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Abbaye de la Ramée
L'ancienne abbaye de La Ramée est située à Jauchelette, sur la Grande Gette, dans le Brabant wallon (Belgique). Fondée vers 1215, elle fut supprimée et déclarée 'bien national' en 1796 par le pouvoir révolutionnaire français. Les 28 moniales cisterciennes furent alors expulsées. Il ne subsiste aujourd'hui de l'ensemble du domaine que la ferme, le reste ayant été démoli après 1796. La Ramée est un site privé qui accueille des événements culturels, commerciaux et familiaux.
Sommaire
Histoire
L'implantation d'une communauté cistercienne de moniales à Jauchelette remonte aux années 1213-1215. Il semble acquis qu'une première implantation ait vu le jour quelques années voire quelques décennies plus tôt, à Kerkom (aujourd'hui en Flandre). Pour une raison inconnue, la communauté déménagea au début du XIIIe siècle sur des terres cédées par le seigneur de Jauche. Dès le début, enfin, le couvent fut sous l'autorité religieuse de l'abbaye de Villers-la-Ville, aujourd'hui en Brabant. Des frères convers de Villers participent par ailleurs à l'édification d'une partie des bâtiments de La Ramée.
Son existence jusqu’au XVe siècle semble être celle d’un monastère sans histoire, malgré quelques incursions militaires sur ses terres.
Au tout début du XVIe siècle, l’abbaye de la Ramée est entraînée dans un mouvement de réforme spirituelle issu de l’abbaye de Marche-les-Dames, en province de Namur, qui visait à rétablir un plus strict respect de la règle de saint Benoît (notamment l’obligation de la clôture pour les religieuses).
Aux XVIe et XVIIe siècles, les moniales sont contraintes de s’exiler à deux reprises. L’abbaye ainsi abandonnée subit les affres du temps et des pillages. La position de l'abbaye, à la lisière du Brabant et de l'évêché de Liège, dans les larges plaines de la Hesbaye brabançonne, en fait une cible idéale pour les déserteurs en déroute, et un quartier général appréciable pour les troupes anglaises : en 1706, l’abbaye de la Ramée sert d’hôpital militaire lors de la bataille de Ramillies (remportée par le duc de Marlborough sur Louis XIV).
Le XVIIIe siècle correspond au second âge d’or de l’abbaye ; il sera bref. La quasi totalité des bâtiments sont reconstruits, comme en attestent de nombreux millésimes dans les pierres et les ancres. Les abbesses développent l’enseignement en accueillant les enfants des environs. Mais en 1796, la Révolution disperse la communauté et l’abbaye est vendue en 1799. Les bâtiments monastiques sont démantelés par les propriétaires successifs, avant que la Congrégation des Dames du Sacré-Cœur ne fasse l'acquisition de ce qu'il en restait (1903). Durant ce temps, et par après, la ferme et sa gigantesque grange (appelées en wallon cinse de l’Abîye) gardent leur fonction agricole.
En 1990, la S.A. Immobilière La Ramée acquiert la ferme pour la transformer en centre d’organisation d'événements culturels, familiaux ou d'entreprise. Des séminaires, des mariages et des événements publicitaires s'y déroulent tous les jours, tandis qu'un restaurant et qu'un hôtel complètent la gamme des services.
Patrimoine
Le site de l'ancienne abbaye cistercienne de La Ramée est composé d'une vaste ferme en carré, assise sur le versant méridional d'une colline en pente douce, baignée en son pied par la Gette. L'ensemble, d'une remarquable homogénéité, est bâti de briques sous toiture d'ardoises, avec de nombreux éléments de pierre (chaînages d'angle, embrasures, etc.) dite de Gobertange.
L'essentiel des bâtiments conventuels a été détruit après la mise en vente du site, en 1796, à l'exception notable des quartiers de l'abbesse, dont le volume principal subsiste, bâti en pierre. Récemment acquise par la S.A. La Ramée, le domaine a retrouvé son unité, à défaut d'avoir conservé son intégrité. Au cours du XXe siècle, de nouveaux bâtiments ont été construits à des fins conventuelles, mais sans aucun souci d'esthétique ni d'unité de style. Les bâtiments agricoles, quant à eux, sont restés intacts. Toutefois, si l'implantation du domaine remonte à près de sept siècles, l'aspect actuel est dû aux reconstructions du site, au cours du XVIIIe siècle. Monumentale et emblématique du site, classée patrimoine majeur de Wallonie en 1990, la Grange aux Dîmes comporte la plus vaste surface ardoisée d'Europe. Intégré dans le quadrilatère de la ferme, ce gigantesque vaisseau s'intègre pourtant aux volumes plus modestes des autres bâtiments.
En contrebas et à proximité relative de La Ramée, deux moulins subsistent encore aujourd'hui dans l'environnement immédiat de l'ancien couvent, qui en possédait quatre. L'un, domestique, est attenant au domaine actuel ; l'autre, autrefois banal, est la propriété d'un tiers. Tous deux sont alimentés par la Gette, bien que le moulin attenant à la ferme soit désormais à sec. Celui-ci devait son fonctionnement à une ingénieuse solution destinée à contrer la position du moulin, situé trop haut par rapport au cours de la rivière. En effet, un affluent de la Gette, détourné depuis l'autre rive par un aqueduc enjambant la rivière, alimentait une retenue d'eau. Celle-ci commandait le fonctionnement de deux moulins, l'un consacré à la scierie (démoli), l'autre à la meunerie. Seul le second subsiste, désormais isolé. La retenue d'eau a été comblée et les biefs de décharge du moulin ont disparu. Plus loin dans le village, le quatrième moulin du domaine cistercien existe toujours.
Des fouilles ont été menées par l'ULB au cours des années 1980, pour localiser les vestiges de l'église abbatiale. Quelques tranchées de sondage ont été opérées, permettant d'en situer les fondations, d'en évaluer l'emprise au sol et de diagnostiquer l'état de conservation des vestiges. En 2006, le Service public de Wallonie a dirigé des fouilles de sauvetage aux abords immédiats des anciens étangs de la ferme, aujourd'hui comblés. Dans le cadre de la pose d'un collecteur d'eaux usées, et en prévision d'une restauration possible des étangs, la recherche s'est concentrée sur les vestiges menacés par la pose du collecteur, à savoir les berges de l'un des étangs et les fondations des biefs d'amenée d'eau. L'absence de matériel a interdit toute datation de la construction des étangs, dont deux phases d'édification seulement ont été déterminées.
Bibliographie
- Thomas Coomans (dir.), La Ramée. Une abbaye cistercienne en Brabant wallon, Bruxelles : Éditions Racine, 2002, 232 p.
Voir aussi
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