Fireforce

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Fire Force

La Fire Force est un procédé de contre-insurrection conçu par le commandement rhodésien pendant la guerre de Rhodésie et mis en oeuvre par la Rhodesian Air Force et la Rhodesian Army.

Sommaire

Introduction

Apanage du Rhodesian Light Infantry jusqu’en 1977, la Fire Force, pour des raisons politiques, est partiellement prise en compte par les Rhodesian African Rifles. Le Rhodesian SAS participe également. La Fire Force (il y en a trois dans un pays de 390 000 kilomètres carrés) veille sur un territoire immense. Toute présence d’insurgés détectée dans la zone est signalée. Une sirène hurle. Tous s’équipent. Les paras sont aidés par les largueurs et les camarades au repos. Les sticks foncent vers leurs hélicoptères. Le procédé de base est un assaut et/ou encerclement vertical mené par deux vagues successives.

Première vague

La 1ère vague comprend 32 soldats portés par trois hélicoptères et un DC-3 Dakota, plus un hélicoptère armé de commandement et un avion léger d’appui air/sol, le Cessna Skymaster Reims-Aviation, armé de deux mitrailleuses et d'emports de roquettes et de petites bombes d’un napalm de fabrication locale, le Frantan. Indicatif Cyclone, l'appareil est surnommé "Push-Pull". Tous les soldats savent diriger une frappe.

Deuxième vague

La 2e vague, ou "Landtail (traîne)" embarque dans les camions. Quand la "scène" (lieu de l’action) est tout près, les soldats attendent les G-cars sur la piste. Pendant le tour d’opérations, les rôles (héliportés, paras, traîne et repos) sont alternés. La traîne est employée aux pleins des hélicos, au ramassage des cadavres et à la récupération des pépins. Parfois, une petite 3e vague, en fonction de l’effectif.

Effectif et matériel

L'unité est basée sur un aérodrome, normalement avec ses quatre hélicoptères, un DC-3 Dakota et le Push-Pull. Les hélicoptères sont des Alouette III (en 1979 quelques Bell UH-1). Une Alouette est équipée d’un canon de 20 mm et d’un poste de commandement pour l’officier qui dirige l’ensemble. C’est le fameux "K-car" avec son équipage de trois hommes : (pilote, technicien et commandant). Chacun des trois autres hélicoptères, ou "G-cars", porte un stick, en sus du pilote et du technicien qui arme un poste de mitrailleuses jumelées. Chaque stick forme un "stop", cellule de base de l'unité. Stop-1 est affecté au premier G-car, Stop-2 au second, Stop-3 au troisième. Les Stops de Stop-4 à Stop-8 sont pour le Dak. Chaque Stop compte quatre hommes. Le chef est armé d’un poste de radio, de cartes, un fusil FN FAL, 100 cartouches (7.62 × 51 mm OTAN), plusieurs types de grenades. Le mitrailleur porte la mitrailleuse légère FN MAG et 8 bandes de 50 cartouches. Les deux autres sont des voltigeurs armés d’un fusil FN et de 100 cartouches, de grenades à main, grenades à fusil et trousse de premiers soins. En 1979, l’un des deux touche un poste radio. Le Dak porte quatre ou cinq Stops. Deux à babord, les autres à tribord. A part les parachutes, l’équipement est celui des héliportés.

Approche

Les facteurs les plus importants : fiabilité du compte-rendu initial de visualisation,savoir-faire du chef de la Fireforce (les bons sont très populaires), réaction des insurgés dès qu’ils entendent le bruit des moteurs (tantôt ils se tapissent sur place, individuellement ou par deux ou trois, quand ils n'ont pas le choix,tantôt ils "éclatent" dans toutes les directions en courant droit devant eux, comme si leur vie en dépendait, et se tapissent dès qu'ils ont trouvé une bonne planque). Pas de règle générale, tout peut arriver ; les uns tirent, les autres non. Une bande qui tiendrait tête est condamnée ; les insurgés le savent, qui sauvent leur peau, à moins que, fichus pour fichus...

Tactique

Le K-car est toujours le premier sur les lieux de l’action. Pendant le trajet, le K-car Commander discute avec le chef du point d'observation. Son premier soin est d'établir avec précision où sont à présent, concrètement, les insurgés visualisés. Le terrain est souvent très accidenté, couvert de brousse, fourrés impénétrables, champs de maïs, carrés de canne à sucre plus hauts qu'un homme. Ensuite, le K-car Commander monte son affaire : positionnement des premiers Stops, orientation du premier ratissage. Les premiers sticks disponibles sont les Héli-stops. Parfois, ils sont posés tout de suite, mais il leur arrive de tourner en rond, tandis que le chef cogite. Quand le K-car visualise des insurgés, le mécano tire des rafales contrôlées de deux à quatre coups de 20 mm dont la précision est extraordinaire.

Mise en place des Stops

Les Héli-stops sont posés en travers des itinéraires de fuite les plus probables. On pose éventuellement un Stop en poste observation, s'il a de bonnes vues. Parfois, le ratissage commence sans attendre les paras. Tandis que le K-car cherche ou engage les insurgés, le chef choisit où larguer les Para-stops (et où diriger les frappes du Lynx). Si le terrain n’est pas sautable, les paras largués le plus près possible sont cueillis et repositionnés par les G-cars. Aucun para n’a jamais été touché pendant la descente qui ne dure que quelques secondes, la hauteur de saut étant minimale. Le chef décide de la zone à ratisser. Dans l’idéal, les Para-stops rabattent tandis que les Héli-stops planquent à l’affût. En réalité, toutes les combinaisons sont possibles.

Ratissage

En ligne, distances en fonction du terrain, les Stops ratissent dès qu’ils vont d’un point à un autre. En terrain plat sans masques, jusqu’à 25 mètres de distance entre les troopies. Quand la végétation est épaisse, quelques pas seulement. Même ainsi, il est banal de perdre de vue les buddies (copains). Ratissage général ou ratissage par un seul stop, le procédé est très basique, progresser droit devant dans les fouillis, en guettant par-dessus sa ligne de mire. La vitesse de ratissage est variable. Quand les insurgés sont tapis, le ratissage est très lent. Quand les soldats sentent qu’il est tout près, ils avancent pas à pas, fusil pointé à hauteur de la poitrine, sûreté ôtée, doigt sur le pontet. Le tireur MAG est prêt à tirer de la hanche. Certains mitrailleurs, pas tous, tirent à l'épaulé. Le ratissage prend des heures, mais les tirs sont très brefs. Tout se passe très vite. Peu de prisonniers. Trop difficile, à brûle-pourpoint, dans la brousse épaisse.

Positions d’arrêt

Un Stop ratisse jusqu’à une position d’affût où il planque plusieurs heures, s’il ne ne reçoit pas l'ordre de ratisser un autre axe, ou bien de prendre position ailleurs. Le plus souvent, rien ne se passe. Mais si des insurgés déboulent, l’affaire est réglée en quelques secondes, à moins que la poisse ne s'en mêle : soleil dans les yeux, végétation trop dense, tirs déclenchés trop tôt.

Terrain

Le terrain n’est jamais deux fois le même : villages cernés de champs découverts en terrain plat, brousse dense entre blocs erratiques à flanc de montagne. Beaucoup d'excellentes cachettes. Quand les insurgés se jettent sur un stop bien posté, l’affaire est vite réglée. Quand les insurgés se sont égayés dans le paysage où faut les tuer, un par un, dans leur cachette (trou, taillis, grotte, hutte, éboulis de rochers), c’est une autre paire de manches. Plus d’un soldat se retrouve à deux pas d’un insurgé qui lui tire son chargeur au ras des moustaches.

Pertes collatérales

Les contacts ont souvent lieu près de kraals (hameaux) dont les habitants nourrissent les insurgés. Les jeunes du pays : bibbies (filles) et mujibas (garçons), sont les yeux et les oreilles des insurgés à qui ils rendent mille petits services. Les insurgés, qui portent une tenue civile, chemise de couleurs vives et pantalon et blouson de jean sous leur uniforme (le treillis brun des ouvriers agricoles) ont tendance à essayer de se faire passer pour de simples paysans, d'autant que les militants des groupes locaux ont un laissez-passer en règle.

Météo

Pendant la saison sèche : ciel bleu, transparent, fournaise de +50°C à l'ombre dès 9h du matin (et pas d'ombre). Pendant la saison des pluies (période de l'année où les bandes, bien camouflées par la verdure qui pousse à vue d'oeil, sont les plus actives) : nuages hostiles, chaleurs orageuses agrémentées de myriades d'insectes, entre deux déluges glaçants.

Importance de l'aéromobilité

Pas de Fire Force sans suprématie aérienne. En vingt ans, les insurgés n’auront abattu que quelques hélicoptères et jamais aucun avion militaire. La Fire Force est efficace, tant que l’infanterie fait son job. Le tourbillon des hélicoptères au ras des cimes noie le bruit des posés (au sol, les sticks obéissent au doigt et à l’oeil). L’effet de surprise dure. Dans les derniers mois de la guerre, les Fire Forces tombent parfois sur des bandes équipées de mitrailleuses type 7,62 ou 14,5 mm qui les reçoivent par des feux nourris. A la même époque, les insurgés reçoivent des SAM-7 (missiles sol-air tirés de l'épaule). La menace suffit à imposer des précautions auparavant inutiles.

Conclusion

Les Fire Forces cassent les bandes que les troupes de secteur n'auraient jamais pu fixer. Le "body-count" (bilan) est un leurre, les insurgés recrutent plus vite que les Fireforces ne peuvent tuer. L'emploi des Fire Forces est l'un des facteurs qui, malgré la perméabilité de frontières avec des pays hostiles, ont différé l'issue de cette guerre, difficile à éviter dans un climat international extrèmement défavorable.

Bibliographie sommaire

  • David Caute : Under the skin : the death of white Rhodesia
  • Chris Cocks : Fire Force: One Man's War in the Rhodesian Light Infantry, South Africa, St. Albans, Covos, Verulam, 2000 (ISBN 0-620-21573-9)
  • Dick Gledhill : One Commando: Rhodesian Light Infantry. South Africa, Covos Books, réédition novembre 2001 (ISBN 1919874356/ISBN 978-1919874357).
  • Moorcraft et McLaughin : Chimurenga, the War in Rhodesia.
  • Ron Reid-Daly et Peter Stiff : Selous Scouts, Top Secret War.
  • J.R.T. Wood : The war diaries of André Dennison

Filmographie

Le Putsh des mercenaires (A game for vultures), 1980, film suisse de James Fargo (avec Richard Harris et Ray Milland) met en scène une frappe de Fireforce.

Liens

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