- Dyscalculie
-
Dyscalculie
Classification et ressources externesLa surface latérale de l'hémisphère cérébrale gauche, vue de côté. CIM-10 F81.2, R48.8 CIM-9 315.1, 784.69 La Dyscalculie est un trouble spécifique du développement (telle que la dyslexie, la dyspraxie, la dysorthographie, la dysgraphie, etc.). Elle correspond à un trouble sévère dans les apprentissages numériques, sans atteinte organique, sans troubles envahissants du développement et sans déficience mentale. Des élèves peuvent rencontrer des difficultés en mathématiques, sans présenter de dyscalculie, c'est pourquoi il est important de différencier les difficultés transitoires de l'apprentissage de troubles plus durables.
Sommaire
Étymologie
Le mot dyscalculie vient du grec et du latin qui signifie : "compter mal". Le préfixe "dys" vient du grec et signifie "mal"."Calculie" vient du latin "calculare" qui signifie "compter". Le mot "calculare" vient de "calculus", qui signifie "caillou" ou une boule du boulier.
Historique
Le mot remonte au moins à 1974[1],[2].
La Dyscalculie a été initialement identifiée dans les études de cas de patients qui souffraient d’une déficience spécifique en arithmétique suite à des dommages de certaines régions spécifiques du cerveau. Des recherches récentes suggèrent que la dyscalculie puisse également être génétique, c’est-à-dire un trouble d’apprentissage d’origine génétique qui affecte la capacité d’une personne à comprendre, se souvenir, ou manipuler des chiffres (par exemple, les tables de multiplication). Le terme est souvent utilisé pour se référer spécifiquement à l’incapacité d’effectuer des opérations arithmétiques, mais il est aussi défini par certains des professionnels de l’éducation et des neurologues comme une incapacité fondamentale à conceptualiser les nombres comme les concepts abstraits de comparaison de quantités (une déficience dans le "sens des nombres")[3]. Ceux qui plaident pour cette définition plus contraignante de la dyscalculie préfèrent parfois utiliser le terme technique "Difficultés Arithmétique" (AD) pour faire référence à la déficience dans le calcul et la mémoire des nombres.
Diagnostic
La dyscalculie peut être détectée à un jeune âge et des mesures peuvent être prises pour atténuer les problèmes rencontrés par les jeunes élèves. Le principal problème est de trouver la bonne façon d’enseigner les mathématiques à ces enfants. De même que la dyslexie peut voir ses symptômes atténués en utilisant une méthode d’enseignement légèrement différente, la même approche peut être utilisée pour la dyscalculie. Toutefois, la dyscalculie est le moins connu des troubles d’apprentissage et souvent elle n’est pas repérée et reconnue.
Au Québec, le diagnostic, selon la loi 90, est strictement réservé aux médecins. Cependant, ce trouble peut être évalué et rééduqué par des orthophonistes, des neuropsychologues ou des orthopédagogues. L'évaluation va pouvoir démontrer l'hypothèse diagnostique de dyscalculie chez la personne et cette évaluation pourrait aider les médecins à poser leur diagnostique. Une prise en charge précoce permettra de pallier les difficultés de la personne, ce qui favorisera une meilleure insertion au quotidien (et notamment à l'école et au moment de son orientation).
Prévalence
- Selon les estimations actuelles, la dyscalculie peut affecter entre 3 et 5% de la population.
- Elle touche autant les filles que les garçons (bien que les filles soient moins stimulées socialement dans cet apprentissage).
Symptômes possibles
- Difficultés fréquentes en arithmétique, confusion dans les signes : +, -, ÷ et ×
- Difficultés dans les tâches quotidiennes comme vérifier sa monnaie et lire l’heure sur une montre analogique.
- Incapacité à comprendre une planification financière ou budgétaire, parfois même au niveau le plus basique, comme par exemple, estimer le montant total d’un panier d’articles ou faire la balance de ses comptes.
- Difficulté avec les tables de multiplication, de soustraction, d’addition, de division, en calcul mental, etc.
- Peut être assez bon dans des matières comme la physique ou la géométrie, qui exigent de la logique plutôt que des formules, jusqu’au moment où il faut faire des calculs.
- Difficultés à comprendre le concept du temps et à estimer le temps qui passe. Peut être souvent en retard ou en avance.
- Problèmes spécifiques à distinguer sa droite de sa gauche.
- Peut être très bon dans le domaine de l’écriture. De nombreux auteurs et journalistes vivent avec ce trouble.
- Difficultés à naviguer ou à "tourner" mentalement la carte pour suivre la direction actuelle plutôt que l’usage habituel le nord = le haut.
- Peut avoir certaines difficultés à estimer mentalement les dimensions d’un objet ou une distance (par exemple, si quelque chose est entre 3 et 6 mètres de distance)
- Souvent incapable de saisir ou de se rappeler les concepts, règles, formules ou raisonnements mathématiques.
- Incapacité à lire une suite de nombres, ou peut l’inverser lorsqu'il le répète, comme dire 56 pour 65.
- Difficulté à garder le score pendant les matchs.
- Difficulté avec des jeux tels que le poker avec des règles plus souples pour le score.
- Difficulté dans des domaines nécessitant un traitement séquentiel. Du niveau concret (comme les pas de danse ou autre sports) au niveau abstrait (énoncer les choses dans le bon ordre). Ils peuvent avoir aussi des difficultés même avec une calculatrice, à cause de la difficulté dans le processus de saisie de l'expression mathématique.
- La dyscalculie peut conduire dans des cas extrêmes à une phobie ou une angoisse durable des mathématiques et de ce qui y est lié.
- Faible inhibition latente, autrement dit, plus de sensibilité au bruit, à l’odeur, à la lumière et incapacité à faire la sourde oreille, à filtrer les informations et impressions non désirées. Peut avoir une imagination très développée à cause de cela (peut-être à titre de compensation cognitive de la déficience en calcul).
Causes
Il est impossible de savoir si la dyscalculie vient d'un trouble primaire, ou inné, dans le traitement des quantités, ou bien au contraire d'un trouble secondaire lié à la mémoire et au langage. Les recherches continuent pour trouver les causes de la dyscalculie. Elles s’appliquent à plusieurs domaines, entre autres :
- Neurologique : La dyscalculie peut provenir de lésions du gyrus supramarginal et du gyrus angulaire à la jonction entre le lobe temporal et le lobe pariétal du cortex cérébral[4],[5].
- Des déficiences de la mémoire de travail : Adams et Hitch expliquent que la mémoire de travail est un élément important pour le calcul de tête[6]. Sur cette base, Geary a réalisé une étude qui suggère que ceux qui souffrent de dyscalculie ont une déficience de la mémoire de travail[7]. Cependant, les problèmes liés à la mémoire de travail se confondent avec des difficultés d’apprentissage plus générales. Autrement dit, les conclusions de Geary peuvent ne pas être spécifiques à la dyscalculie mais peuvent aussi refléter un trouble d’apprentissage plus général.
D’autres causes possibles :
- Une mémoire à court terme dérangée ou réduite, rendant difficile de se souvenir des calculs.
- D'origine congénitale ou héréditaires. Des études laissent à penser son existence[8], cependant, il n’y a pas encore de preuve concrète.
Le syndrome de Gerstmann : La dyscalculie est l’un des nombreux symptômes observés suite à des lésions du gyrus angulaire. Le sillon intrapariétal peut aussi être impliqué[9]
Les personnes dyscalculiques souffrent souvent, mais pas toujours, de difficultés pour manipuler des dates, des heures, des mesures et pour raisonner dans l’espace. Bien que certains chercheurs soutiennent que la dyscalculie implique nécessairement à la fois des difficultés de raisonnement mathématique et des difficultés avec les opérations arithmétiques, des travaux (en particulier auprès de personnes ayant un cerveau lésé) ont prouvé que les capacités en arithmétique (c'est-à-dire le calcul et la mémoire des nombres) et en mathématiques (raisonnement abstrait avec des nombres) peuvent être dissociées. En effet, une personne peut souffrir d’un côté de difficultés en calcul (ou de dyscalculie) et d’un autre côté n’avoir aucune déficience, et même avoir parfois des habiletés, pour le raisonnement mathématique.
Traitements
Aucun traitement n’a été proprement vérifié et n’a prouvé son efficacité. Quelques apparences laissent à penser qu’un certain nombre de compétences en mathématiques peuvent être acquises à l’aide d’autres méthodes de calcul mathématique, comme les mathématiques orientales. Quelques indices suggèrent également que les personnes dyscalculiques peuvent poursuivre ce genre de méthode sans en avoir besoin ni intérêt. Cet état ne doit pas être considéré comme un handicap, rien n’empêche les personnes qui souffrent de dyscalculie de réussir dans d’autres domaines académiques tels que l’histoire, la géographie ou d’autres sciences sociales, ou dans les domaines artistiques comme la musique ou le théâtre.
Un logiciel gratuit destiné à atténuer la dyscalculie a été développé par l’INSERN-CEA[10].
Annexes
Articles connexes
Références
- (en) David Pollak, Neurodiversity in higher education: positive responses to specific learning differences, Chichester, John Wiley and Sons, 2009, 1re éd., poche (ISBN 978-0-470-99753-6) (LCCN 2008052047) [lire en ligne (page consultée le 28 juin 2010)], p. 125–
- (en) Kosc, Ladislav, 1974, "Developmental dyscalculia," Journal of Learning Disabilities 7" 159-62.
- (en) Dehaene, S. 1997 The Number Sense: How the Mind Creates Mathematics New York, Oxford University Press.
- (en) Levy LM, Reis IL, Grafman J, « Metabolic abnormalities detected by 1H-MRS in dyscalculia and dysgraphia », dans Neurology, vol. 53, août 1999, p. 639–41 [texte intégral, lien PMID]
- (en) Mayer E, Martory MD, Pegna AJ, Landis T, Delavelle J, Annoni JM, « A pure case of Gerstmann syndrome with a subangular lesion », dans Brain, vol. 122 ( Pt 6), juin 1999, p. 1107–20 [texte intégral, lien PMID]
- (en) Adams JW, Hitch GJ, « Working memory and children's mental addition », dans J Exp Child Psychol, vol. 67, no 1, octobre 1997, p. 21–38 [texte intégral, lien PMID, lien DOI]
- (en) Geary DC, « Mathematical disabilities: cognitive, neuropsychological, and genetic components », dans Psychol Bull, vol. 114, septembre 1993, p. 345–62 [texte intégral, lien PMID]
- (en)
- (en) Rubinsten O, Henik A, « Developmental dyscalculia: heterogeneity might not mean different mechanisms », dans Trends Cogn. Sci. (Regul. Ed.), vol. 13, no 2, février 2009, p. 92–9 [texte intégral, lien PMID, lien DOI]
- (en) Wilson AJ, Revkin SK, Cohen D, Cohen L, Dehaene S, « An open trial assessment of "The Number Race", an adaptive computer game for remediation of dyscalculia », dans Behav Brain Funct, vol. 2, 2006, p. 20 [texte intégral, lien PMID, lien DOI]
Ouvrages
100 idées pour aider les élèves dyscalculiques de Josiane Helayel et Isabelle Causse-Mergui éd: Tompousse , 2011
- Abeel, Samantha, 2003. My Thirteenth Winter. Orchard Books. (ISBN 0-439-33904-9)
- Attwood, Tony, 2002. Dyscalculia in Schools: What It Is and What You Can Do. First and Best in Education Ltd. (ISBN 1-86083-614-3)
- Butterworth, Brian, 2004. Dyscalculia Guidance: Helping Pupils With Specific Learning Difficulties in Maths. David Fulton Publications. (ISBN 0-7087-1152-9)
- Chinn, Steve, 2004. The Trouble with Maths: A Practical Guide to Helping Learners with Numeracy Difficulties. RoutledgeFalmer. (ISBN 0-415-32498-X)
- Henderson, Anne, Came, Fil, and Brough, Mel, 2003, Working with Dyscalculia. Learning Works International Ltd. (ISBN 0-9531055-2-0)
- Sharma, Mahesh. Dyscalculia
- Sharma, Mahesh and Loveless, Eugene, 1988. Dyscalculia. Focus on Learning Problems in Mathematics, CT/LM.
- Sharma, Mahesh, 1989. Dyslexia, Dyscalculia and other Mathematics Problems. The Math Notebook, CT/LM.
- Sharma, Mahesh. [www.berkshiremathematics.com Berkshire mathematics]
- Campbell, Jamie I.D., 2004. "Handbook of Mathematical Cognition". Psychology Press.
Catégories :- Orthophonie
- Forme de handicap
Wikimedia Foundation. 2010.