Forges de Dampierre-sur-Blévy

Forges de Dampierre-sur-Blévy

Ces forges sont situées à Dampierre-sur-Blévy dont le chef-lieu est Maillebois (Eure-et-Loir)

Ces forges constituent un vestige exceptionnel de l'industrie sidérurgique du XVIIe siècle furent fondus les canons de la marine royale par ordre de Colbert. La maison du maître des forges, un double haut fourneau, halles et maisons ouvrières subsistent sur un site classé monument historique[1].

Les forges de Dampierre-sur-Blévy s'installent vers 1669 à proximité de la forêt de Senonches qui offre un formidable réservoir de matière première. C'est la première usine intégrée de France. Elle concentre en un même lieu deux hauts fourneaux accolés à des cheminées octogonales. Outre, le combustible, bois et minerai, l'usine utilise la force motrice de l'eau, produite par un étang de 17 ha sur la Blaise. Ici, Colbert fit couler les canons de la flotte royale et les 52 kilomètres de canalisations souterraines de l'aqueduc de Louis XIV. Aujourd'hui, restent la maison du maître des forges, un double fourneau, les halles à charbon et la halle de coulée, l'étang, les bâtiments à soufflets et le logement du commis.

Sommaire

Description

Il sagissait de ce quon appelait une grande forge, avec les trois unités de productions :

deux hauts fourneaux dans le même masse étaient coulées de longues barres de fontes, appelées gueuses ;
la forge (métallurgie) proprement dite, avec une affinerie et un gros marteau, appelé martinet ; la fonte était transformée en fer ;
la fonderie les barres de fer étaient découpées avant leur commercialisation.

Plusieurs grandes roues, actionnées par la force hydraulique faisaient mouvoir les soufflets des hauts fourneaux, le gros marteau de la forges et les mécanismes de la fonderie.

Une originalité des forges de Dampierre-sur-Blévy, fut la construction de deux hauts fourneaux jumeaux dans un même bâtiment permettant la coulée de grosses pièces ; la fonte de canons nest pas étrangère à cette disposition. Elle permit aussi, en 1688 la confection de tuyaux de fonte de 48 cm de diamètre et de 1 m de long destinés au Canal de l'Eure, tuyaux qui furent ramenés en 1705 pour être refondu après labandon des travaux.

Mais dautres productions attestent de la polyvalence de létablissement puisquà côté de vergettes de fer utilisées notamment dans la clouterie, les forges de Dampierre livraient aussi des boulets de canon à Rouen, au Havre ou à Saint-Malo.

Une telle réalisation supposait des moyens financiers très importants. Elle a été rendue possible par le duc d'Enghien qui sétait rendu acquéreur, en 1667, de la forêt de Senonches (ainsi que dune partie de celle de Brezolles) et qui, désireux de rentabiliser sa forêt, souhaitait en augmenter les débouchés. Elle lui fournissait le bois nécessaire, en même temps que le minerai des nombreuses mines ou gisements exploités de temps immémoriaux.

Un plan de 1834 permet de voir comment étaient disposés derrière la chaussée du grand étang :

Plan des forges de Dampierre réalisé en 1834
les hauts fourneaux ;
la forge ;
la fenderie ;
la halle à charbon de bois ;
les différents ateliers ;
les maisons dhabitation du personnel.

Et, napparaissant pas, le laminoir et la feuillarderie qui se situaient derrière le pont de la route actuelle.

Au début du XXe siècle, le site industriel fut transformé en propriété dagrément autour de la maison du maître de forges.

Les différents ateliers et bâtiments furent démolis, sauf la halle à charbon, ainsi que les hauts fourneaux. Lancienneté de ceux-ci est à souligner, dautant que lexistence en France dautres hauts fourneaux du XVIIe siècle en état de conservation semblable nest pas certaine.

Histoire

Lhistoire des forges de Dampierre-sur-Blévy ne peut être dissociée de celle de la métallurgie normande qui fut, pendant des siècles, lune des plus importantes du royaume.

On na pas coutume dassocier campagne normande et activité sidérurgique ; la production de fer y a pourtant été, jusquà nos jours, une activité rurale des plus conséquentes. Il est vrai que le paysage naturel offrait, , une conjonction de possibilités rares puisque la production métallurgique était liée, à lépoque, à trois facteurs essentiels : la présence de gisements de minerais, labondance de zones boisées, pour la confection du charbon de bois alimentant les bas et haut fourneaux, et enfin lexistence de la seule force motrice alors utilisable ; la force hydraulique.

On relève dailleurs, jusquau XVIe siècle lexistence de centres de production ou transformation du fer voisin de Dampierre sur Blévy : Boisard (près de Pongouin), Moulicent, Belohomert, Meaucé et Bellou. Cest un axe métallurgique qui avoisine lEure et ses affluents. Sur cette ligne se trouvait également linstallation, déjà ancienne, du Bois Ballu et du fourneau de la ferme des Moulins. Mais ces implantations allais disparaitre en lespace des quelques décennies, peu avant lan 1550 pour des raisons males connues, donnant lieu à limplantation dun établissement alors des plus moderne : les forges de Dampierre sur Blévy.

Cest à cette époque, que venu dAllemagne et de Belgique, apparut une technique nouvelle dite du procédé indirect et que naquit lidée de regrouper lensemble des activités, fenderie, tréfilerie, jusqualors dispersée au fil de leau. Lidée étant de créer une vaste retenue deau par lédification dune digue au pied de laquelle était implantés les différents ateliers chacun alimentés par son propre « coursier ».

Lexistence de forges à Dampierre sur Blévy est attestée au XVe siècle. On trouve dans les archives départementales à Chartres « lachat en 1487 de la moitié dun fourneau à fer sous la chaussée de létang de Dampierre », par François Courseuilles, marquis de Rouveray qui possédait déjà lautre moitié.

Cette famille de Courseuilles, dorigine normande, dont plusieurs membre furent inhumés au XVIIe siècle dans léglise de Dampierre céda les forges en 1669. Lacheteur était Henri Jules de Bourbon-Condé, duc d'Enghien, fils du Grand Condé.

La puissance financière des Condé facilite le développement des forges. Au duc d'Enghien, devenu prince de Condé en 1686, succédèrent comme propriétaires des forges de Dampierre, sa fille, la princesse de Conti, sa petite fille, la princesse de la Roche-sur-Yon et enfin son arrière-petit-fils Louis François de Bourbon-Conti.

Conti céda en 1770 ses biens sis à Senonches et les forges de Dampierre à Louis XV qui les donna en 1771 à lun de ses petits fils, le Comte de Provence, futur Louis XVIII, lequel porta depuis le titre de comte de Senonches.

Les forges furent ensuite louées à un maître des forges de Randonnais (Ornes), monsieur Goupil, dont un descendant est toujours propriétaire du site.

À la Révolution, les domaines du comte de Provence furent vendues comme bien nationaux ; monsieur Goupil et son associé monsieur Canuel acquièrent les forges de Dampierre dont ils étaient locataires, le 13 octobre 1791 au cours dune adjudication faite au district de Châteauneuf-en-Thymerais.

Les Goupil exploiteront seuls les forges en 1825, puis sassocient à la société Guillain frères. En 1862, les Goupil se retirent et louent lusine à la société Guillain frères qui cessera définitivement lexploitation quelques années plus tard.

Dès le début du XIXe siècle, les difficultés nées de lapprovisionnement en bois avaient amené les Goupil à fermer les hauts fourneaux et à ramener la production annuelle de fer à 150 ou 200 tonnes au lieu des 1 000 à 1 200 tonnes annuelle produite au XVIIIe siècle.

Les fabrications consistaient pour moitié en outils à taillant, notamment pour lagriculture et pour lautre moitié en fers fendus et feuillards.

La majorité du personnel travaillait en forêt : bûcherons, charbonnier, transporteurs (voituriers). Le nombre des ouvriers affectés sur le site des forges natteignait même plus la trentaine en 1834.

Liens externes

Forges de Dampierre-sur-Blévy

Références

Daprès documents de messieurs Vitte et de Boisanger.


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Forges de Dampierre-sur-Blévy de Wikipédia en français (auteurs)

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