- Céramiques de Saint-Uze
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Céramique de Saint-Uze
La céramique de Saint-Uze est l’appellation actuelle d’un type de céramique qui fut produite dans plusieurs villages de la Drôme à partir du début du XIXe siècle et au cours du XXe siècle, notamment dans le village de Saint-Uze (Drôme).
Il s’agit d’un grès fin opaque émaillé, dénommé « porcelaine à feu » : il ne s’agit pas d’une faïence ou d’une « terre de fer ».Sommaire
Historique
L’histoire industrielle de cette céramique drômoise est caractéristique de la période d’industrialisation de la France rurale. Celle-ci fait suite à la période d’intenses recherches de carrières de kaolin, ingrédient essentiel d’une faïence fine découverte en Allemagne (Meissen), puis en Limousin.
- La manufacture Revol:
En 1789, deux frères de la famille Revol découvrent dans la commune de Saint-Barthélemy-de-Vals une carrière de sable kaolino-feldspathique qui leur permet de créer deux fabriques de grès fins à Ponsas vers 1800 , puis à Saint-Uze. Les frères Revol s’associent au chimiste M. Raymond pour fabriquer des ustensiles de cuisine et de chimie, dont des creusets, qu’on achetait alors en Allemagne. Cette terre d’acier est rendue complètement imperméable par un début de vitrification. On en fait des ustensiles hygiéniques (appellation « porcelaine hygiénique », « hygiocérame »).
Cette production est présentée avec succès à l’Exposition Industrielle de Paris de 1834. A la suite de ce succès, d’autres fabriques voient le jour, jusqu’à une douzaine dans les villages de Saint-Uze, Saint-Vallier, Ponsas, Andancette, Érôme, Epinouze. Les productions se diversifient : isolateurs électriques, carrelages, encriers, éviers, articles funéraires, objets publicitaires dont les carafes à eau jaune Ricard.
Cette industrie déploie une intense activité entre les années 1880 et les années 1930. Hector Revol, maire de Saint-Uze, soutient la création d’une compagnie des chemins de fer de la Drôme. La famille Revol a été le précurseur de cette céramique et en est encore actuellement le dernier représentant. La lutte entre les différents fabricants a été rude. On distingue alors les fabricants de longue date (Revol) et de petits fabricants, anciens ouvriers, moins entreprenants économiquement, qui disparaissent progressivement pendant le XXe siècle.
Cette situation est également caractéristique du secteur de la porcelaine en Limousin où l’on distingue les descendants des manufacturiers du XVIIIe siècle, ou membres de familles enrichies, et d’anciens ouvriers et anciens chefs d’ateliers. Ceux-ci emploient au maximum une centaine d’ouvriers, ont peu de capitaux, ne font pas d’appel au crédit, et possèdent peu de compétences économiques. Ils ont par contre un sens de la solidarité patronale et travaillent avec leurs ouvriers sans paternalisme.
C’est la nature semi-artisanale de ces activités qui entraîne cette dispersion. Les ouvriers se rangent en plus d’une dizaine de catégories (modeleurs, polisseurs, tourneurs, mouleurs, garnisseurs, emballeurs, retoucheuses), on emploie alors des enfants et le salaire est amélioré par des légumes cultivés collectivement. Ce milieu ouvrier, aussi bien en Limousin que dans la région de Saint-Uze, verra la constitution de syndicats et l'apparition de grèves avec l’essor d’une conscience de lutte sociale.Mode de production
La fabrication des pièces utilise du kaolin et du feldspath. Le kaolin a besoin d’être lavé pour ôter une partie de sa silice afin de baisser sa température de cuisson. Il est ensuite mis à sécher. Le feldspath pierreux doit être broyé. On mélange alors ces deux ingrédients qui sont pétris pour obtenir un mélange kaolin – feldspath.
Le « lait » obtenu est raffermi en passant dans des filtres, qui enlèvent l’excès d’eau, et désaéré pour obtenir une pâte lisse et ferme. Cette pâte peut être tournée à la main, ou bien moulée sur le tour, avec un garnissage ultérieur (pour adjoindre des anses). A partir de 1903, la pâte est coulée dans des moules et les pièces présentent parfois des « coutures » caractéristiques de la séparation des coquilles du moule.Les pièces sont cuites une première fois à 800°C, décorées ou non, puis émaillées par trempage et recuites à 1300°C. La décoration est uniquement brune jusqu’en 1880. Les célèbres décors imprimés à base de cobalt (bleu) apposés par des tampons de caoutchouc sous émail transparent apparaissent à la fin du XIXe siècle. Appelées bleus de Saint-Uze, ces pièces marquent alors le passage d’une production uniquement utilitaire à une production plus décorative répondant à la demande croissante. Ce sont les pièces les plus fréquemment collectionnées.
Bibliographie
- R. Laplaud. Les céramiques du nord de la Drôme st Uze. ISBN 2-9521335-0-6
Liens externes
- Association des Collectionneurs Amateurs de poteries de Saint-Uze et de sa région. Secrétariat BP41 63150 La Bourboule Jean-Pierre.Ratier@orange.fr
- Maison de la céramique de Saint-Uze, Place du 8 Mai 1945 26240 Saint-Uze. contact@territoire-ceramique.com
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Catégorie : Céramique
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