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Gouvernements collaborateurs chinois
Dans les années qui suivirent la conquête de la Mandchourie, puis pendant la guerre sino-japonaise, l'Empire du Japon créa plusieurs gouvernements collaborateurs chargés d'administrer les territoires conquis à la République de Chine, au fur et à mesure de l'avancée de ses troupes. Ce n'est qu'en 1940 que l'occupant japonais réunit la plupart de ces entités sous la bannière du gouvernement de Nankin, chargé d'incarner une autorité centrale chinoise.
Les troupes combattant sous les bannières de ces différents gouvernements étaient placées sous la supervision d'officiers japonais : les forces armées chinoises collaboratrices, initialement chargées essentiellement du maintien de l'ordre, virent leur rôle gagner en importance au fur et à mesure de la guerre sino-japonaise, en fonction de l'aide dont avaient besoin les Japonais.
Tous les gouvernements collaborateurs chinois cessèrent d'exister en 1945, avec la défaite du Japon.
Mandchoukouo
Article détaillé : Mandchoukouo.Le Mandchoukouo, ou Manzhouguo (Pays du peuple Mandchou) fut proclamé le 18 février 1932, avec comme capitale Changchun (長春), renommée Xinjing (新京) ou « nouvelle capitale ». Puyi, dernier empereur de la dynastie Qing, fut mis au pouvoir comme chef de l'exécutif, puis proclamé Empereur en 1934. Au contraire des autres gouvernements collaborateurs chinois, le Mandchoukouo ne fut jamais soumis à l'autorité du régime de Nankin, et demeura considéré comme un état indépendant jusqu'en 1945.
Conseil autonome du Hebei oriental
Le traité de paix signé entre 1933 par le Japon et la République de Chine instaura une zone démilitarisée s'étendant de Tianjin à Pékin. Le 15 novembre 1935, Yin Ju-keng, administrateur du Hebei, proclama l'indépendance de son gouvernement vis-à-vis de la République de Chine. Le Conseil autonome du Hebei oriental (冀東防共自治政府; Jìdōng Fánggòng Zìzhì Zhèngfǔ), signa aussitôt des traités de coopération économique et militaire avec le Japon, en violation des traités déjà existants entre la Chine et le Japon. Tongzhou fut choisi comme capitale de ce gouvernement pro-japonais, qui utilisait comme étendard le drapeau à cinq couleurs, premier emblème de la République de Chine. En juillet 1937, Yin Ju-Keng tenta de se libérer des Japonais en passant avec les troupes chinoises un accord, qui eut pour résultante la mutinerie de Tongzhou. Il fut ensuite arrêté par les Japonais, mais pas exécuté. En décembre 1937, le Conseil autonome fut absorbé au sein du Gouvernement provisoire de la République de Chine. Quelques années plus tard, Yin Ju-keng revint aux affaires, en participant à Nankin au ministère de la justice du gouvernement de Wang Jingwei, mais ne retrouva pas de fonctions de premier plan. Il fut exécuté pour trahison, le 1er décembre 1947.
Gouvernement provisoire de la République de Chine
A la suite de l'incident du pont Marco Polo et du déclenchement de la guerre sino-japonaise, le Japon prit le contrôle du nord de la Chine. Le Gouvernement provisoire de la République de Chine ((中華民國臨時政府, Zhōnghuá Mínguó Línshí Zhèngfǔ) fut institué le 14 décembre 1937, avec Pékin comme capitale. Wang Kemin, dissident du Kuomintang, en assura la direction. Ce gouvernement collaborateur, qui utilisait également le premier drapeau de la République de Chine, contrôlait théoriquement les provinces du Hebei, du Shantung, du Shansi, du Honan et du Jiangsu,[1] mais ne disposait que d'une autonomie limitée accordée par les japonais. En 1940, ce gouvernement fut fusionné avec le gouvernement collaborateur de Nankin, tout en conservant dans les faits son autonomie locale. Wang Kemin se suicida en 1945, après la défaite des japonais.
Mengjiang
Article détaillé : Mengjiang.Le Comité mixte du Mengjiang (Mengjiang lianhe weiyuanhui 蒙疆联合委员会) était un gouvernement formé en 1936 en Mongolie-intérieure par des autonomistes bénéficiant du soutien japonais et dirigés par le prince mongol Demchugdongrub. Après une première insurrection manque en octobre-novembre 1936, son indépendance fut déclarée le 8 décembre 1937. Le gouvernement fut rebaptisé en 1939 Gouvernement autonome uni du Mengjiang (Mengjiang lianhe zizhi zhengfu 蒙疆联合自治政府), puis en 1941 Fédération autonome de Mongolie (Menggu zizhi bang 蒙古自治邦). Le Mengjiang fut placé durant la guerre sous le contrôlé théorique du gouvernement collaborateur de Nankin, mais conserva sa relative autonomie jusqu'à la fin du conflit.
Gouvernement de Shanghai
En décembre 1937, après la chute de Shanghai, le Japon favorisa la naissance d'un gouvernement collaborateur du Pudong, dirigé par Su Xiwen, et chargé d'administrer les affaires courantes. Ce gouvernement local fut absorbé six mois plus tard, en mai 1938, par le Gouvernement réformé de la République de Chine.
Gouvernement réformé de la République de Chine
Après la chute de Nankin, le Japon établit le 28 mars 1938 dans cette ville, alors capitale chinoise, un gouvernement collaborateur, le Gouvernement réformé de la République de Chine (中華民國維新政府, Zhōnghuá Mínguó Wéixīn Zhèngfǔ). Ce gouvernement utilisait comme bannière une variante du drapeau à cinq couleurs. Dirigé par Liang Hongzhi, le régime se vit accorder l'autorité sur les provinces du Zhejiang, du Jiangsu et de l'Anhui, ainsi que sur les villes de Nankin et Shanghai[2]. Les Japonais n'accordèrent cependant que peu d'autonomie à ce gouvernement, ce qui en fit un outil de propagande médiocrement efficace auprès de la population chinoise. En 1940, le Gouvernement réformé de la République de Chine fut absorbé par le régime collaborateur de Wang Jingwei. Liang Hongzhi fut exécuté pour trahison en 1946.
République de Chine (gouvernement collaborateur de Nankin)
Article détaillé : République de Chine (Nankin).En 1940, les japonais unifièrent tous les gouvernements collaborateurs chinois - à l'exception du Mandchoukouo, reconnu comme un état indépendant - sous l'autorité nominale d'un gouvernement basé à Nankin, et dirigé par Wang Jingwei. Utilisant le nom officiel de République de Chine (中華民國, Zhōnghuá Mínguó), ce régime se présentait comme l'autorité légitime sur l'ensemble du territoire chinois, et, plutôt que d'utiliser le drapeau à cinq couleurs comme les précédents gouvernements, avait choisi comme étendard le drapeau utilisé par le gouvernement rival du Kuomintang. L'étendard du régime collaborateur se distinguait, pour ses manifestations extérieures et à la demande des japonais, par l'usage d'un fanion jaune, qui ne fut plus utilisé après 1943.
Voir également
Bibliographie
- David P. Barrett and Larry N. Shyu, Chinese Collaboration with Japan, 1932-1945: The Limits of Accommodation Stanford University Press 2001
- John H. Boyle, China and Japan at War, 1937–1945: The Politics of Collaboration (Harvard University Press, 1972).
- James C. Hsiung and Steven I. Levine, eds., China's Bitter Victory: The War with Japan, 1937–1945 (Armonk, N.Y.: M. E. Sharpe, 1992)
- Ch'i Hsi-sheng, Nationalist China at War: Military Defeats and Political Collapse, 1937–1945 (Ann Arbor: University of Michigan Press, 1982).
- Frederick W. Mote, Japanese-Sponsored Governments in China, 1937–1945 (Stanford University Press, 1954).
Notes et références
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