- Déodat de Caylus
-
Déodat de Caylus ou Déodat III de Sévérac (1185-1251), seigneur de Combret et Caylus, est le fils de Pierre de Combret, vicomte d'Ayssènes et de Combret, et de Marie de Caylus, dame héritière de Caylus, Saint-Affrique, Bournac, dans le Rouergue et du château de Montaigut, en 1192.
Sommaire
Biographie
Cette famille puissante cumule au XIIIe siècle, sous des noms divers, d'immenses territoires depuis le Gévaudan jusqu'au Bas-Languedoc.
Sa mère, Marie, fille de Dieudonné, seigneur de Caylus en Albigeois, est d'une famille d'ancienne chevalerie et de haut baronnage, sont connus avant l'an 1000 et comptent dès celte époque reculée parmi les plus puissants du pays. C'est à tort qu'un ancien généalogiste les fait descendre, au commencement du XIIIe siècle, des vicomtes d'Ayssènes, en Vivarais, du surnom de Olargi. Un grand nombre de monuments prouvent que la maison de Caylus est présente en Rouergue deux cents ans avant cette époque, c'est-à-dire dès l'origine même des fiefs, et qu'elle tire son nom de l'antique château dont on voit encore les ruines près Saint-Affrique[2].
Déodat et Pierre de Caylus, frères et fils de Marie, sont qualifiés de coseigneurs de Montlaur, de Montaigut et d'Ayssenes dans un titre de 1206[2]. Déodat de Caylus, en se mariant avec Irdoine en 1209, se trouve possesseur des deux importantes baronnies de Sévérac (1212) et de Canillac.
Selon Dom Vaissette, le seigneur de Sévérac à la tête d'une troupe de routiers qui y étaient en garnison, infestait tous les environs et faisait des courses jusqu'au Puy. Pierre des Vaux de Cernay est certainement à l’origine de ce qui est peut-être une fausse accusation[3]. Les milieux ecclésiastiques pensent que Sévérac est un repaire de bandits et d’hérétiques qu’il faut réduire au silence[4]. Déodat dit le Cathare, par ses soi-disant méfaits et sa foi bien réelle, s'attire les foudres des barons du Nord et de la croisade contre les Albigeois, guidée par Simon IV de Montfort. L'orgueil aveugle Déodat qui méprise l'envoyé des croisés qui à son tour le défie : Le ciel te pardonne, Déodat de Caylus, Montfort saura te faire plier le genoux. Simon IV de Montfort, après avoir reçu l'hommage du comte de Rodez, décide de réduire le château de Sévérac. Il envoie d'abord sommer le seigneur de lui remettre son château, et sur son refus, il détache une partie de ses troupes sous les ordres de Guy de Montfort-Castres, son frère, qui surprend. Le bourg inférieur de Sévérac, situé sur le penchant de la montagne, et s'en empare[3]. Déodat soutient, en novembre 1214, le siège de Sévérac fait par Simon de Montfort. Les croisés se logent dans les maisons du bourg, il dresse ses batteries contre le château et le serre de si près que les assiégés, qui manquent de vivres, sont obligés de se rendre. Déodat se défend bravement[5]. La place se rend le 21 novembre 1214. Simon de Montfort et son frère Guy de Montfort-Castres s'emparent du château de Sévérac tenu par son seigneur Déodat III lié à la couronne d'Aragon. Sévérac est un bourg du Rouergue relativement lointain des foyers d'hérésie, dans une région peu touchée par le catharisme et éloignée des évènements toulousains. La croisade contre les Albigeois est amenée dans cette province par l’évêque de Rodez. Cela peut surprendre et les motivations des chevaliers du Nord semblent peu claires. La volonté de l’évêque de Rodez, Pierre de La Treille, de se débarrasser de Déodat III de Sévérac influence les croisés. C'est Guy de Montfort-Castres qui attaque par surprise la place de Sévérac. Ils sont privés de vivres et de ravitaillement car surpris par ce siège, menacé par l'armée croisée entière désormais présente sous ses murs. La résistance doit céder devant les machines de guerre, le froid et la famine.
Déodat III de Sévérac (Déodat des Caylus) propose en vain de négocier la paix[3]. Simon IV de Montfort s'étant emparé de cette forteresse, en confie la garde à l’évêque de Rodez et à Pierre Bermond d’Anduze (1190–1215), seigneur d’Anduze et de Sauve, mari de Constance de Toulouse. Mais il ne tarde pas à rendre au seigneur de Sévérac tous ses domaines, et même son château dont il reçoit hommage[2].
Un titre des ides de mars 1215 prouve qu'Irdoine, dame de Sévérac, principalement, et Déodat de Caylus, son mari, secondairement, vendent à Pierre, évêque de Rodez, le château ou villa de Corrozarguas (Coussergues) pour la somme de huit mille quatre cent cinquante sous de la monnaie de Rodez, comptée d'avance, à ce qu'il paraît, et déclarent avoir acheté de cette somme à Dozon de la Roque (de Roca) l'héritage de Déodat III de Sévérac et de Hugues, son frère, advenu audit Dozon[5].
Henri Ier de Rodez, comte de Rodez parvient à convaincre en septembre 1216 l’évêque de Rodez, Pierre de la Treille, le seigneur de Séverac, Déodat de Caylus, et plusieurs autres nobles et barons du Rouergue qu’il faut résister à Simon IV de Montfort, juste avant la bataille de Muret qui a lieu le 12 septembre 1213[6].
Dans son testament de 1220, après plusieurs dispositions pieuses, elle lègue 2.000 sous à sa fille Guise, et 300 marcs d'argent à Béatrix son autre fille, payables quand elles se marieront. Elle mentionne ensuite Déode de Caylus leur père.
Déodat de Caylus et d'irdoine, acquéreurs du château de Sévérac qui achètent en 1221 moyennant deux mille sous rodanois, le château de Séverac qui appartenait à Guillelme, femme de Bernard Pons, en sa qualité de donataire de Hugues de Séverac, son grand-oncle. La branche cadette issue d'Hugues est éteinte.
L'histoire du Languedoc de Pierre Andoque, conseiller au présidial de Béziers, mort en 1664, prétend que Déodat III de Sévérac épouse Constance de Toulouse, veuve on deuxièmes noces de Pierre-Bermond d'Anduze, seigneur de Sauve. Constance de Toulouse, fille du comte Raymond VI est répudiée par le roi Sanche VII de Navarre. Elle épouse Pierre Bermond en 1208, et celui-ci meurt en 1215. Si ce mariage eut lieu, ce ne put être qu'après l'année 1222, époque de la mort de la première femme de Déodat. Mais Constance de Toulouse mais sur les actes de la seconde partie de sa vie. Déodat III de Sévérac ou de Caylus a invariablement comme femme Marie[2].
En 1227, Déodat fait la guerre contre évêque de Mende[5].
Déodat est mandé par le roi saint Louis l'an 1236 pour le servir contre Thibault, comte de Champagne et roi de Navarre[7]. Pendant la minorité de Louis IX, Thibaut Ier de Navarre rassemble autour de lui quelques barons formant une ligue des grands vassaux qui veulent s'opposer au sacre du jeune roi. Déodat de Caylus se rend avec 6 damoiseaux à l'armée que le roi fait assembler à cet effet au bois de Vincennes. Thibaut Ier de Navarre trahit ses alliés et se rend rapidement auprès du roi et se soumet[8]. Déodat accompagne le roi pendant les combats[9].
Bosc raconte que Raymond VII, comte de Toulouse, pour punir le seigneur de Caylus de ce qu'il a pris les armes contre lui, s'empare, le 5 mai 1238, de son château et le fait démanteler[3].
Déodat de Caylus et sa femme Marie, donnent à Tiburge de Vintrom, abbesse de Nonenque, une puissante abbaye de moniales cisterciennes à Marnhagues-et-Latour le village de La Peyre, en 1246[10].
Ce Déodat et Arnaud de Caylus prennent part à la septième croisade croisade, entreprise par saint Louis, en 1246. Leurs armes figurent dans la troisième des salles des croisades du château de Versailles[3]. Un emprunt de 400 livres est fait par Déodat de Caylus, Hugues de Curières et cinq autres chevaliers garanti par le comte Alphonse de Poitiers, à Acre, en 1250[11].
Déodat de Caylus est certainement mort en Terre Sainte, après 1250. A cette époque il est déjà un très vieux chevalier.
Notes et références
- Revue de l'art chrétien, Par Société de Saint-Jean, Publié par St. Augustin, Desclée, De Brouwer et Cie, 1872, v.15, p.87.
- Documens historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue, Par Hippolyte de Barrau, 1853, p.534 et suivantes.
- Documens historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue, Par Hippolyte de Barrau, 1853, p.467.
- Les grandes batailles méridionales: "mieux vaut mort que vif vaincu" (1209-1271), Par Laurent Albaret, Nicolas Gouzy, Publié par Privat, 2005, p.84.
- Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe ["puis" de la noblesse de France et d'Europe]..., (Paris), Morant, Georges de (Cte). Éditeur scientifique Borel d'Hauterive, André-François-Joseph (1812-1896). Révérend, Albert (1844-1911). 1860 (A17), p.349 et suivantes.
- Autour de Montaillou, un village occitan: histoire et religiosité d'une communauté villageoise au Moyen Age : actes du colloque de Montaillou, 25-26-27 août 2000, Par Emmanuel Le Roy Ladurie, Anne Brenon, Christine Dieulafait, Publié par L'Hydre, 2001, p.270.
- Histoire des institutions de toulouse, Chevalier du Mège, Laurent 1846, p.437.
- Emile Jolibois, Histoire de la ville de Chaumont et Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe ["puis" de la noblesse de France et d'Europe]..., (Paris), Morant, Georges de (Cte). Éditeur scientifique Borel d'Hauterive, André-François-Joseph (1812-1896). Révérend, Albert (1844-1911). 1860 (A17), p.349 et suivantes.
- Les parlements de France: essai historique sur leurs usages, leur organisation et leur autorité, Par Henri Bruno Bastard d'Estang, Publié par Didier et cie, 1858, v.1, p.70.
- Gallia Christiana et Documens historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue, Par Hippolyte de Barrau, 1853, p.467.
- Notice sur quelques anciens titres, suivie de considérations sur les salles des croisades au Musée de Versailles.: suivie de Considérations sur les salles des croisades au musée de Versailles, Par Alphonse Léon de Delley De Blancmesnil, Publié par Delaroque, 1866, VOL. 2, p.431.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Catégories :- Homme croisé
- Noble français
- Seigneur du Moyen Âge
- Personnalité française du XIIIe siècle
- Militaire français du Moyen Âge
- Naissance en 1185
- Décès en 1251
Wikimedia Foundation. 2010.