- Aiôn
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Aiôn est un terme de grec ancien aux acceptions multiples qui signifie « destiné », « âge », « génération », « éternité ».
Sommaire
Aiôn dans l'Antiquité
Le R. P. A.-J. Festugière distingue les sens suivants (La Révélation d'Hermès Trismégiste, t. III, p. 146-147) :
- notion philosophique en Grèce : "durée de vie", "durée de vie illimitée, éternité"
- personnification, à la période hellénistique, de cette durée
- assimilation de cet Aiôn personnifié à telle ou telle divinité orientale ou à une autre abstraction personnifiée ou au Dieu suprême, par ex. Aiôn Agathodémon, Aiôn Sarapis, Aiôn Mithra, Aiôn Mithra-Phanès (Kronos mithriaque anthropocéphale entre les deux moitiés de l'oeuf orphique), Aiôn Sophia
- origine supposée iranienne (Aiôn-Zervan) du concept de Temps infini
- fête de l'Aiôn alexandrin, décrite par Épiphane de Salamine (Panarion, 51)
- l' aeternitas de Rome, du peuple romain, de tel ou tel empereur
- au pluriel : les Éons [entités mythiques émanées du Premier Père], dans les textes chrétiens et gnostiques ou dans des papyrus magiques.
Aiôn chez C. G. Jung
C. G. Jung a écrit un essai intitulé Aïon. Études sur la phénoménologie du Soi (1951). Il y étudie le Soi, "totalité psychique transcendant le moi". Le soi est le terme du processus d'individualisation. Il unifie les polarités contraires (dont anima et animus). Il s'identifie avec "la figure du Christ".
Aiôn chez Gilles Deleuze
Chez Gilles Deleuze, le concept d’aïon s’oppose à celui de chronos. Celui-ci est le temps de la succession matérielle, c’est-à-dire le temps de l’action des corps, tandis que celui-là est l’extra-temporalité d’un présent idéal immanent au temps des corps. Cette extra-temporalité, loin d’être une éternité transcendante, extérieure au temps des corps, « insiste ou subsiste »[1] à la surface des corps en tant que virtualité : poussée idéelle de l’immanence qui constitue son devenir. Aïon est le temps de l’instant pur, de l’événement chez Deleuze, qui ne cesse de se diviser en passé et futur illimités. Deleuze le compare aussi, ailleurs, à l’internel de Charles Péguy. Ainsi, Deleuze écrit-il : « toute la ligne de l’aïon est parcourue par l’instant, qui ne cesse de se déplacer sur elle et manque toujours à sa propre place »[2]. Si l’instant « manque toujours à sa propre place », c’est que l’aïon est ce pur devenir non identifiable, non repérable, dans lequel le temps ne cesse de se diviser en un avant et un après, dans lequel le temps s’écoule sans que l’on puisse le mesurer, sans qu’aucun cadre de la représentation ne puisse l’objectiver.
Bibliographie
- A. D. Nock, "Vision of Mandulis Aion", Harvard Theological Review, XXVII, 1934, p. 53 ss. In Essays, t. I, p. 357-400.
- Carl Gustav Jung, Aïon (1952), trad., Albin Michel, 1998.
- A.-J. Festugière, La Révélation d'Hermès Trismégiste, t. III (1953) : Le Dieu inconnu, Les Belles Lettres, 1981, p. 146 ss.
Voir aussi
- Chronos_(philosophie)
- Kairos
Références
- Logique du sens, Les éditions de minuit, 1969, p. 76. Deleuze,
- Logique du sens, p. 227.
Catégories :- Gilles Deleuze
- Concept philosophique lié au temps
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