- Déixis
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Deixis
La Deixis : est une notion linguistique directement empruntée du grec deiktikos, qui signifie « action de montrer ». La deixis est l'une des façons de conférer son référent à une séquence linguistique.
La deixis s'oppose à :
- l'anaphore à la différence de la deixis, n'implique pas de rapport avec d'autres éléments du contexte. Je peux dire en effet « ce chat va se faire écraser » en désignant simplement ce chat sans que celui-ci ait été déjà mentionné antérieurement. Dans ce cas, le déterminant démonstratif connaît un emploi déictique : il désigne un référent présent dans la situation d'énonciation ou accessible à partir d'elle. Il peut alors être accompagné d'un geste, d'une mimique ou d'un mouvement qui facilite l'identification. Toutefois, dans « J'ai vu un chat. Ce chat s'est fait écraser. », ici le déterminant démonstratif est anaphorique, i. e. qu'il identifie un référent (chat) déjà évoqué antérieurement.
- l’embrayage, qui se satisfait des seules indications fournies par l'acte même de l'énonciation. Dans « je veux cette voiture », le référent je, qui est dit « embrayeur du discours » parce qu'il manifeste dans l'énoncé la présence du sujet de l'énonciation, est clairement identifié par le fait que c'est moi qui énonce la phrase. Par opposition, le déterminant déictique cette nécessite, comme nous l'avons dit, un geste de monstration (cette voiture que je montre du doigt parmi tant d'autres) ; même chose avec « Regarde-le », où cette fois-ci le pronom est pris dans un emploi déictique (ou anaphorique... là encore, tout dépend du contexte dans lequel la phrase est énoncée).
Il faut distinguer deux types d'emploi de la deixis : la deixis dite in praesentia, et celle dite in absentia.
La deixis in praesentia fait emploi de la situation immédiate (« Olivier, ferme bien la/cette voiture ! » ; (avec pronom sans antécédent) « Attention, ne t'approche pas ! Il est dangereux ! »).
La deixis in absentia se retrouve dans des expressions situationnelles indirectes qui sont :
- la référence ostensive indirecte : le locuteur vise un objet présent dans la situation d'énonciation pour renvoyer au véritable référent. Exemple : « Cet automobiliste a dû être pressé. » Le locuteur pointe l'automobiliste, tout en laissant suggérer que c'est la voiture qui est mal garée, la voiture étant le véritable référent ici.
- la référence démonstrative non gestuelle indirecte : soit l'exemple « Ce train a toujours du retard. », prononcé sur le quai d'une gare, sans mention antérieure, par un locuteur qui attend le même train que son interlocuteur.
- la référence générique : soit démonstrative (« Donne-moi ce livre ! »), soit pronominale (« Attention, ils sont dangereux ! » prononcé en présence d'un référent spécifique (des chiens par exemple) pour avertir du danger qu'ils représentent en général).
- la référence définie (de situation plus large) : l'identification du référent est acquise par la prise en compte d'éléments constitutifs de la situation d'énonciation ; soit l'exemple « Le président Chirac s'en prend au chef de l'État. » Ici importe le pays dans lequel l'énoncé est prononcé pour ainsi identifier clairement le référent « chef de l'État ».
- l'emploi du pronom personnel il sans antécédent pour viser un référent non présent : « Il va venir tout de suite ! » (prononcé par la secrétaire du docteur X au patient qui l'attend).
Remarque : certaines grammaires ne distinguent pas la « deixis » et l'« embrayage », ou les « déictiques » et les « embrayeurs » (pour de plus amples détails, voir Georges Kleiber, L'information grammaticale).
Expressions déictiques
Les déictiques sont définis comme des unités linguistiques dont le sens implique obligatoirement un renvoi à la situation d'énonciation pour trouver le référent visé. Comme on l'aura déjà fait remarquer, les déictiques peuvent également être appelés « embrayeurs » ou « symboles lexicaux », ces trois termes ne se recouvrant pas totalement.
Les déictiques manifestent le fonctionnement réflexif du langage (leur sens codé renvoie à leur propre utilisation dans les énoncés).
Tandis que nous évincerons le cas du pronom personnel sujet comme déictique lorsque celui-ci est représentant (il possède un antécédent) ou nominal (je, tu, nous, vous, qui renvoient directement à l'énonciation), puisque nous lui réservons la dénomination d'« embrayeur »), il est possible d'énumérer ces unités linguistiques relevant de la deixis :
- les pronoms personnels non représentants (sans antécédent) : « Regarde-le ! ».
- les déterminants et pronoms démonstratifs : « Donne-moi ce livre. Regarde celui-là ! », où ce et celui-là servent à constituer des syntagmes nominaux qui réfèrent à un objet présent dans la situation d'énonciation.
- les adverbes de lieu et de temps : « Viens ici ! Quel beau temps aujourd'hui ! ». Les deux compléments sont respectivement repérés par rapport au site et au moment de l'énonciation.
- plus largement des expressions : « Fais attention au chien ! »
Autre sens possible de la Deixis
L'ensemble des repères internes d'un texte, tel l'énonciateur , le temps du récit ou du dialogue, ou encore le lieu d'énonciation constituent la deixis d'un texte, et ces éléments sont capitaux, en traduction par exemple, car ils apportent des éléments plus que précieux pour saisir au mieux l'exégèse du texte en question. On peut également, dans un certain contexte parler de la « deixis personnelle » , c'est à dire le sexe, le lieu de résidence et l'époque à laquelle vit l'individu en question.
Cf. Versus : la Version réfléchie — Repérages et Paramètres de Michel Ballard p. 22 § 1
Voir aussi
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