- Glissement vieillissement technicité
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Le glissement vieillissement technicité ou GVT, permet de mieux comprendre l'augmentation du salaire moyen des fonctionnaires.
Même si le nombre de fonctionnaires stagne, et que la grande majorité ne reçoit pas d'augmentation générale, la masse salariale de la fonction publique augmente parfois du seul fait qu'un plus grand nombre de fonctionnaires est mieux payé, parce qu'ils occupent des emplois plus qualifiés qu'avant, ou bien parce qu'ils ont une ancienneté moyenne plus importante, pour des raisons démographiques[1]
Le GVT est l'une des trois composantes de l'évolution de la masse salariale. Les deux autres sont la valeur du point d'indice salarial et l'évolution du nombre total de fonctionnaires.
On distingue :
- le "GVT positif" qui retrace l'incidence positive sur la masse salariale des avancements (à l'ancienneté, aux choix, par concours interne, etc.) et de l'acquisition d'une technicité.
- le "GVT négatif", qui traduit l'incidence négative sur la masse salariale du remplacement des vieux fonctionnaires (en haut de la "grille salariale") par des nouveaux (en bas de cette même grille, donc moins bien payés)
En pratique, pour l'État français, lors des dernières années, le GVT était très positif, de l'ordre de 1 %, ce qui résulte de trois phénomènes :
- des fonctions d'exécution ont disparu, sous l'effet du progrès et de l'informatisation (exemple : les standardistes et les dactylos)
- certaines fonctions sont maintenant assurées par des fonctionnaires d'une catégorie plus élevée. Par exemple, les instituteurs, qui relevaient de la catégorie B, ont été remplacés par les "professeurs des écoles", de catégorie A. Les infirmières des hôpitaux, se sont également vues proposer le passage en catégorie A, mieux payée, en raison du caractère plus technique qu'avant de leur métier. Comme la France comptait un million d'infirmières et instituteurs, ces deux évolutions ont contribué à faire progresser le salaire moyen des fonctionnaires, via un GVT positif.
- une évolution démographique: la génération dite du "baby boom", des fonctionnaires nés au début des années 50 et embauchés en grand nombre dans les années 70, en particulier dans l'Education nationale, est proche des 60 ans. Au sommet de sa carrière, elle est aussi souvent au sommet de l'avancement de carrière, avec des salaires plus élevés que le moyenne des fonctionnaires. Le grand nombre de fonctionnaires dans cette tranche d'âge dope mécaniquement le salaire moyen des fonctionnaires. C'est le cas même si la salaire de majorité des fonctionnaires, plus jeunes, ne progresse pas.
Le GVT "positif" est très largement automatique et prévisible, car il est la conséquence d'un système de promotion sociale et d'avancement, via des concours ou la notation par des supérieurs. Il dépend peu de la politique de recrutement ou de primes accordées au personnel en place.
L'effet automatique du vieillissement et d'une plus grande technicité est globalement de l'ordre de 2 % par an.
Le "GVT négatif" est lui aussi largement automatique, puisqu'il dépend de la différence de paie entre un partant (un retraité) et un jeune embauché, l'une comme l'autre étant fixé par la position du fonctionnaire, tout en haut ou tout en bas de la grille salariale.
En période de non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux de fonctionnaire, le GVT négatif est inexistant. Le fait de diviser par deux le nombre d'embauches a au contraire pour conséquence de diminuer dans la moyenne la part des salaires de début de carrière et donc de la faire augmenter.
Dans la négociation salariale, les gouvernements utilisent le GVT comme une "preuve" de l'augmentation du salaire du personnel en place, en se basant sur le salaire moyen, à la grande fureur des syndicats car cela revient à tenir pour négligeable d'une part l'évolution du travail effectué au cours de la carrière, d'autre part le GVT négatif et donc la baisse relative de la rémunération des nouveaux fonctionnaires par rapport à leurs ainés.
Notes et références
Catégorie :- Droit de la fonction publique en France
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