- Féminisation
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Pour l’article homonyme, voir féminisation des noms de métiers .
La féminisation est un procédé consistant à marquer des formes féminines de noms ou d'adjectifs là où les règles grammaticales classiques préconisent l'usage de formes non marquées.
On distingue d'une part la féminisation de la terminologie, ou création de terme désignant au féminin des métiers, titres, grades et fonctions (cette féminisation terminologique est traitée dans l'article féminisation des noms de métiers) et d'autre part la féminisation des textes, ou techniques d'introduction explicite des marques du féminin lors de la rédaction de textes (notes de service, articles de journal, etc.), à laquelle cet article est consacré.
Sommaire
Problématique
La féminisation s'inscrit au sein d'une lutte antisexiste.
Celle-ci dénonce la 'règle' communément apprise aux usagers du français en matière d'accord du genre, règle qui s'énonce par la formule bien connue « le masculin l'emporte », simplification trompeuse grammaticalement[réf. nécessaire]. Ainsi, on écrit : « Les manifestants dans la rue sont en colère », même si ces manifestants sont en fait 4 hommes et 18 femmes, « manifestant » appartenant ici au genre non-marqué et ne désignant pas plus des individus de sexes masculins que feminins.
Cette règle assimilant le genre non-marqué au masculin a été énoncée, pour le français, par le grammairien Vaugelas, pour l'anglais, par John Kirkby.
Certains antisexistes [Qui ?] considèrent cette 'règle' grammaticale comme un artefact d'une société patriarcale et non comme une propriété grammaticale issue de l'évolution de la langue française[réf. nécessaire].
Les textes féminisés sont dès lors considérés comme une approche moins excluante par certains antisexistes[Qui ?][réf. nécessaire].
Dans ce type de texte, les féminins sont explicités. Pour reprendre l'exemple du dessus on écrirait alors : « Les manifestantes et manifestants » ; ou bien on recourait à des procédés typographiques : « Les manifestant-e-s dans la rue sont en colère », « Les manifestantEs », « Les manifestant/e/s », « Les manifestant(e)s », etc. Pour sa part, l'association des correctrices et correcteurs de Suisse francophone a préconisé le recours aux points médians : on composera donc « étudiant·e·s » pour signifier qu'il est question des étudiantes et des étudiants. La question de la composition a été débattue dans divers cercles féministes francophones qui réfutent, pour la plupart, la mise entre parenthèses de la marque du féminin, en raison de l'expression « mettre entre parenthèses » (atténuer, mettre de côté, ne pas s'occuper de… au sens figuré). La manière de lire ce type de féminin explicite à l'oral reste sujette à débats.
Analyse grammaticale
La justification de cette règle est que la grammaire ne connaît pas de concept de sexe, mais uniquement de genre. Et l'on dit alors qu'en français le genre « non marqué » est le masculin. De sorte que si l'on désire exprimer qu'un groupe est composé de personnes indifféremment de sexe tant masculin que féminin, on utilise traditionnellement ce genre non marqué, qu'il faudrait toujours comprendre comme une expression de la nature asexuée du groupe. Pour la même raison, les expressions comme « celles et ceux », « certain et certaines » sont incorrectes grammaticalement.
De même, un masculin singulier peut exprimer le genre non-marqué. Par exemple, une annonce pour un emploi ne devrait pas, selon l'académie française[1], préciser le féminin (on recherche un/une facteur/trice) mais seulement le masculin (un facteur), ce dernier devant être alors compris comme un neutre ne renvoyant nullement à un individu de sexe masculin mais plutôt à une personne générique, le mot féminin de devant être employé que lorsque la personne est identifiée comme telle.
Il est exact que le genre n’a en principe rien à voir avec le sexe mais est une pure propriété formelle de certains mots. D’ailleurs, de nombreuses langues se passent de genre. Il n’en reste pas moins que dans les langues qui possèdent un genre, ce genre recoupe l’opposition de sens mâle-femelle quand il s'agit d'être animés sexués (dont les être humains). De là la représentation de l’opposition masculin-féminin comme pouvant renvoyer à la répartition des sexes, une représentation qui est lourde de conséquences sur le plan social (occultation du rôle joué par les femmes sur la scène publique, résistances psychologiques à la candidature à des postes offerts au masculin, etc.)
Analyse typographique
Les incises de « e » sous leurs diverses formes (barres, parenthèses, etc;) n'aideraient pas la lecture, qu'elles ralentissent. Les résultats d'une étude réalisée par Gygax et Gesto[2] démontrent cependant le contraire. Ainsi, la lecture de noms de métiers sous une forme épicène ou féminisée n'est ralentie qu'en début de texte (à la première lecture des noms) mais elle redevient normale ensuite, indiquant un effet d'habituation.
Par ailleurs, les mots affectés de ce « e » pourraient, selon certains, être interprétés comme étant accordés au genre féminin, ce qui serait susceptible de modifier le sens des phrases.
Une pratique alternative parfois conseillée à qui veut souligner la neutralité du texte vis-à-vis du sexe est d'utiliser des formules épicènes. Par exemple, plutôt que « les Hommes », on utilisera l'Humanité. Mais la lisibilité qui est gagnée en évitant les formules typographiquement lourdes est perdu par l'introduction d'un certain niveau d'abstraction dans le texte.
Références
- [1]
- Lourdeur de texte et féminisation : Une réponse à l'Académie française, 2007
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Rapport sur la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre, octobre 1998
- Décret et règles de féminisation de la langue française en Belgique
- Liste des féminins utilisés depuis l'Ancien Régime jusqu'à nos jours sur le site de la Société internationale pour l'étude des femmes de l'Ancien Régime (SIEFAR)
- Guide de formulation non sexiste des textes administratifs et législatifs de la Confédération (Suisse)
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