Grippe du chien

Grippe du chien

Grippe canine

Le chien est sensible à plusieurs virus grippaux. Comme l'Homme, face à un nouveau virus (ou virus mutant) il peut être gravement malade ou mourir d'un virus qui n'a pas de conséquence importante pour une autre espèce. Comme pour l'homme le risque pandémique (risques de diffusion d'une épidémie à un pays, au continent ou dans le monde) a augmenté avec les transports rapides.

Après une course de lévriers en Floride, un nouveau variant H3 de la grippe s’est rapidement propagé aux États-Unis en 2004, puis en 2005[1]. Le virus est toujours présent en 2007 où il avait infecté des chiens dans plus de 10 états en 2006 et plus de 20 états des États-Unis[2]. Dans un contexte de menace pandémique lié à la grippe aviaire, il préoccupe certains experts, d'autant que le mercredi 11 oct 2006, un chien thaïlandais mort après avoir mangé des canards morts a été confirmé porteur du H5N1, ce qui repose la question des modes de transmission du virus et des risques liés aux animaux domestiques ou à d’autres espèces relais potentielles (rats, souris) en cas de début de pandémie.. on peut craindre que le H5N1 puisse se recombiner avec ce virus H3, augmentant potentiellement le réservoir de la grippe et favorisant sa diffusion.

Sommaire

Virus grippal émergent (autre que H5N1) ?

Levrier en action de course
Aux États-Unis, en 2005, des milliers de chiens ont été infectés par une grippe parfois mortelle.
La source probable de cette épizootie semble être une course de lévriers qui s’est déroulée en janvier 2004 en Floride.
22 lévriers ayant participé à cette course étaient tombés malades, victimes d’une affection respiratoire aigüe.
Huit d’entre eux (soit 36 %) en sont morts en quelques jours.

Historique

En janvier 2004, 22 lévriers sont victimes en Floride d’une maladie respiratoire sur un champ de course.
- 14 d'entre eux avaient contracté une forme bénigne de grippe (pic fébrile, puis toux persistante durant 10 jours).
- 8 autres en sont rapidement morts avec des symptômes évoquant un virus HP (Hautement pathogène) : hémorragies pulmonaires, ainsi que des signes à l'autopsie d'inflammation des alvéoles (bronchiolite) et de pneumonie suppurative.
- Un test a mis en évidence une grippe A, puis Cynda Crawford et son équipe ont montré grâce à des antigènes spécifiques, que le virus était un virus grippal de type H3 dont l'Hémagglutinine était du même type que celle de la grippe du cheval.
- Fin août 2005, 11 États de la côte est des États-Unis sont touchés, dont le Texas.
- Depuis le virus s’est propagé chez de nombreux lévriers.
- De juin à août 2004, en 2 mois, l'épidémie se répand sur au moins 14 autres champs de course dans 6 États américains (dont Texas, Kansas, Virginie-Occidentale et Floride) ; plus de 10 000 chiens sont touchés.
-Le taux a doublé en 2005 avec 20 champs de course touchés dans 11 États.
(De janvier à mai 2005, sept champs de course ont été touchés en Floride, et bien d’autres encore en Arizona, Massachusetts, Alabama, Kansas, Virginie occidentale et le Wisconsin). Environ 20 000 chiens supplémentaires auraient contracté ce virus (avec une mortalité de 5 à 8%).
- Dimanche 25 septembre 2005 ; les CDC (Centers for Disease Control and Prevention américains) annoncent que ce virus est déjà très présent dans des chenils de chiens de compagnie du Connecticut, et dans la région de Westchester (près de New-York).

Caractéristiques et origine du virus

Le séquençage de la totalité du génome viral en 2005 montre qu’il s’agit bien d’un H3N8 mutant, proche du A H3N8 de la grippe équine qui affecte les chevaux depuis une quarantaine d'année. Les chiens auraient pu s'infecter en respirant des particules de crottin de cheval ou de mucus sur les pistes de course.
En 2005, Patti Cynthia CRAWFORD et son équipe estiment que le virus est passé directement du cheval au chien, sans recombinaison. Les modifications moléculaires des hémagglutinines observées laissent penser que l’adaptation s’est faite dans l’organisme canin.
Une comparaison avec les séquences génétiques de virus d'autres espèces et les arbres généalogiques génétiques montrent une identité de 96% entre ce virus qui touche le chien et celui du cheval.
Pour Cynda CRAWFORD «c’est le même virus. Nous avions 3 isolats au départ, pour lesquels il y a cette identité et de nombreux autres aujourd'hui qui le confirment ».
La comparaison des mêmes gènes viraux aviaires, porcins ou humains montre 80 à 94% de séquences communes avec celles de ce qu’il convient d’appeler un nouveau virus canin.

Virulence

Fait jugé rare par les spécialistes : ce virus est passé tout entier, sans réarrangements génétiques, de son hôte, le cheval, vers un nouvel hôte, le chien, sans perdre de son pouvoir pathogène a expliqué Cynda CRAWFORD au Figaro, alors que «dans la majorité des cas de transmission entre espèces, le virus se retrouve dans un cul-de-sac, il ne peut pas continuer à se propager facilement dans un nouvel hôte, et encore moins se transmettre d'un individu à l'autre dans la nouvelle espèce qui l'abrite».
Les modifications moléculaires des hémagglutinines (le H dans la dénomination du virus) suggèrent que l’adaptation s’est faite dans le nouvel hôte canin.

Situation écoépidémiologique en 2006

Vendredi 9 juin 2006 : Alors qu’on espérait une accalmie avec la belle saison, un chenil sud-Californien déclare un nouveau foyer grippal à virus A H3N8.
Deux chiens ont été testés positifs au virus. : Soixante deux autres dans ce même chenil présentaient des symptômes d'infection (toux, congestion nasale) évoquant cette grippe, ce qui a justifié la mise en quarantaine du chenil.

Risques pour l'Homme

À ce jour, rien ne laisse penser que ce variant du H3N8 puisse passer du cheval à l’homme ou du chien à l’homme.
Si le virus mutait ou se recombinait pour s'humaniser, il faudrait prendre en compte un risque de contamination par le mucus pulmonaire, mais aussi par les excréments et par les poils suite à leur contamination possible lors du toilettage.

Transmission à d’autres races de chiens

Dès 2005, la communauté scientifique craint une extension au Canada.

Quelques cas observés dès 2005 chez des chiens domestiques laissent craindre une possible épizootie chez les chiens… voire chez d’autres canidés, sauvages ? (loup, chacal, dingo, renard.)

Traitement

Mi 2006, il n'existe officiellement toujours ni vaccin, ni traitement, bien que le Tamiflu ait été utilisé en 2005.

Le chien et le H5N1

Le beagle est la première race de chien testée pour sa sensibilité au H5N1

Le chien pourrait jouer un rôle dans la propagation d’une épidémie ou pandémie grippale de H5N1.
Une étude néerlandaise[3] a porté sur la sensibilité du chien au H5N1 et sur la présence de récepteurs spécifiques du virus chez le chien.

Des études non publiées avaient déjà montré qu'un nombre significatif de chiens examinés en Thaïlande étaient porteurs d’anticorps contre H5N1[4], ce qui montre qu’ils ont été infectés et ont spontanément guéri. Mais on ignorait si de tels chiens pouvaient contribuer à répandre le virus[5].
Le H5N1 actif a ensuite été isolé chez un chien en Thaïlande[6].

En laboratoire, des chercheurs néerlandais ont inoculé une souche[7] de H5N1 à 3 chiens (beagles) ; chien souvent utilisé comme chien de chasse et le plus recherché en Europe pour la petite vénerie).

Ces chiens étaient âgés de 16 semaines. Ils étaient certifiés « SPF[8]
La moitié de la dose virale (0,5 ml) a été inoculée dans les narines, et l’autre dans la trachée).
Résultats : Ces chiens ont rapidement et dans l’un des cas jusqu’à 4 jours après l’expérience excrété des virus H5N1 (présents dans les excréments, la gorge et le pharynx et les narines). Ces virus se sont développés à la fois dans les parties hautes et basses du tractus respiratoire bien qu’aucun des chiens n’ait présenté aucune lésions respiratoires notables, ni aucun symptôme grippal (pas même de fièvre).
Des anticorps étaient détectés dans le sérum 7 jours après l’inoculation dans un cas et 14 jours après chez les 3 chiens ; une étude post mortem 14 jours après l’inoculation n’a pas révélé de modifications pathologiques ou histopathologique nettes dans le tractus respiratoire et les organes observés (mais il aurait pu y en avoir peu après l’inoculation).

Des études antérieures citées par les chercheurs hollandais laissaient penser que les récepteurs du virus n’existaient chez le chat et l’humain que dans la partie basse des poumons (ce qui est réputé rendre l’individu malade moins contagieux pour ses congénères), mais ceci est mis en doute par cette étude qui a trouvé une fixation possible du H5N1 dans toutes les parties du système pulmonaire du chien.

Conclusions provisoires : Des chiens (les beagles au moins), porteurs d’une infection sub-clinique par le H5N1 peuvent contribuer à diffuser le virus concluent R. Maas et son équipe. Comme certains canards ou d’autres animaux (chat), le chien pourrait donc aussi être un porteur asymptomatique, mais contagieux du H5N1. Le cas du chien de chasse devrait aussi être reconsidéré suggèrent les auteurs.
Sa proximité avec l’Homme, comme celle du chat devait faire considérer ces animaux dans les mesures de prévention et de traitement d’une pandémie ajoutent les chercheurs.
Précautions : l’étude n’a porté que sur 3 chiens d’une même race (et même lignée ?), alors qu'il pourrait y avoir chez le chien comme chez l’Homme des prédispositions génétiques. De plus, ces chiens de laboratoires étaient indemnes d'autres pathogènes (des infections plus apparentes auraient peut-être été détectées en cas de co-infection par des pathogènes bactériens).

Questions nouvelles…

Selon les données disponibles, comme le chat, le chien pourrait être porteur asymptomatique du virus, et durant quelques jours le sécréter, via le mucus pulmonaire (narines), la bouche et les excréments. Des chercheurs recommandent mi 2007 d'intégrer chiens et chats dans la planification de la préparation à une pandémie. Ceci repose aussi la question de la gestion des excréments des animaux de compagnie.
* l'apparition récente d'un nouveau virus et une expérience prouvant que le chien peut être porteur asymptomatique et contaminant posent des questions nouvelles quant à l'évaluation des risques et aux mesures de contrôle qu'il faudrait peut-être développer concernant les entraînements, concours et épreuves de chiens, la chasse avec chiens (qui ramène dans sa gueule l’oiseau tué par son maître), qui boit dans l’eau stagnante..
- Quid des chiens de chasse ? (détection d'anticorps ? dans les zones à risque que sont les zones humides ?)
- Le cas particulier du chien de ferme ? (qui pourrait alors aussi peut-être véhiculer d'autres types de virus grippaux)
- Dans les formes graves de grippe, le virus est présent dans les reins et le tube digestif, et retrouvé dans les excréments. Quel risque lié aux excréments de chiens dans les villes (et ailleurs) ? (respirés sous forme de particules ou ramenées dans la voiture, à la maison ou au bureau ou à l'école sous les chaussures, diffusé dans l'air via les souffleuses, etc.)
- 80% des chiens contaminés par la grippe canine ont des symptômes cliniques, allant de la toux banale à des formes graves (pneumonie hémorragique emportant l'animal en quelques heures). Il y a parfois atteintes de tous les organes, et on cultive d'ailleurs couramment des virus grippaux sur des cellules de reins de chien).

Qu'en est il des chiens qui ont une grippe asymptomatique? (ex : combien de temps excrètent-ils des virus. Pour le H5N1, l'étude néerlandaise a mesuré une excrétion durant 4 jours pour un chien, mais l'expérience n'a porté que sur 3 chiens en parfaite santé.

Notes et références

  1. Crawford PC, Dubovi EJ, Castleman WL, Stephenson I, Gibbs EP, Chen L, et al. Transmission of equine influenza virus to dogs. Science. 2005;310:482–5. (Résumé/Medline)
  2. . Tremayne J. Canine flu confirmed in 22 states. DVM Newsmagazine. 2006 Aug 1 (22 mai 2007)
  3. Maas R, Tacken M, Ruuls L, Koch G, van Rooij E, Stockhofe-Zurwieden N. Avian influenza (H5N1) susceptibility and receptors in dogs. Emerg Infect Dis. Étude de l’Université de Wageningen et du Centre de recherche de Lelystad, publiée en ligne début juillet 2007)
  4. Butler D. Thai dogs carry bird-flu virus, but will they spread it? Nature. 2006;439:773
  5. Butler D. Thai dogs carry bird-flu virus, but will they spread it? Nature. 2006;439:773.
  6. Songserm T, Amonsin A, Jam-on R, Sae-Heng N, Pariyothorn N, Payungporn S, et al. Fatal avian influenza H5N1 in a dog. Emerg Infect Dis. 2006;12:1744–7. (résumé, anglais)
  7. Souche : A/chicken/GxLA/1204/2004
  8. SPF ou "specific pathogen free" signifie que l'animal provient d’un élevage contrôlé pour laboratoires et qu’il n’était infecté par aucun des pathogènes connus

Lire aussi :

  • Revue Science, repris par Science et avenir et Nouvel Obs (27/09/05)

Voir aussi

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