- Gestaltisme
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Psychologie de la forme
La psychologie de la forme est une théorie générale qui offre un cadre pour différentes connaissances psychologiques et leur emploi. L'être humain y est compris comme un système ouvert ; l'homme interagit activement avec son environnement.
Cette théorie offre surtout un accès à la compréhension de l'ordre dans les événements psychiques.
Sommaire
Histoire du mouvement
On trouve son origine dans quelques idées de Goethe. Aux XIXe et XXe siècles ce sont Ernst Mach et surtout Christian von Ehrenfels qui la développent, aussi bien que Max Wertheimer, Wolfgang Köhler, Kurt Koffka et Kurt Lewin. Ils se sont tous prononcés contre une notion d'éléments dans la psychologie, l'associationisme, et une psychologie behavioriste ou basée sur la théorie des instincts.
Comme le dit Paul Guillaume (1878-1962), principal représentant français de la Gestalt, « Dès lors, on pouvait admettre que l'unité de tous les complexes psychiques avait la même origine que la liaison d'un couple de syllabes dépourvues de sens dans les expériences d'Ebbinghaus, ou la liaison d'un signal conditionnel et d'une réaction dans celles de Pavlov » (Guillaume, 1937, p.10).
À la suite de la prise du pouvoir par les nazis le développement de la psychologie de la forme en Allemagne a été interrompu : Wertheimer, Köhler et Lewin ont émigré ou on les a forcés à s'exiler ; Koffka s'était déjà installé aux États-Unis quelques années plus tôt.
Gestalt et perception
Le mot allemand Gestalt est traduit par « forme » (ainsi Gestalttheorie signifie « théorie de la forme »), mais il s’agit en réalité de quelque chose de beaucoup plus complexe, qu’aucun mot ne traduit exactement dans aucune langue. Aussi, a-t-on conservé ce terme de gestalt aussi bien en français (où il est entré dans le dictionnaire [1]), qu’en anglais, en russe ou en japonais.
Le verbe gestalten signifie « mettre en forme, donner une structure signifiante ». Le résultat, la « gestalt », est donc une forme structurée, complète et prenant sens pour nous.
- Par exemple, une table prend une signification différente pour nous selon qu’elle est recouverte de livres et de papiers, ou d’une nappe et de plats (sa « gestalt » globale a changé) ; Dans un cas la table est un bureau de travail, et dans l’autre, une table destinée au repas.
- Autre exemple, lorsqu’on regarde les étoiles, chacune d’elle est un stimulus visuel, pourtant on peut facilement les organiser en constellations, en ensemble formé de stimuli. Ainsi, l’image mentale que nous avons en tête est une forme, et peut être évaluée par notre esprit en tant que telle, par exemple en la nommant : « la Grande Ourse ».
En fait, dès notre naissance, la première « forme » importante que nous reconnaissions est une gestalt : c’est le visage de notre mère. Le nouveau-né n’en perçoit pas encore les détails, mais la forme globale est « signifiante » pour lui.
Nos perceptions obéissent à un certain nombre de lois : ainsi, une totalité (dans cet exemple, un visage humain) ne peut se réduire à la simple somme des stimuli perçus ; de même,
- l’eau est autre chose que de l’oxygène et de l’hydrogène ;
- une symphonie est autre chose qu’une succession de notes.
On constate ainsi que le tout est différent de la somme de ses parties, un des principes phares de la théorie de la gestalt.
La théorie souligne aussi qu’une partie dans un tout est autre chose que cette même partie isolée ou incluse dans un autre tout - puisqu’elle tire des propriétés particulières de sa place et de sa fonction dans chacun d’entre eux : ainsi, un cri au cours d’un jeu est autre chose qu’un cri dans une rue déserte ; être nu sous la douche n’a pas le même sens que de se promener nu sur les Champs-Élysées.
Pour comprendre un comportement ou une situation, il importe donc, non seulement de les analyser, mais surtout, d’en avoir une vue synthétique, de les percevoir dans l’ensemble plus vaste du contexte global, avoir un regard non pas plus « pointu » mais plus large : le « contexte » est souvent plus signifiant que le « texte ». « Com-prendre » c’est prendre ensemble.
Principes de base de la Gestalt
Postulat gestaltiste : le monde, le processus perceptif et les processus neurophysiologiques sont isomorphes ; c'est-à-dire structurés de la même façon, ils se ressemblent dans leurs structures et dans leurs principes (d'une certaine façon).
Il n'existe pas de perception isolée, la perception est initialement structurée.
La perception consiste en une distinction de la figure sur le fond (vase de Rubin).
Le tout est perçu avant les parties le formant.
La structuration des formes ne se fait pas au hasard, mais selon certaines lois dites "naturelles" et qui s'imposent au sujet lorsqu'il perçoit.
Les principales lois de la Gestalt
- La loi de la bonne forme : loi principale dont les autres découlent : un ensemble de parties informe (comme des groupements aléatoires de points) tend à être perçu d'abord (automatiquement) comme une forme, cette forme se veut simple, symétrique, stable, en somme une bonne forme.
- La loi de bonne continuité : des points rapprochés tendent à représenter des formes lorsqu'ils sont perçus, nous les percevons d'abord dans une continuité, comme des prolongements les uns par rapport aux autres.
- La loi de la proximité : nous regroupons les points d'abord les plus proches les uns des autres.
- La loi de similitude : si la distance ne permet pas de regrouper les points, nous nous attacherons ensuite à repérer les plus similaires entre eux pour percevoir une forme.
- La loi de destin commun : des parties en mouvement ayant la même trajectoire sont perçues comme faisant partie de la même forme.
- La loi de clôture : une forme fermée est plus facilement identifiée comme une figure (ou comme une forme) qu'une forme ouverte.
Ces lois agissent en même temps et sont parfois contradictoires.
Illustration-test
En dehors peut-être de quelques exceptions, tous les humains pourraient voir ce qui figure sur cette image ; avant d'un animal banal...Tant que tous les points de cette image n'ont pas été saisis comme un ensemble faisant sens, rien de simple et relativement familier ne peut être reconnu dans cette image - et pourtant - ; une fois que cet ensemble a été vu, il s'impose et le fouillis précédent disparaît presque définitivement.
Représentants importants
Les trois fondateurs : Max Wertheimer, Wolfgang Köhler et Kurt Koffka
Kurt LewinWolfgang Metzger, Edwin Rausch et Kurt Gottschaldt sont les élèves qui sont restés en Allemagne après l'émigration forcée de Wertheimer et de Köhler. Karl Duncker est un élève de Wertheimer et Köhler qui a émigré aux États-Unis.
Mary Henle et Solomon Asch sont deux représentants américains de la deuxième génération de psychologues de la forme.
Paul Guillaume et Maurice Merleau-Ponty ont fait connaître la Gestaltpsychologie en France.
Références
- ↑ (fr) Définitions lexicographiques et étymologiques de gestalt du CNRTL.
Bibliographie
- W. Köhler, Psychologie de la forme, 1929, Paris, Gallimard (collection "idées"), 1964
- A. Gurwitsch, Développement historique de la Gestalt-Psychologie, 1935, Thalès, pp. 167-176
- P. Guillaume, La psychologie de la forme, 1937, Paris, Flammarion, 1979
- (en) Mitchell Ash, Gestalt Psychology In German Culture 1890 - 1967, Cambridge University Press, Cambridge, 1995
- V. Rosenthal & Y.-M. Visetti, Köhler, Paris, Les Belles Lettres, 2003
Voir aussi
Liens externes
- La société pour la théorie de la Gestalt et ses applications - GTA
- V. Rosenthal et Y.-M. Visetti, (1999). Sens et temps de la Gestalt. Intellectica, 1999/1, 28, pp. 147-227.
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