- Génitif
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En linguistique, le génitif est un cas grammatical utilisé pour marquer un complément de nom. Il exprime notamment la possession dans de nombreuses langues (voir possessif (cas)).
Il peut être formé en changeant la terminaison du nom du possesseur (comme en latin), en ajoutant une lettre à la fin de ce nom (comme en anglais et en néerlandais), en modifiant l'article défini (comme en allemand) ou en utilisant une préposition qui marque la possession (comme en français). Il faut entendre cette notion de « possession » au sens large, puisqu'elle inclut généralement la relation de partie au tout : Mary's house et Mary's leg (la maison de Marie / la jambe de Marie) ne réfèrent pas au même type de relation ; ainsi que les relations parentales (Mary's mother = la mère de Marie).
Il peut aussi, comme dans les langues slaves, par exemple, prendre un sens de partitif (p.ex.: выпить стакaн воды, boire un verre d'eau). Cela provient du fait que les nombres fonctionnent (ou ont fonctionné à un moment) comme des noms (cf. "une douzaine d'œufs").
Sommaire
Latin
En latin, le génitif est le plus souvent la marque d'un complément du nom. Par rapport au nom qu'il complète, le génitif peut marquer plusieurs types de rapports, comme celui de possession (Ex :liber Petri, le livre de Pierre), ou de parenté (Ex : filius Petri, le fils de Pierre). Le génitif partitif exprime le tout dont est mentionnée une partie (Ex.:caput Petri, la tête de Pierre; fortissimi Romanorum, les plus courageux des Romains; extremum provinciae, l'extrémité de la province). Le génitif peut également servir de complément d'adjectif (Ex : vestri similes, semblables à vous), ou de verbes comme meminisse (= se souvenir de) ou oblivisci (= oublier). Le verbe être construit avec le génitif signifie "est le propre de..." (Ex : Ridere hominis est, rire est le propre de l'homme).
Grec
L'emploi du génitif est nettement plus étendu en grec qu'en latin: en effet, la déclinaison nominale grecque a perdu l'ablatif, conservé en latin, et les valeurs de ce cas ont été essentiellement transférées au génitif. Ainsi, le génitif grec, en plus des emplois signalés pour le latin, exprime l'origine spatiale ou temporelle, notamment après les prépositions qui ont ce sens (έξ suivi du génitif = ex suivi de l'ablatif en latin = sortant de; άπό suivi du génitif = ab suivi de l'ablatif en latin = venant de, ou depuis, etc.). De même, à l'ablatif absolu du latin correspond le génitif absolu en grec. Les compléments d'adjectif à l'ablatif en latin sont au génitif en grec: digne de se dit dignus avec l'ablatif en latin, άξιος avec le génitif en grec. En outre, l'emploi du génitif comme complément de verbe est beaucoup plus étendu en grec qu'en latin (après des verbes signifiant "atteindre" ou "désirer", ou des verbes signifiant "entendre", "sentir", "toucher", etc., ou avec une valeur partitive après les verbes signifiant "manger" ou "boire").
Néerlandais
En néerlandais, la possession s'exprime par l'ajout d'une lettre à la fin du nom, un "s" parfois précédé d'une apostrophe (" 's" comme en anglais), ou d'une apostrophe simple. Le génitif se marque par l'ajout d'un "s", "'s" ou d'un "'" :
- pour les noms communs et pour les noms de pays, provinces et régions sauf ceux en "a, i, o, u ou y", et les noms de famille et les prénoms et noms usités comme titres
et non précédés de l'article, sauf ceux dont il sera question au point suivant, on ajoute un simple -s : Nederland, Van Haag font Nederlands, Van Haags ;
- les noms de pays, continents, provinces et régions qui se terminent pas a, i, o, u ou y, et les noms de famille et les prénoms qui se terminent par a, i, o, u ou y, on ajoute 's: Geschiedenis van Afrika, et Schoonheid van Anna font Afrika's geschiedenis, Anna's schoonheid ;
- les noms de famille et les prénoms qui se terminent par s, sch, sh, x ou z prennent - ' : Verjaardag van Beatrix fait Beatrix' verjaardag.
Ex :Mijn vader's auto :La voiture de mon père.
Ou bien on le forme avec "van", qui signifie "de", "du".
Ex :De auto van mijn vader :Litt. La voiture de mon père.
Allemand
Le génitif allemand peut être postposé ou antéposé, i.e. placé après ou avant le nom auquel il se rapporte. Dans ce dernier cas, il se substitue alors à l'article défini, et on parle de génitif saxon).
Article connexe : Déclinaisons allemandes.Génitif « ordinaire »
La marque forte du génitif est -(e)s au masculin et au neutre, et -(e)r au féminin et au pluriel.
L'article défini au génitif est :
- des au masculin et au neutre ;
- der au féminin et au pluriel.
L'article indéfini au génitif est :
- (k)eines au masculin et au neutre ;
- (k)einer au féminin ; keiner au pluriel.
Le génitif se marque également sur le substantif au masculin et au neutre :
- pour les substantifs à déclinaison forte, par la désinence -(e)s : der Vater, das Kind font des Vaters, des Kindes ;
- pour les substantifs à déclinaison faible, par l'habituelle désinence -(e)n : der Prinz, der Herr font des Prinzen, des Herrn ;
- pour les substantifs à déclinaison mixte, par la désinence -(e)ns : der Name, das Herz font des Namens, des Herzens .
Dans un groupe nominal au génitif, comme aux autres cas, l'adjectif prend la marque faible en présence de l'article (qui au génitif est toujours marqué). En revanche, contrairement aux autres cas, il ne prend la marque forte en l'absence d'article que lorsque le substantif ne porte pas la marque : ainsi, on dira guter Gesellschaft (de bonne société) mais guten Geschmacks (de bon goût).
Ces règles connaissent certaines exceptions :
- certains noms finissant par -s (en particulier les masculins se terminant par ismus) sont invariables au génitif singulier : der Kapitalismus, der Kommunismus, der Kolonialismus font des Kapitalismus, des Kommunismus, des Kolonialismus ;
- les noms propres ne prennent pas la marque -(e)s lorsqu'ils sont précédés de l'article défini ; ils la prennent en revanche s'ils sont employés sans article. Par exemple, l'histoire de France se dira Die Geschichte Frankreichs
mais l'histoire de la France moderne se dira Die Geschichte des modernen Frankreich (sans -s) ; de même la vie de Mozart se dira indifféremment das Leben Mozarts ou das Leben des Mozart (sans le s)
Génitif saxon
Il se forme de manière analogue au génitif ordinaire pour les noms communs ou les noms propres employés avec l'article. Pour les noms propres employés sans article, il se forme, à tous les genres (même au féminin), par l'adjonction d'un -(e)s.
Il est antéposé et se substitue à l'article (défini) du nom qu'il détermine.
Très utilisé en langue poétique, il ne s'emploie plus en langue courante que pour les noms propres sans article.
Par ailleurs, pour ces noms, le génitif formé par l'adjonction de la marque -(e)s peut également, contrairement à l'anglais par exemple, être postposé. Ainsi l'expression : le chien d'Anne peut se dire : - Annas Hund : génitif saxon (cf. en anglais "Ann's dog" ; NB : en allemand pas d'apostrophe avant le s), noter l'absence d'article défini devant le nom déterminé ; - ou bien der Hund Annas.
Basque
La possession est marquée par le suffixe "-en" qui s'ajoute au radical du nom. Mais il existe aussi un génitif spatio-temporel qui lui est un complément de lieu et de temps.
Breton
L'article qui suit concernant le breton fait la confusion entre génitif ("Ki ar/ur verc'h") et adjonction ("an tamm bara")
Dès lors que le mot est complété par un complément défini (ici la fille), le mot principal est alors considéré comme suffisamment défini et perd son propre article.
N1 : ar c'hi (le chien)(avec mutation après l'article) N2 : ar verc'h (la fille).
N1 + N2 = Ki ar verc'h (le chien de la fille) (le mot complété "Ki" a perdu son article et par suite sa mutation k/c'h) il s'agit d'un problème relativement délicat que ce complément de nom en breton, il faut apprécier en effet chaque fois la nature du complément (défini ou indéfini).Quand on dit que le complément du nom est défini et que partant le nom complété perd son article, il y a lieu de préciser que le complément du nom est considéré comme suffisamment défini s'il est précédé d'un article indéfini : N1 : ar c'hi (le chien). N2 : ur verc'h (une fille)(soit en principe un mot indéfini mais considéré comme suffisamment défini pour la présente règle) N1 + N2 = Ki ur verc'h (le chien d'une fille).
Par contre dans l'exemple suivant le complément du nom est un véritable indéfini et donc le nom complété gardera son article. N1 : an tamm (le morceau) N2 : bara (pain) N1+ N2 : an tamm bara (le morceau de pain).
Letton
Dans les deux premières déclinaisons du féminin singulier, le gérondif est marqué par la suffixation du nominatif (en a ou e) avec un s et est similaire au nominatif dans la 3e. Pour le pluriel, on ajoute un u à la racine du mot.
- māsas māja (de la sœur), māsu māja (la maison des sœurs)
- zīles sparns (l'aile de la mésange), zīlu sparns (l'aile des mésanges)
- govs kāja (la jambe de la vache), govu kāja (la jambe des vaches)
Dans les deux premières du masculin singulier, on ajoute a à la racine du nom, la troisième reste inchangé. Pour le pluriel, on ajoute u à la racine du nom.
- galda kāja(le pied de la table), galdu kāja(le pied des tables)
- gulba sparns(l'aile du cygne), gulbu sparns (l'aile des cygnes)
- tirgusus galds (la table du marché), tirgu galds (la table des marchés) le pluriel de cette déclinaison n'est pas vraiment possible même s'il existe car il regroupe des inquantifiables (la glace, le miel, la bière...)
Slovène
La possession n’est pas marquée par le génitif mais par une suffixation du nominatif.
Russe
Outre ses emplois habituels, le génitif en russe (comme dans d'autres langues slaves) s'utilise lors d'une négation :
- Он – дома. (Il est à la maison. Он = nominatif).
- Его дома нет. (Il n'est pas à la maison. Его = génitif, mot à mot : de lui à la maison pas).
Exemples
allemand : der Hund des Mädchens Le génitif saxon, de nos jours archaïque ou poétique sauf pour les noms propres, se substitue à l'article du nom déterminé : des Mädchens Hund breton : "ki ar verc'h" "ki ur verc'h" latin : canis puellæ slovène : puncin pes basque : herriko etxea finnois : tytön koira russe : собака девочки
Articles connexes
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