulad Aliane et oulad Riab. Le pays est géographiquement homogène et comprend un ensemble de collines marneuses qui ont des sommets très étroits et une altitude comprise en moyenne entre 350 et 600 m. Ces collines sont constituées de petits champs dispersés, installés aux versants ou aux fonds des vallées et occupés par la céréaliculture (l'orge et le blé dur avec la fève et quelques parcelles en pois chiche et petits pois). Si dans d'autres régions au Maroc, la structure du paysage agricole s'est modifiée, certaines cultures ont reculé ou se sont réorientées, pendant que d'autres se développaient; dans cette région rien n'a changé ou peu a changé depuis des années.
Le pays Hyayna autrefois, un pays riche et prospère
La période historique est marquée par la richesse des collines prérifaines. Ainsi, durantles siècles passés et selon tous les témoignages historiques (Léon l'Africain, Marmol,..), le Hyayna fut un pays prospère dont l'agriculture fut riche et le bétail abondant. Elle est marquée aussi, par la succession et l'implantation de plusieurs paysanneries; autochtone, religieuse (chorfas de Ouezzane), citadine (la bourgeoisie fassie) et coloniale. De ce fait, les interventions humaines sont très anciennes et le fait marquant de cette période historique et, avant tout, la forte anthropisation des milieux due aux (pâturages, cultures, guerres, etc...). L'occupation est donc très vielle et faite par des "occupants" intéressés seulement par le rendement et nullement par l'amélioration et l'entretien de ces terres. En outre, Lazarev ; site que pour ces occupants, "l'arbre lui-même est rejeté. Celui-ci exigerait surveillance et frais particuliers auxquels se refuse le propriétaire". A force, ces sols sont épuisés, dégradés et ruinés, d'autres terres seront alors conquises par les cultures, ainsi des pentes de plus en plus fortes sont cultivées, ruinées et des forêts sont détruites, ce qui constituent la perte d'une source d'équilibre naturelle. Ainsi, les problèmes de l'érosion dans cette région ont été depuis longtemps et reste à nos jours le souci majeur des paysans, des autorités et des chercheurs.
L'histoire des Hyayna
La première apparition de la tribu hayaina dans l'histoire était en 1610 dans ce qui suit :
"Le peuple blâma vivement la conduite des notables qui s'étaient levés pour recevoir un infidèle ; du reste, à cause de cela, ils furent frappés par le Souverain Juge du bâton de la servitude et de l'avilissement, car à leur retour à Fez, ils furent arrêtés en chemin par les Arabes des Hayâïna qui les détroussèrent et leur enlevèrent tout ce qu'ils avaient avec eux ; on ne leur laissa pas même leurs vêtements, sauf au cadi Aboulqâsem ben Abou Ennoaïm qui fut respecté, parce qu'on avait reconnu à son costume qu'il était cadi."
Selon Notes sur les tribus du Maroc oriental 1912
La tribu des Hayaina s'étend sur un vaste territoire. Elle est répartie en trois fractions habitant trois oueds, et commandées par trois caïds. On peut estimer la population totale à 28.000 habitants, soit 6.720 combattants.
Les Hayaina sont Arabes, et se disent originaires de Tlemcen. Leurs ancêtres auraient été amenés dans le pays par Si Mohammed ben Lhassen, dont la Qoubba au toit vert s'élève sur le territoire des Ouled-Adjana qui en ont la garde.
Selon le Dictionnaire des noms de familles du Maroc
Hayyani (el) : de hayyan , prénom arabe et adjectif intensif , signifiant , le très vivant. Le patronyme peut indiquer une appartenance à la tribu arabe des Hyayna dite aussi Oulad Hayyan et parfois aussi Oulad Hayyoun , installée au nord-est de Fès , entre oued Sebou et oued Ouergha. Considérée tour à tour d’origine bédouine Kholt ou d’origine yéménite Maâquil de la branche guerrière de Doui Hassan, la tribu des Hyayna semble avoir mêlé différentes éléments tribaux faits d’autochtones et de nouveaux arrivants. Elle forme une tribu guiche ,introduite en tant que tel dans la banlieue de Fès probablement sous le règne Mérinide , puis Saâdien pour le contrôle des routes et pour la protection de Fès où les Hyayna jouèrent un rôle prépondérant dans la vie politique à la fin de ce règne . Sans oublier leur importance démographique , économique et politique dès le 17éme siècle compte tenu de leur emplacement stratégique.
Selon La Martinière et Lacroix
Les Haïaïna sont rangés politiquement dans les Djebala, car ils occupent la bande de territoire qui en est la continuation mais, ainsi que les Tesoul, ils sont d'origine arabe. Ils habitent la région qui s'étend depuis le bas de la vallée de l'oued Innaouen jusque dans l'est aux premiers contreforts des montagnes des R'iatsa, au sud ils s'arrêtent avec la vallée de l'oued Innaouen aux prolongements du Djebel des Beni Ouaraine et au nord ils sont limités par le massif des Tesoul. Quoi qu'il en soit, l'étendue de leur territoire est difficilement appréciable, car elle diminue presque chaque année par l'occupation progressive des cantons les plus orientaux par les R'iatsa.
Les Haïaïna habitent généralement dans des villages, sauf les groupes qui occupent la vallée proprement dite de l'oued Innaouen et qui possèdent des douars. Les Haïaïna sont assez soumis à l'autorité du Makhzen; en butte aux incursions des R'iatsa avec lesquels ils sont constamment en lutte et où ils succombent, ils s'appuient volontiers sur l'autorité de la cour de Fez. Aussi bien ils ont d'eux-mêmes réclamé la construction d'une-kasba au souk Djemâa des BeniStiten, fraction dont le territoire est le plus en butte aux déprédations des R'iatsa. Les Haiaina forment une tribu importante et susceptible, assure-t-on, de mettre sur pied jusqu'à 20,000 fusils et 2,000 chevaux. Ils comprennent trois fractions :
- Oulad Hamran,
- Oulad Trik,
- Oulad Errian.
Ces dernières se subdivisent en plusieurs sous-fractions :- Oulad Assera,
- Oulad Hallel,
- Oulad Aïade,
- Beni Khalifa,
- Beni Stiten,
- Oulad Abd el Kerim.
Il convient d'ajouter les Oulad Sékhir, les Lâasra, les Lehbardja, les Oulad bou Zian, les Beni Rached, les Ler'ouel, les Laatsema, et une fraction des Houara qui campe avec eux.
Le Gouvernement marocain divise administrativement la tribu des Haïaina d'une façon différente et d'après le groupement de ces populations dans les vallées des cours d'eau qui arrosent le territoire.
1° Les tribus dites de l'Ouad Innaouen où se rencontrent les sous-fractions suivantes :- Oulad Riab, Châachaa, Oulad lahia caïd Ould Djilali ben Mohammed. on y comptait 1.500 cavaliers, 7.000 fusils.
2° Les tribus de l'Ouad El Leben avec les sous-fractions suivantes; (1.200 cavaliers, 6.000 fusils)- El R'oal, caïd Mohammed Enbigui.
- Oulad Abd el Kerim, caïd El Hassen ould Kaddour,
- El Meskrin, caïd Dris Ould d Rouïchi.
- Oulad Aadja, caïd Ould Es-Saheli.
3° Les tribus de l'Ouad Ouar'ra avec 800 cavaliers et 5.000 fusils- Djâafra, caïd Ould el Meddad.
- El Mehirrin, caïd Ould el Meharrari.
- Oulad Aïssa, caïd Mohammed ben El Hadj.
(Les indications de commandement des caïds se rapportent au mois de novembre 1893).
Ces informations diffèrent un peu de celles fournies par le capitaine Thomas comme chiffre de combattants, notamment sur le nombre des cavaliers, mais quant aux totaux des fusils ils se rapprochent dans l'un et l'autre cas.
Les Haïaïna sont cités fréquemment dans l'histoire moderne du Maghreb après avoir été à demi détruits en 1662-1663 par Moulai Mohammed ben Cherif, ils furent dans la suite fortement mêlés, vers la fin de ce siècle, à tous les soulèvements de l'empire ils se réfugiaient alors chez les R'iatsa, quand les Sultans les poursuivaient.Les Haïaïna seraient en grande partie serviteurs de la maison de Ouazzan, toutefois, on y rencontre aussi des Derkaoua.
Selon Lazarev
La région était habitée par la tribu des Beni Ouamoud , dans le pays Hayaïna qui a remplacé, entre 1540 et 1610 sous les Saadiens, la population berbère des Senhadja .
Autres
Les Haïaïna sont d'origine arabe , de la branche des Béni Hilal , Béni Souleim ainsi que Béni Maâquil .
Les Béni Hilal arrivèrent en Ifriqia en 1051 et furent suivis par leurs cousins, les Béni Souleim. Quelques décennies plus tard, c'est aux Béni Maâqil, originaires du Yémen et provenant du sud, de pénétrer au Maghreb. Dès leur arrivée, ils furent utilisés comme force militaire .Les Zirides D'Ifriquia (Tunisie) et les Hammadites d'Algérie, profitant des divisions internes des Béni Hilal. les enrôlèrent dans leurs armées, engagées alors dans des luttes intestines. Ce sont les souverains almohades qui introduisirent les tribus bédouines au Maroc. Abdelmoumen, qui régna sur le Maroc de 1130 à 1163, en quête de soldats pour grossir les effectifs de ses armées, dont plusieurs corps se trouvaient en opérations en Andalousie et de mercenaires pour soutenir et asseoir sa dynastie, déporta certaines tribus hilaliennes du Maghreb Central dans les plaines atlantiques. C'est ainsi qu'arrivèrent dans le Gharb les tribus Séfiane. Béni Malek. dans le Tadla les Béni Amir et Béni Moussa. Le souverain leur concéda de nombreux avantages matériels et politiques. Son successeur, Yacoub Youssef, renforça le pouvoir almohade en procédant en 1187 au transfert des tribus arabes les plus turbulentes (Kholt,Riyach, etc.) et à leur implantation dans le Maroc intérieur, notamment dans le Haouz de Marrakech et dans le Gharb Les Beni Maâqil, peu nombreux à leur arrivée au Maroc (quelque deux cents individus) et cantonnés d'abord dans le bassin de la Moulouya au Maroc oriental (XIIIe siècle) se multiplièrent sous les Mérinides, descendirent dans le sud-ouest en passant par le Tafilelt et par le Drâ. Ils parvinrent même, à la fin du règne des Mérinides, à pénétrer dans le Maroc intérieur, les Abda dans la région de Tensift, les Zaërs dans la vallée d'Oum-er-rbiâ et les Beni Hassan arrivèrent jusque dans la région de Sefrou. Les Saâdiens puis les Alaouites les utilisèrent comme des boucliers de sécurité (tribus guich autour des grandes villes).Les fractions des Haïaïna
- Oulad Hamran
- Oulad Trik
- Oulad Errian
- Oulad Assera
- Oulad Hallel
- Oulad Aïade
- Beni Khlifa
- Beni Stiten
- Oulad Abd el Kerim
- Oulad Sékhir
- Lâasra
- Lehbardja
- Oulad bou Zian
- Beni Rached
- Ler'ouel
- Laatsema
- Houara
- Oulad Riab
- Châachaa
- Oulad Iahia
- El Meskrin
- Oulad Aadja
- Djâafra
- El Mehirrin
- Oulad Aïssa
Sources
- l’Homme et son environnement dans les collines pré-rifaines des “Hyayna” De Saïd ARIF Enseignant - Chercheur à la faculté de Beni -Mellal - Maroc
- Dictionnaire des noms de familles du Maroc De Mouna Hachim
- "Nozhet al Hadi" Histoire de la dynastie Saadienne au Maroc : 1511-1670
- Documents pour servir à l'étude du Nord-Ouest africain
- Le français au Maroc Par Fouzia Benzakour, Driss Gaadi, Ambroise Queffélec
- L'Afrique de Marmol
- Notes sur les tribus du Maroc oriental, notice dressée par les officiers de renseignements du cercle de Fez- Publication du Comité du Maroc (Paris) - 1912
Liens externes
Catégorie :- Tribu marocaine
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