- Civilisation de Caral
-
La civilisation de Caral ou Caral-Supe ou encore de Norte Chico est une société précolombienne complexe qui comprenait trente centres majeurs de population dans ce qui est aujourd'hui la région de Norte Chico au centre de la côte nord du Pérou, à environ 200 kilomètres de Lima. C'est la plus ancienne civilisation connue d'Amérique dont l'âge d'or se situe entre le XXXe et le XVIIIe siècle av. J.‑C.[1],[2]. Son autre dénomination, Caral-Supe, vient du site archéologique de Caral dans la vallée de la rivière Supe. Cette société du Norte Chico émergea juste un millénaire après celle de Sumer, fut contemporaine des pyramides de l'Égypte antique et précéda celle des Olmèques de près de deux millénaires.
Sommaire
Caractéristiques
Dans la nomenclature archéologique, Caral est une culture pré-céramique de l'Archaïque tardif précolombien ; on n'y retrouve aucune céramique et, selon les traces archéologiques, elle semble avoir été largement dépourvue de réalisations artistiques. La plus impressionnante réalisation de cette civilisation est son architecture monumentale, comprenant des plateformes surélevées et des places circulaires creuses. Des traces archéologiques suggèrent une possible maîtrise du textile et aussi d'un culte lié à des symboles divins, deux éléments récurrents des cultures précolombiennes. Une forme complexe de gouvernement semble avoir été mis en place pour diriger la société, mais des questions restent en suspens concernant son organisation et, en particulier, l'impact de la gestion des ressources vivrières sur la politique.
Découverte archéologique
Article détaillé : Caral.Les archéologues ont pris conscience de sites anciens dans cette région d'Amérique au moins depuis les années 1940. Des travaux plus anciens ont eu lieu à Aspero, à proximité de la côte, un site identifié en 1905[3], puis à Caral, plus à l'intérieur des terres. Des archéologues péruviens conduits par Ruth Shady Solis fournirent la première étude approfondie de la civilisation, à la fin des années 1990, grâce à des travaux entrepris à Caral[4]. Un article de 2001 paru dans Science magazine rapporte une étude sur Caral et, en 2004[5], un article de Nature décrit le travail de terrain et les datations au carbone effectuées sur une zone plus étendue[6]. Ceux-ci révèlent l'importance de la civilisation de Caral et piquèrent la curiosité du public[7].
Histoire et Géographie
Repères chronologiques
La civilisation de Caral a prospéré entre 3000 et 1800 av. J.-C., en même temps que la culture Valdivia, en Équateur. La société complexe de Caral émergea juste un millénaire après les sumériens et fut contemporaine des pyramides d'Egypte ; elle précéda les mésoaméricains Olmèques de près de deux millénaires.
Le Pérou Andin a été reconnu comme une zone de développement de civilisations, au même titre que le croissant fertile, par exemple. Ces régions sont au nombre de six dans le monde ; l'Amérique en compte deux, le Pérou Andin et la Mésoamérique[6].
La culture de Chavin, vers 900 av. J.-C., a longtemps été considérée comme la première civilisation de la région et est toujours généralement citée comme telle.
Aire d'expansion
La découverte du site de Caral a déplacé les recherches auparavant effectuées dans les hautes terres des Andes (où les Chavins puis les Incas avaient leurs centres majeurs) vers le littoral péruvien et les régions côtières.
Le site de Caral est situé dans une région au Nord-Est de la côte, environ à 200 kilomètres de Lima ; il est grossièrement limité par la vallée de Lurín, au Sud, et la vallée de Casma, au Nord. Il comprend quatre vallées côtières : Huaura, Suoe, Pativilca et Fortaleza. Les sites connus sont concentrés dans les trois premières vallées, qui partagent une plaine côtière commune. Celles-ci couvrent seulement 1800 km² et les recherches ont porté sur les centres de population les plus denses.
En comparaison avec d'autres centres mondiaux de développement, le littoral péruvien apparaît par ailleurs un candidat surprenant pour les premiers développements d'une civilisation. La région est extrêmement aride, en raison de l'influence des Andes, à l'est, et des alizés du Pacifique, à l'ouest, qui arrêtent les précipitations. La région est cependant ponctuée de plus de cinquante rivières qui transportent la neige fondue des Andes et le développement d'une irrigation importante grâce à ces eaux de sources semble décisif dans l'émergence de Caral[8]. Toutes les architectures monumentales trouvées sur les différents sites ont été trouvées près des canaux d'irrigation.
Notes et références
- Duiker, p. 9
- (en) Helaine Silverman, Andean Archaeology, Malden, Blackwell Publishing, 2004, poche, 342 p. (ISBN 978-0-631-23401-2) [lire en ligne]
- OCLC 1479302) Moseley, Michael E.; Gordon R. Willey (1973). « Aspero, Peru: A Reexamination of the Site and Its Implications. » in American Antiquity 38 (4): 452–468. (
- OCLC 41299486) Ruth Shady Solís, La ciudad sagrada de Caral: supe en los albores de la civilización en el Perú, Perú: Universidad Nacional Mayor de San Marcos, Fondo Editorial, 1997. (
- Science 292 (5517): 723–726. Ruth Shady Solis, Jonathan Haas, Winifred Creamer (27 avril 2001). « Dating Caral, a Preceramic Site in the Supe Valley on the Central Coast of Peru » in
- Nature 432: 1020–1023. Jonathan Haas, Winifred Creamer, Alvaro Ruiz (23 décembre 2004). « Dating the Late Archaic occupation of the Norte Chico region in Peru. » in
- New insight into ancient Americans, CNN, 4 janvier 2005 Simon Hooper,
- Science 292 (5517): 621. Pringle, Heather, « The First Urban Center in the Americas. » in
Sources
- (en) « Andean Urbanism » in Helaine Silverman et William Isbell, Handbook of South American Archaeology, Springer, 2008. (ISBN 9780387749068)
- (en) William J. Duiker et Jackson J. Spielvogel, World History: Volume I: To 1800, Wadsworth, 2006. (ISBN 9780495050537)
Catégories :- Amérique du Sud précolombienne
- Histoire du Pérou
Wikimedia Foundation. 2010.