Derennes

Charles Derennes (Villeneuve-sur-Lot, 4 août 1882 - Paris, 27 avril 1930) était un écrivain français.

Biographie

Fils d'un inspecteur d'académie d'origine bretonne lui-même écrivain, Gustave Derennes (1858-1889), il a passé son enfance à Villeneuve-sur-Lot où sa famille maternelle était fixée depuis plusieurs générations. Il a fait ses études secondaires au lycée de Talence, à Bordeaux, où il s'est lié d'amitié avec le poète Dacquois Emile Despax (1881-1915), et avec Marcel Gounouilhou (1882-1939), futur directeur du quotidien La Petite Gironde. Le baccalauréat en poche, destiné à une carrière d'enseignant par tradition familiale, il est monté à Paris préparer le concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure aux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand. Mais il a usé d'assez de fantaisie et de résolution pour s'écarter de la voie toute tracée, et a décidé de consacrer sa vie à la littérature. Et c'est avec beaucoup d'éclat qu'il a débuté dans le monde des lettres, jeune encore. Poète, romancier, conteur, essayiste, critique, il a publié plus de cinquante livre en quelque vingt-cinq années de carrière, et a collaboré dans le même temps à de nombreux journaux et revues (L’Auto, La Baïonnette, Bonsoir, Burdigala, Le Divan, Le Double Bouquet, Les Ecrits nouveaux, L’Ermitage, J’ai vu, Le Journal, Les Maîtres de la Plume, Le Matin, Le Mercure de France, La Muse française, La Petite Gironde, La Plume, La Renaissance latine, La Revue bleue, La Revue de France, La Revue de Paris, La Revue des Provinces de France, La Revue hebdomadaire, La Vie française, La Vie Parisienne…). Il a obtenu un beau succès public, surtout après la guerre, plusieurs prix dont le Femina en 1924 qui récompensait Emile et les autres, troisième volume de la série du Bestiaire sentimental, et la critique lui a toujours été favorable.

On connaît de lui ses superbes recueils de poèmes dans lesquels il a fait preuve d’une maîtrise parfaite de la prosodie, d’une perfection de la forme, d’une richesse de l’inspiration et de l’émotion : L'Enivrante Angoisse (1904), La Tempête (1906), La Chanson des Deux Jeunes Filles (1920), Perséphone (1921), La Fontaine Jouvence (1925). On lui doit aussi un volume de poèmes occitans, Romivatge (1924), langue qu'il pratiquait à l'écrit comme à l'oral depuis sa jeunesse.

Après L'Amour fessé (1906) et Le Peuple du pôle (1907), il a publié des romans « parisiens » et galants qui ont initialement paru dans l'hebdomadaire La Vie Parisienne : Les Caprices de Nouche (1909), Le Béguin des Muses (1912), Le Miroir des pécheresses (1912), Nique et ses cousines (1914). Pendant la guerre et jusqu'à son décès, il publie d'autres romans, d'inégal intérêt, au nombre desquels : La Nuit d'été (1914), Cassinou va-t-en guerre (1917), La Petite Faunesse (1918), Les Bains dans le Pactole (1919), Le Renard bleu (1921), Mon Gosse... (1923), Ouily et Bibi (1925), Amours basques (1928), Le Pauvre et son chien (1930). Ajoutons à cette liste des recueils de contes et de nouvelles : Le Pèlerin de Gascogne (1918, réédité en 2006) et Les Conquérants d'idoles (1919).

C'est incontestablement son Bestiaire sentimental qui l’a popularisé auprès du grand public et qui compte trois volumes : Vie de Grillon (1920), La Chauve-Souris (1922) et Emile et les autres (1924). Il s’est livré dans ces récits à une observation à la fois attentive, passionnée, tendre et émerveillée d’animaux qui ont peuplé son univers depuis l’enfance (grillons, chauves-souris, chats, grenouilles...). En "marge" à cette série, on peut ajouter un volume de souvenirs d'enfance, L'Enfant dans l'herbe (1925), deux romans, Mouti, chat de Paris (1926), et Mouti, fils de Mouti (1927), et de nouveaux récits réunis dans le volume Dieu, les Bêtes et Nous. Les Porte-Bonheur (1930).

Parmi ses essais, citons : La Fortune et le Jeu. Le jeu, les jeux et l’activité humaine (1926), Amours et Crimes (1927), Les Cocus célèbres (1927) et La Mort du Prince impérial (1928).

Il aussi collaboré à des ouvrages collectifs : La Grande Anthologie, la seule qui ne publie que de l’inédit, 1914, pastiches littéraires écrits notamment en collaboration avec ses amis Pierre Benoit et Charles Perrot ; La Pléiade (1921), recueil de poèmes de la comtesse de Noailles, Pierre Camo, Charles Derennes, Joachim Gasquet, Xavier de Magallon, Fernand Mazade, Paul Valéry ; Journal des Goncours. Mémoires de la vie littéraire par un groupe d’indiscrets (partie inédite). Année 1896 (1921), pastiche attribué à Pierre Benoit auquel il a étroitement collaboré avec d'autres auteurs comme Léon Deffoux ; Un train entre en gare, roman d’Henri Seguin (1924), mystification littéraire à laquelle ont aussi collaboré Pierre Benoit et Tristan Derème ; Le Jocond, roman d’Henri Seguin (1925), une autre mystification des mêmes ; Le Pays basque (1927) ; Le Nouveau Livre de la Pléiade (1928), nouveau recueil de poésies des auteurs cités précédemment ; Sud-Ouest. Béarn, Pays basque, Côte d'Argent, Gascogne (1930).

De santé fragile, il est mort prématurément à quarante-huit ans, en 1930, sans avoir pu réaliser tous ses projets. Il a disposé très jeune de tous ses atouts, mais le démon de la facilité a constitué pour lui un danger majeur et il n’a jamais cherché à se fixer pour la postérité. « Sa séduction personnelle était irrésistible, écrit André Billy, mais sa fin fut un vrai suicide et pourtant qui peut se flatter d’avoir aimé la vie plus que lui ?  »

Très attaché à son Sud-Ouest natal qui occupe une grande place dans son œuvre, il a fait partie du groupe d'écrivains (Rosny jeune, Paul Margueritte, Maxime Leroy notamment) qui, au début du XX^e siècle, a fait connaître Hossegor, sur la côte landaise.

Bibliographie

Les articles consacrés à Charles Derennes de son vivant dans les journaux et les périodiques sont nombreux. Il n'existe pour l'instant aucun ouvrage exhaustif sur sa vie et sur son oeuvre. On pourra plus particulièrement se reporter aux titres suivants : Louis DUCLA, Trois Grands Poètes d'Aquitaine, Carcassonne, Editions du Domaine, 1938, pp. 15-25 ; Jean-Louis LAMBERT, Charles Derennes (1882-1930). Un écrivain à Hossegor et dans les Landes. L’homme et l’œuvre, Hossegor, Éditions “Lac et lande”, 2004.

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