- Commagène
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La Commagène, (en grec Kομμαγηνή Kommagênê, en arménien Կոմմագենէի Թագավորութիւն), était un royaume situé au centre sud de l'actuelle Turquie, avec comme capitale Samosate (près de la ville moderne d'Adıyaman, au bord de l'Euphrate). Aujourd'hui la Commagène est célèbre pour son sanctuaire situé sur le mont Nemrod (Nemrut Dağı).
Sommaire
Histoire
La Commagène est mentionnée pour la première fois dans les textes assyriens comme Kummuhu, qui était un allié de l'Assyrie, mais qui fut annexée comme province en 708 av. J.-C. sous Sargon II.
Le royaume hellénistique, bordé par la Cilicie à l'ouest et la Cappadoce au nord se crée en 162 av. J.-C., lorsque son gouverneur Ptolémée, certainement en bonne intelligence avec les Séleucides, devient dynaste héréditaire dans une région qui nécessitait une attention particulière du fait de sa position de carrefour entre Syrie, Cappadoce et Arménie. Sa dynastie était liée aux rois parthes (mais certainement hellénisée voir d'ascendance macédonienne étant donné le nom de son fondateur et la place de celui-ci dans l'administration séleucide[1]), mais son descendant Mithradate Kallinikos (100-69 av. J.-C.) choisit la culture hellénistique et épouse Laodicé VII Théa Philadelphe, une princesse séleucide, proclamant ainsi des liens dynastiques à la fois avec Alexandre le Grand et les rois perses. Leur fils Antiochus Theos (69-40 av. J.-C.) aide Pompée contre les Parthes en 64 av. J.-C. et reçoit des territoires en récompense. Il est capable de repousser les attaques de Marc Antoine, qu'il finit par rejoindre dans la guerre civile romaine, mais après la défaite d'Antoine contre Octave, la Commagène devient un état client de Rome.
En 17, Tibère dépose Antiochos III, mais Caligula redonne le trône à son fils Antiochus IV qui règne jusqu'en 72, date à laquelle Vespasien dépose la dynastie. Leurs descendants vécurent en Grèce dans la prospérité. Julius Antiochus Philopappus, l'un des descendants, est honoré par un important monument à Athènes. Il semble bien que se soit un descendant de cette dynastie hellénistique qui dans l'année 249 (Maurice Sartre, D'Alexandre à Zénobie) usurpe le titre impérial romain en Syrie et Cappadoce (dont la Commagène était alors partie intégrante). Ceci prouve bien le maintien des solidarités envers les héritiers macédoniens dans la région bien après l'arrivée de Rome. Il est d'ailleurs remarquable qu'Antiochos IV arme en 70 contre les juifs révoltés des soldats armés à la macédonienne[2].
Lucien de Samosate, un satiriste grec d'importance, est né en 125 à Samosate.
Article détaillé : Rois de Commagène.Parc national du Nemrut Dağı
Un énorme complexe fondé par Antiochus Theos sur le sommet du Nemrut Dağı compose un sanctuaire avec des statues géantes du roi (dont l'épithète en grec signifie modestement « dieu ») entouré de dieux. L'emplacement de la tombe d'Antiochos est l'un des mystères de l'archéologie et des recherches récentes ont révélé que près du mausolée se trouvent des cavités qui pourraient contenir la tombe du roi.
Nemrud est un testament du syncrétisme hellénistique, chaque dieu étant une synthèse de dieux grecs et perses classiques (par exemple Apollon-Mithra-Hélios), et fut créé pour n'être rien de moins que le « logis des dieux », faisant de la Commagène et de ses rois un centre spirituel pour le Moyen-Orient. Les statues furent cependant détruites par les Romains, et le sanctuaire tomba dans l'oubli. Il ne fut redécouvert qu'au XIXe siècle. C'est à l'heure actuelle un site du plus haut intérêt archéologique inscrit au patrimoine de l'humanité.
Sous l'Empire Romain, les rois de Commagène tentèrent d'établir des liens forts entre leur dynastie et le dieu iranien Mithra. L'historien et chercheur Roger Beck a suggéré en 1996 qu'un groupe de militaires et d'élites de la Commagène ont été un instrument de la diffusion du culte à mystère romain qu'est le mithraïsme. Ceci souligne l'importance des héritiers de la tradition militaire macédonienne et leur influence dans l'armée romaine orientale y compris pour la diffusion de culte orientaux qu'ils avaient largement adoptés[3]
Références
- Pour la composition ethnique de celle-ci voir Le pouvoir séleucide de Capdetrey.
- Flavius Josèphe
- Étude sur les armés hellénistiques, Marcel Launey
Liens externes
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